Communiqué de presse de l’intergroupe parlementaire La France Insoumise
UE-Mercosur : le plus grand accord de libre-échange au monde conclu à marche forcée au mépris des peuples et de la planète.
La Présidente de la Commission européenne a annoncé aujourd’hui la conclusion définitive des négociations sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay, Bolivie). Il s’agit d’une étape-clé supplémentaire franchie vers la mise en place de la plus grande zone de libre-échange au monde.
L’Union européenne lâche la proie pour l’ombre et sacrifie son agriculture en échange de promesses de débouchés pour ses multinationales. Une fois l’accord en vigueur, des centaines de milliers de tonnes supplémentaires de denrées alimentaires (boeuf, poulet, porc, fromage, miel, sucre, etc.) entreront sur le marché européen à prix cassé, au seul bénéfice des fermes-usines et des géants agroalimentaires du Brésil ou d’Argentine.Une concurrence d’autant plus déloyale que ces produits importés ne répondent pas aux exigences sociales, sanitaires et environnementales applicables dans l’Union européenne.
Pour un peu de commerce en plus, l’Union européenne brade également la santé de ses citoyens. D’un côté, les pays du Mercosur autorisent l’utilisation à grande échelle de pesticides, OGM et antibiotiques utilisés comme promoteurs de croissance interdits sur le territoire européen. De l’autre, Bruxelles s’engage à réduire les contrôles sanitaires sur les produits importés, faisant peser un risque majeur pour la santé publique.
Enfin, l’accord conclu ce jour n’est rien de moins qu’une hérésie écologique. Alors que l’UE est censée réduire de 90% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2040, elle conclut 15 ans avant cette date un traité dont l’objectif premier est d’intensifier les flux commerciaux entre deux continents éloignés de 10 000 km. L’accord va en outre favoriser en particulier des productions agricoles telles que le boeuf, le soja et la canne à sucre dont le rôle dans la déforestation et la destruction de la biodiversité est considérable.
Les négociations qui s’achèvent aujourd’hui ont été entachées de graves manquements démocratiques. La Commission a systématiquement entretenu l’opacité et bafoué le droit d’information du Parlement européen inscrit dans les traités européens. Elle a refusé de communiquer aux députés européens la dernière version du texte de l’accord. Et elle s’apprête à modifier au dernier moment la procédure de ratification, privant les Etats de leur droit de véto et les parlements nationaux d’un vote sur l’accord.
Plus que jamais, nous réaffirmons notre opposition ferme et résolue à l’accord UE-Mercosur, qu’aucune modification à la marge ni annexe ne saurait rendre acceptable, contrairement à ce que laisse croire Emmanuel Macron. Depuis son arrivée au pouvoir il y a 7 ans, le chef de l’Etat a fait preuve d’une passivité complice et n’a jamais véritablement œuvré pour bloquer cet accord. Pire encore, il a même validé le mandat de négociation en 2019. Nous payons aujourd’hui les conséquences de cette inaction.
S’il vient de franchir une marche importante, l’accord n’est pas pour autant au terme de son parcours de ratification. La France Insoumise et tout son groupe au parlement européen votera contre son adoption au Parlement européen.
Au niveau national, nous exigeons que la France refuse d’appliquer cet accord néfaste dont les modalités d’adoption sont une insulte à la démocratie. Comme le demande notre « Proposition de résolution européenne invitant le Gouvernement de la République française à refuser la ratification de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur », adoptée mardi en commission des affaires européennes à l’Assemblée Nationale. L’heure est à la désobéissance vis-à-vis d’une commission européenne plus anti-démocratique que jamais.
Et à la fin d’un modèle de libre-échange complètement irresponsable pour nos agriculteurs, notre santé et la planète. Il en va ainsi de l’accord avec le Mercosur et tous ceux en cours de négociations (Australie, Inde, Indonésie, Mexique etc.).
La délégation insoumise au Parlement européen
Le groupe la France insoumise à l’Assemblée nationale