Un article du groupe thématique Planification écologique
Comme chaque année, le 8 décembre a lieu la Journée Mondiale du Climat. Le but de cette journée créée par plusieurs ONG est de sensibiliser et d’inciter à l’action face au réchauffement climatique. En parallèle a lieu la 28e Conférence internationale pour le climat (COP28), deux semaines de négociations entre États membres de l’ONU, notamment sur deux sujets cruciaux : la fin des énergies fossiles et le financement des « pertes et dommages » climatiques pour les pays les plus touchés. Huit ans après les accords de Paris, et alors que l’année 2023 continue de battre des records climatiques, que peut-on attendre de cette nouvelle COP ?
La COP28 a mal débuté. Organisée à Dubaï, elle est présidée par Sultan Ahmed Al Jaber, directeur général de l’un des plus grands groupes pétroliers au monde, l’ADNOC. Ce dernier a déclaré, dans une vidéo datant du 21 novembre dernier, qu’il « n’existait aucune base scientifique, ni aucun scénario, pour affirmer qu’il faut sortir des énergies fossiles pour stabiliser le réchauffement à +1,5°C ». Cette phrase, totalement à rebours du discours scientifique, tient même du climatosceptiscisme, puisque 80% des émissions de GES proviennent aujourd’hui des énergies fossiles [1].
Et pourtant, la COP est l’unique espace de négociation internationale d’ampleur sur le climat à l’heure actuelle. Le programme de cette COP28 est d’autant plus crucial, qu’il aborde des sujets vitaux pour assurer l’habitabilité du monde de demain, et la justice climatique. En effet, selon le dernier rapport de l’UNEP (Programme des Nations unies pour l’environnement) sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions [2], publié avant chaque COP, la mise en oeuvre des politiques actuelles de réduction des émissions ne permettrait que de limiter la hausse des températures à 2.9°C, un résultat catastrophique pour la vie sur terre. Les résultats de la COP27 avaient démontré un retard important dans la constitution des fonds d’urgence de 100 milliards de dollars par an, des pays les plus riches vers les pays les moins riches. L’urgence est pourtant présente : selon les scientifiques du Global Carbon Project, le seuil des 1,5°C sera indéniablement dépassé dans les 7 ans. Il faut maintenant qu’il soit réellement alimenté, alors que les promesses de financement au premier jour de la COP28, ne s’élèvent qu’à 385 millions de dollars, très loin du compte !
À la France insoumise, nous insistons pour que toutes les discussions sur des changements de paradigmes politiques soient basées sur les faits scientifiques. À ce titre, aucun·e président·e de COP en conflit d’intérêts ne devrait être le ou la représentant·e des plus gros pollueurs de la planète, pour que la société civile puisse se réapproprier cet espace et défendre ses droits. En outre, nous réclamons aussi dès maintenant d’acter l’arrêt définitif de l’exploitation de toutes les énergies fossiles d’ici 2050 au plus tard. Pour la France, il s’agit de supprimer les exemptions et niches fiscales de ce secteur, mais aussi d’empêcher les flux financiers tournés vers les investissements en direction des fossiles.
En outre, il est important que la sortie des énergies fossiles se fasse de manière juste et concertée, ce qui passe par la taxation des super-pollueurs et de leurs super-profits : les entreprises du pétrole, du gaz, et du charbon, qui s’enrichissent au mépris de la pollution de l’environnement et de leur impact sur la vie de tous les être vivants sur Terre. L’argent collecté de cette façon pourrait ensuite être redistribué aux populations et communautés les plus vulnérables, et impactées par le changement climatique. Nous devrons bifurquer notre modèle de production, pour construire une société plus en harmonie avec son monde et la nature.
Refusons de rentrer dans « l’ère de l’ébullition mondiale » [3], et refusons l’hypocrisie de ceux qui mettent en avant leur capital, au détriment de la vie sur terre.
Sources :