Edito en date du 8 décembre 2018 de Marie Duret-Pujol, candidate aux élections européennes
Qui aurait pu penser il y a encore quelques semaines que le jaune allait devenir la couleur de la révolution citoyenne, la couleur du peuple ? Il avait mauvaise presse le jaune, couleur de celles et de ceux qui s’accommodaient avec l’ordre injuste du monde voire qui collaboraient à son maintien. Mauvaise presse aussi le peuple, simpliste, raciste, homophobe, individualiste, consumériste, tout juste bon à fêter Noël à la maison, à défaut de pouvoir manger au restaurant parce que 200 euros pour deux sans les boissons c’est vraiment trop cher.
Convenons-en, certains d’entre nous n’ont pas tout de suite compris que les gilets jaunes, ce n’était pas des revendications hétérogènes, contradictoires entre elles, comme disent les commentateurs autorisés mais bien le peuple, celui de la révolution citoyenne.
Oui, c’est vrai, le peuple, il ne nous ressemble pas toujours, il ne parle pas toujours la langue militante qui est la nôtre, mais nous en sommes, nous en faisons partie, quand il s’affirme souverain en tout, quand il décide de se mêler de ses affaires, quand il décide que leurs affaires, parfois bien juteuses, sont les siennes, les nôtres.
Nous en sommes du peuple
quand il interpelle les interchangeables député·e·s « en marche »,
quand il fait apparaître que leurs mots sont ceux des puissants,
Ces dominants, ceux qui ont le temps de voir les « réformes » s’appliquer,
ceux qui ignorent les urgences des fins de mois qui commencent le 10 du mois,
ceux qui ne se baissent pas pour attraper les produits les moins chers dans les rayons des grandes surfaces,
ceux qui n’ont jamais posé un paquet de pâtes parce qu’on l’achètera une autre fois.
Du peuple, nous en sommes encore quand nous ne baissons pas les yeux devant ceux qui cherchent à nous intimider.
Du peuple aussi quand nous affirmons que notre force n’est pas la violence, mais le grand nombre.
Savourons comme il se doit ce moment, savourons leur étonnement, leur surprise, leur peur devant ce peuple en effervescence révolutionnaire. Voilà donc le peuple français au centre de la scène politique qui impose, enfin, son agenda, ses urgences, ses exigences, ses besoins. Et le plus souvent, ces demandes populaires, elles constituent la colonne vertébrale de notre Avenir en commun.
Qui s’en étonnera ? Nous sommes du peuple quand nous parlons la même langue, celle des hommes et des femmes qui ne demandent qu’une chose : pouvoir vivre dignement de son travail.
Qu’est-ce qui nous en empêche ?
La dégradation des services publics,
l’accroissement des injustices fiscales,
la transition climatique.
Dégradation des services publics car nous devons payer ce qui devrait être gratuit, financé par la redistribution.
Accroissement des injustices fiscales car depuis l’arrivée de Macron les 1% les plus gavés de ce pays ont vu leur pouvoir d’achat augmenter de 6% quand celui des 20% les plus pauvres baissait de 1%.
Et je ne rappellerai pas ici les 1 million d’euros généreusement rendus aux cent plus gros patrimoines français avec la disparition de l’impôt de solidarité sur la fortune ou comment pouvoir vivre honteusement de son capital, sur le dos de la société.
Transition climatique parce désormais c’est notre pouvoir vivre tout court qui est menacé.
Et qu’est-ce qui nous empêche de pouvoir vivre dignement de notre travail sinon l’Union européenne telle qu’elle est, les traités ? Rappelons-le haut et fort, aujourd’hui plus que jamais : si la colère populaire atteint un tel niveau, c’est parce que depuis trop d’années, les gouvernants sont les petits télégraphistes de Bruxelles, appliquant servilement les mesures préconisées par les commissaires européens, la baisse des dépenses publiques, la baisse de la fiscalité qui profite aux nanti.e.s.
Cette colère, chacun et chacune d’entre nous, en a entendu le slogan, le mot d’ordre, même le président de la République l’a entendu non loin de l’Arc de Triomphe ou Puy-en-Velay : Macron, démission ! Bien sûr, s’il reconnaissait s’être trompé, s’il démissionnait maintenant, il ferait gagner du temps au peuple français, bien sûr. Notre arme à nous, c’est le bulletin de vote. Le 26 mai, lors des élections européennes, il sera à l’évidence possible de dire non à Macron car, et nous le disons depuis le début, ces élections sont un référendum anti-Macron. D’ici là, peut-être que nous aurons eu l’occasion d’utiliser notre bulletin de vote pour d’autres scrutins. Qui peut savoir ?
Qu’importe, le 26 mai comme maintenant, les citoyen.ne.s européen.ne.s et même du monde doivent savoir que la France des révolutions est de retour, que la justice sociale et l’égalité sont à l’ordre du jour, que comme en 1789 le vent révolutionnaire vient de France.
Voilà notre feuille de route, la révolution citoyenne, une France insoumise, et maintenant le peuple !