La France insoumise est un mouvement : elle ne dispose donc pas des structures des partis politiques traditionnels mais s’appuie sur ses 5000 groupes d’appui répartis sur tout le territoire. Elle a expérimenté pendant la séquence électorale des modalités d’organisation innovantes (première convention à Lille, processus d’élaboration collective du programme, commission électorale tirée au sort).
Cette synthèse a permis de recenser des premières idées d’organisation d’un mouvement politique novateur et collectif dans un processus de convention qui dure du 15 août au 26 novembre et dont vous pouvez retrouver le calendrier et les différentes étapes via ce lien.
L’équipe de synthèse était constituée de 8 personnes à parité de genre, représentatives de la diversité du mouvement. La boite à idées sur l’organisation du mouvement a recueilli 1025 contributions individuelles ou collectives.
Pour élaborer cette synthèse, les contributions ont été réparties entre les différents membres de l’équipe. À la suite de la lecture individuelle de chaque contribution, une synthèse a été élaborée collectivement autour de 4 grandes idées.
Il est à noter que beaucoup des propositions ont été formulées et déposées dans la boite à idées avant la publication du calendrier et des modalités de la convention ainsi que de nouveaux outils. Les remarques ayant amené d’ores et déjà des réponses ou des amorces de réponses sont donc indiquées en italique.
Un fort attachement à la forme mouvement dont les principes restent à préciser
- Refus massif d’une organisation partidaire traditionnelle : une très grande majorité souhaite que La France Insoumise reste un mouvement sans carte d’adhésion et respecte le niveau d’implication et de militantisme de chaque insoumis.es. De nombreuses contributions soulignent l’importance de laisser toute sa place aux insoumis.es non membres d’un groupe d’appui. Certains proposent la mise en place d’une procédure de confirmation de sa participation au mouvement, sans pour autant passer par une adhésion en bonne et due forme.
- Demande forte pour que les décisions importantes de la France insoumise soient prises par une consultation de l’ensemble des insoumis.es.
- Exigence d’une plus grande transparence sur l’utilisation des ressources financières du mouvement.
- Importance des conventions du mouvement : plusieurs contributions proposent que de tels rendez-vous soient organisées régulièrement, entre 1 et 2 fois par an ; d’autres interrogent la composition et le rôle de ces conventions.
- Volonté de permettre l’implication de chacun.e au sein des différents pôles, et proposition de création de nouveaux pôles (auto-organisation, juridique, traduction, artistique etc.) permettant de répondre à de nouveaux besoins.
Un appel à volontariat a été lancé pour rejoindre différents pôles existants de l’équipe opérationnelle nationale disponible ici pour le pôle programme (livrets thématiques et ateliers des lois) et ici pour les autres pôles.
- Discussion autour du rôle, de la composition, et des procédures de mise en place des différents espaces nationaux ou de la liste des orateurs nationaux : une demande de transparence sur ces équipes est formulée ; plusieurs contributions proposent la mise en place d’un cadre national réunissant des insoumis.e.s élu.e.s ou tiré.e.s au sort ; d’autres proposent de s’appuyer sur des principes de rotation des responsabilités ou de révocabilité des équipes.
Un organigramme de l’équipe opérationnelle et de l’équipe du programme a été publié dans le cadre du processus de Convention.
- Demande de règles et de principes d’organisation établis en commun : certains évoquent l’adoption de statuts, d’autres préfèrent laisser une autonomie totale d’organisation, d’autres enfin proposent des principes minimums de fonctionnement pour ne pas figer le mouvement comme un parti politique traditionnel.
- Attachement exprimé au principe de parité au sein du mouvement.
Les groupes d’appui comme structure de base du mouvement
- Consensus sur les groupes d’appui comme force motrice du mouvement : ils doivent rester autonomes et tournés vers l’action et chaque insoumis.e.s doit pouvoir créer un groupe d’appui.
- Beaucoup d’importance accordée à l’implication dans la vie citoyenne locale et à être un mouvement au service des citoyens et citoyennes.
- Constat d’inactivité de certains groupes et nécessité d’engager un état des lieux de l’activité réelle des groupes d’appui.
Un premier état des lieux des groupes d’appui certifiés a été mise en ligne sur le site
- Propositions répétées de changer le nom des groupes d’appui (avec la fin de la campagne présidentielle) : « groupe d’action » est la proposition la plus fréquente
- Discussion autour de la volonté de limiter à 12 membres le nombre de participant.e.s par groupe d’appui : certaines contributions pointent un écart entre le nombre d’inscrit.e.s et le nombre de participant.e.s réel.le.s, d’autres trouvent ce seuil trop bas, d’autres encore soulignent la nécessité de garder des petits groupes afin de rester le plus inclusif possible et de continuer le maillage territorial de la France insoumise.
- Débat autour des modalités de fonctionnement des groupes d’appui : certains proposent le vote comme méthode de prise des décisions, d’autres promeuvent au contraire des décisions par consensus, d’autres enfin proposent une méthode selon eux plus souple qui s’appuie sur la recherche du consentement.
- Discussion autour de la charte des groupes d’appui : pour plusieurs contributions, ce document initié en septembre 2016 doit être revu pour prendre en compte le développement du mouvement
- Proposition de créer des groupes d’appui pas seulement géographiquement mais aussi par thèmes en soutien à des luttes, des groupes d’appui d’auto-organisation, dans des universités ou des entreprises…
- Débat autour de la nécessité et des modalités de mise en place de porte-paroles locaux.
- Enjeu de surmonter les difficultés pour agir en zone rurale : des propositions sont notamment faites pour permettre le soutien aux groupes d’appui isolés.
Une organisation collective pour une plus grande efficacité dans l’action
- Organisation vue massivement comme devant être la plus efficace possible pour l’action dans la société.
- Volonté exprimée de campagnes nationales fortes tout en permettant la possibilité d’engager également des campagnes sur des sujets plus locaux.
- Débat sur la nécessité de coordination au niveau départemental, régional ou par circonscription : certaines contributions souhaitent la mise en place de structures intermédiaires pour faciliter le lien avec les équipes nationales et pour avoir notamment un interlocuteur sur les questions financières et logistiques ; d’autres refusent toutes structures intermédiaires entre l’équipe de coordination nationale et les groupes d’appui ; d’autres enfin proposent une solution intermédiaire s’appuyant sur la mise en place de cadres de coordination ad hoc autour d’objectifs concrets.
- Débat sur la nécessité ou les modalités de mise en place de représentants ou de porte-paroles locaux comme nationaux
- Demande d’une plus grande facilité de contacts entre des groupes d’appui proches d’un point de vue géographique ou thématique afin de pouvoir envisager des actions à une autre échelle que celles au niveau du quartier ou de la commune.
- Nécessité de préciser le lien entre le mouvement et son groupe de députés : quelle place pour nos député.e.s dans l’animation du mouvement et comment saisir un.e député.e pour lui proposer de relayer des luttes ou des enjeux locaux ?
Des besoins exprimés pour renforcer la communication, la formation et la mise en action
- Approbation générale de l’usage du numérique pour faciliter le travail et les décisions collectives.
- Besoins exprimés de fluidifier la transmission des informations (propositions d’actions, contributions au programme…) du local vers l’équipe nationale et vice-versa et de permettre des cadres de mutualisation des idées et des pratiques entre groupes d’appui.
Deux premières réponses (partielles) tiennent dans le nouveau formulaire de contact mis en place et dans la possibilité pour tou.te.s les insoumis.es de participer aux différents pôles.
- Proposition de mise en place de locaux de la France insoumise : ils permettraient d’y inviter la population, d’y rassembler les insoumis.e.s, d’y organiser des formations ou de s’y approvisionner en matériel de campagne
- Création d’une université populaire permanente ainsi que de formation aux méthodes d’action
- Beaucoup de questions autour des possibilités de financement du matériel, des locaux, des projets divers, des déplacements, des formations, ainsi qu’autour de la possibilité de disposer d’une structure permettant la location de salles. Ces points constituent clairement des points importants car ils sont aujourd’hui autant de freins pour l’activité des groupes d’appui. Plusieurs propositions sont notamment formulées à propos du financement des initiatives : financement sur la base de demandes liées à des initiatives, mise en place d’une plate-forme de financement participatif permettant un financement complémentaire local/national ou budgets alloués aux groupes d’appui.
Des démarches ont été engagées pour pouvoir fournir aux groupes d’appui une attestation d’assurance nationale de la France insoumise afin de permettre la location de salles municipales. Celle-ci devrait être disponible dans les prochaines semaines. La mise à disposition de matériel gratuit pour les groupes d’appui certifiés est également une première réponse partielle aux interrogations formulées.
- Volonté fréquente d’une plus grande souplesse de la plate-forme permettant une meilleure prise en main par les groupes d’appui : possibilités d’échanges, de mise en ligne de matériel par les groupes, de compte-rendu d’évènements, d’agendas locaux
Enfin, de manière transversale, plusieurs contributions insistent sur la nécessité de ne pas figer les modalités d’organisation du mouvement et de les affiner au fur et à mesure de son évolution.
Liste des personnes ayant participées à la synthèse :
Bernard Bandelier, membre de l’espace politique
Manuel Bompard, directeur des campagnes de la France insoumise
Maxime Hector, membre du Discord insoumis
Agnès Lamesi, membre du groupe de rappel des groupes d’appui
Pierre Loubaut, membre du pôle des groupes d’appui
Coline Maigre, coordinatrice des groupes d’appui de la France insoumise
Alexandra Mortet, membre tirée au sort du comité électoral
Mathilde Panot, députée de la France insoumise