Sortir du glyphosate pour un modèle agricole plus vertueux, envers l’humain et son environnement

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Un article du groupe thématique Planification écologique 

Ce jeudi 16 novembre aura lieu un vote à huis clos des représentant·es des États membres de l’UE pour réautoriser le glyphosate pour les dix prochaines années. L’utilisation de cette substance, principalement connue pour son rôle d’herbicide (comme dans le Roundup de Monsanto) a de lourdes implications sur le plan environnemental, sanitaire et économique. Une autorisation pour les 10 prochaines années marquerait un signal fort en faveur du modèle agro-industriel productiviste actuel, à contresens de tous les enjeux de la transition vers un nouveau modèle agricole, plus vertueux pour l’agriculteur·rice, plus respectueux des écosystèmes, et plus résilient face au changement climatique.

Alors quel est l’impact du glyphosate sur la santé et sur l’environnement, et pourquoi est-il tant utilisé ?

Le glyphosate, c’est d’abord et avant tout un herbicide dangereux pour la santé, celle des agriculteurs et agricultrices, premier·es touché·es, mais aussi celle du reste de la population.  Plusieurs organisations vont dans ce sens : en 2015, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), organe de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), classe le glyphosate comme un “cancérogène probable” [1]. En 2021, c’est l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM) qui, sur la base de 5 300 documents issus de la littérature scientifique, lie l’utilisation du glyphosate à diverses pathologies dont le cancer [2]. 

Pourtant, ce nouveau vote des États membres se base sur le dernier rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui conclut en juillet dernier que l’herbicide ne présente pas “de domaine de préoccupation critique” [3] vis-à-vis de la santé humaine et de l’environnement. Pour l’EFSA, la charge de la preuve revient à l’industriel producteur, ici, Bayer Monsanto, qui doit donc prouver que son produit est inoffensif. On peut alors se demander si ce principe n’entraîne pas un conflit d’intérêt menant à un biais dans le résultat donné. L’ONG française Générations Futures, avec d’autres organisations européennes membres du Réseau européen d’action contre les pesticides, ont ainsi publié ce 27 septembre de nouvelles informations liant la molécule à des dégâts sur le système nerveux des enfants, dont la mère y a été exposée pendant la grossesse [4]. 

Le glyphosate est aussi un herbicide dont l’impact sur les écosystèmes n’est aujourd’hui pas assez connu et évalué. C’est une autre critique du résultat de l’EFSA, mise en avant toujours par Générations Futures qui considère que “les évaluations des risques environnementaux liés au glyphosate sont absentes ou incomplètes” [5]. L’EFSA ne prend que partiellement en compte l’impact sur les macrophytes, végétaux essentiels au fonctionnement des écosystèmes aquatiques. En outre, elle omet totalement l’impact de la molécule sur la vie des sols, pourtant un enjeu actuellement clé en termes de résilience au changement climatique et aux multiples sécheresses qui touchent notre territoire. En effet, un sol vivant, c’est un sol plus fertile, et qui absorbe mieux l’eau de pluie.

Pour notre ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, le glyphosate est un produit incontournable. Nous dirions qu’il a raison s’il rajoutait “dans le système capitaliste”. Il est vrai que certain·es agriculteurs et agricultrices indiquent que le glyphosate serait indispensable à de nouvelles pratiques comme l’agriculture de conservation des sols. Cette méthode est intéressante dans la crise climatique que nous vivons car elle implique de limiter les intrants (comme les engrais) et le travail du sol, le rendant plus fertile et lui permettant d’absorber plus de CO2. Cependant, si cette technique se fait en remplaçant le labour par l’utilisation du glyphosate, alors elle a un aspect négatif sur la vie du sol. On viendrait alors remplacer une agriculture mécanique par une agriculture chimique. Or, il est aujourd’hui possible de se passer, et du labour, et de la chimie, à la condition sine qua non de construire une planification écologique avec nos agriculteur·rice·s et les citoyen·ne·s, priorisant nos intérêts communs plutôt que ceux des lobbys. En effet, si une part du monde agricole demande la réautorisation du glyphosate, c’est en raison d’une forte dépendance malgré eux. Dépendance d’abord technologique, car s’en passer requiert des savoir-faire agronomiques spécifiques, et dépendance économique car la peur de perdre sa récolte, et donc son revenu, encourage à minimiser les risques. Il est urgent de mettre en place un réel protectionnisme solidaire, dans le but de protéger nos agriculteurs et agricultrices, et d’améliorer leurs conditions de travail.

À la France insoumise, nous voulons mettre en place un plan national visant à accompagner l’ensemble des agriculteurs et agricultrices dans la bifurcation écologique vers un modèle meilleur pour l’humain, créateur d’emplois, et plus résilient au changement climatique [5]. Nous ne voulons pas de cette agriculture chimique, prisée par les multinationales comme Bayer Monsanto, au détriment des populations européennes comme en France où 99.8% de la population a du glyphosate dans leur urine. La protection des écosystèmes et de la biodiversité, la santé de nos agriculteurs, agricultrices, mais aussi du reste de la population européenne passent avant les profits des multinationales agro-industrielles. 

Sources :

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