L’ambiance s’y prête. Je vais parler de mon patrimoine. Ce n’est pas une nouveauté.
Mon patrimoine a déjà fait l’objet de publication dans toute la presse pendant la campagne présidentielle de 2012 en dépit du ragot de l’extrême droite selon lequel j’aurais refusé de le faire. Mon patrimoine a été déclaré et contrôlé à mon entrée et sortie du ministère de l’Enseignement professionnel. Il avait aussi été déclaré et contrôlé à mon entrée et sortie du Sénat. Puis de même lors de mon élection comme député européen. Je corrige scrupuleusement, à mesure des déménagements, auprès de l’autorité indépendante dont c’est la mission officielle.
Entre les déclarations, il y a des changements. Mais aussi des constantes. Voyons celles-ci.
Je n’ai pas hérité d’un château où me loger, ni d’un parti politique créé par mon père. Je ne fais pas semblant d’habiter Hénin-Beaumont, je n’ai ni voiture ni chauffeur. Je n’ai jamais bénéficié des programmes de Young Leaders des USA, ni de leur équivalent dans aucun pays. Aucun membre de ma famille n’a été mon employé, aucun n’a été mis en cause dans une affaire fiscale. Aucun de mes conseillers n’ouvre de compte en Suisse pour des tiers. Le responsable du service d’ordre bénévole qui assure ma protection au fil de l’année n’est pas mon employé. Il est enseignant, docteur en philosophie et professeur de karaté.
Je n’ai jamais dirigé aucune société maniant de l’argent. Je n’ai jamais reçu aucune rémunération de près ou de loin du Venezuela, Cuba, la Chine, la Russie, la Côte d’Ivoire, l’Équateur, le Brésil, la Tunisie ni d’aucun pays où quelques-uns de mes amis ont eu de l’influence. Il va de soi que, si j’ai donné des conseils, ils étaient politiques et cela toujours été gratuitement !
Mon patrimoine a évolué depuis 2013 car j’ai déménagé. J’avais appelé mes lecteurs à me proposer une affaire en or s’ils en connaissaient une. Malheureusement, cet appel n’avait pas eu d’effet. J’ai donc cherché. J’ai trouvé, grâce à une agence de mon quartier, le palais que je recherchais. J’ai donc vendu mon appartement de l’époque. Le produit de cette vente et un emprunt m’ont permis d’acquérir un appartement plus grand (110 m²) dans le même arrondissement populaire de Paris. Hélas il se situe aux abords d’un feux rouge d’un grand boulevard. Mais sinon j’en suis content. Il m’en a couté 800 000 euros en 2014. Après des travaux d’un goût exquis qui doivent tout à ma vision du monde, j’estime aujourd’hui la valeur ma résidence principale à 837 000 euros. Je suis toujours propriétaire de la même maison de campagne. Elle n’est pas à Vallauris ou à Monaco comme je l’ai lu dans des hoax d’extrême droite. Elle se situe vers Montargis, dans le Loiret. Il est vrai que Deng Xiaoping y a travaillé aux usines Renault à l’époque ! Cela ajoute à la réputation flatteuse de la « Venise du Loiret » comme le dit la pub du comité du tourisme de la charmante capitale du Gâtinais. C’est moins chic que les Alpes-Maritimes mais c’est plus commode pour un week-end au lendemain d’un meeting ou d’une émission de télé. À de nombreuses reprises, des indiscrets sont venus la photographier et même tenté de s’y introduire.
J’ai toujours les mêmes supports d’épargne, un livret bleu, un LDD et un compte épargne logement, pour un total de 98 000 euros en prévision de travaux. J’épargne beaucoup parce que je suis très bien payé au Parlement européen, parce que j’ai hérité de mes parents et parce que je reçois une part de droits d’auteur. Mais surtout parce que je n’ai ni loisirs, ni passions coûteuses en matière de fringues, de voitures ou de montres. Ou de quoi que ce soit. Ma banque est toujours la Caisse de Crédit Mutuel de Massy. Je n’ai pas d’actions, ni aucune autre forme de placements, ce qui n’est pas malin. Mes dettes s’élèvent à 165 000 euros. Mon patrimoine net est donc de 965 000 euros. La hausse des prix de l’immobilier à Paris depuis dix ans m’a donc permis un enrichissement sans cause dont mes héritiers auront à connaître. Car pour ma part, je n’en tire aucun avantage puisque j’habite chez moi et que mon loyer ne change pas : c’est le prix de mon emprunt. Au total je suis assez nanti pour rassurer les petits bourgeois et pas assez pour indigner mes voisins du kebab.
Après avoir dit ce que je possède, il est temps de dire ce que je ne possède pas, en dépit de ce qu’en disent des circulaires mises en diffusion par divers groupuscules amis des Le Pen, ces prix de vertu bien connus. Je ne possède aucun véhicule de luxe, ni même ordinaire. En effet je ne conduis pas, à l’instar d’une série de personnages illustres dans Paris dont je tais les noms. Je ne suis pas sénateur en même temps que député européen d’abord parce que j’ai démissionné du Sénat en 2009, ensuite parce que de toute façon c’est interdit par la loi. Je ne possède aucun autre appartement ni à Monaco, ni dans Paris, ni nulle part. Je n’ai pas de tableaux de collection, de bateau, ni de bicyclette, ni de chevaux. Je ne possède aucune montre de prix contrairement au bruit qu’avait répandu un responsable local d’EELV « pour rire » et en attribuant l’information à France Info. La radio avait eu la classe de démentir aussitôt. Ah ! Une question me taraude : je possède environ 12 000 livres que j’ai commencé à accumuler dès mes quatorze ans. D’accord je n’en ai pas de grande collection richement habillée. Mais je ne sais pas les évaluer. Au poids ? Au prix du contenu ? Un conseil serait le bienvenu. Je crains qu’ils n’aient pas de prix. Ce qui me rendrait ou très riche ou tragiquement hors de l’économie de marché. Enfin, je ne connais pas la valeur des œuvres d’art que j’ai créées avec mon pinceau, mon crayon ou mon appareil photo. À mes yeux, il s’agit d’une valeur inestimable. Donc inchiffrable.
En 2013, j’avais ajouté à la description de ma situation immobilière l’annonce de mon projet de déménagement. De nouveau, je juge utile de compléter cet inventaire par une information à propos du domicile que je voudrais occuper. Si donc vous m’élisez président de la République, apprenez que je continuerai à vivre chez moi, dans mon quartier, tout en payant ma quote-part à la République pour mon logement de fonction. Et comme vous n’aurez pas de première dame, puisque je suis célibataire, au total, je serai un président moins cher. Cela vous fera donc faire des économies.