Un article du groupe thématique LGBTI / Droits nouveaux
Ce 1er décembre, nous célébrons la 35e journée internationale de lutte contre le SIDA. L’épidémie n’est en effet toujours pas maîtrisée : l’ONUSIDA rapporte ainsi que 39 millions de personnes vivent avec le VIH, dont 1,3 million contaminées en 2022. Cette même année, 630 000 personnes sont mortes de complications liées à cette maladie. En France, entre 5 et 6 000 personnes découvrent chaque année leur séropositivité, et près de 200 000 personnes vivent avec le VIH, parfois sans le savoir.
Pourtant, selon tous les expert‧es, il est maintenant possible de mettre fin à l’épidémie de VIH. Nous disposons des moyens biomédicaux pour enrayer l’épidémie et prendre soin des personnes séropositives. Aujourd’hui, une personne contaminée prise en charge suffisamment tôt peut vivre une vie normale, malgré le VIH, grâce à l’avancée des trithérapies. Mais surtout, ces mêmes avancées nous donnent les moyens d’empêcher de nouvelles contaminations.
L’efficacité des thérapies est aujourd’hui telle que chez la plupart des patient‧es, elle rend le virus indétectable dans le sang. Et selon le principe « indétectable = intransmissible », confirmé par les études depuis 2010, une personne dans ce cas ne pourra pas transmettre le virus, même en cas de conduite à risques.
Ces traitements sont d’ailleurs aussi ouverts aux personnes séronégatives. Dans le cadre de la PrEP, il est aujourd’hui possible de prendre un traitement similaire à titre préventif : les risques de contamination sont alors drastiquement limités. Malheureusement, l’existence d’un tel dispositif reste aujourd’hui très mal connue, notamment des plus jeunes, conséquence de la frilosité du gouvernement sur le sujet.
D’autres stratégies de réduction des risques, tournées vers les publics les plus vulnérables, se sont révélées efficaces. Par exemple, les dispositifs visant à fournir gratuitement du matériel stérile aux personnes qui s’injectent des drogues ont contribué à réduire grandement les contaminations dans ce cadre.
Malgré toutes ces bonnes nouvelles, la volonté politique manque cruellement. L’ONUSIDA avait fixé un objectif pour 2020, visant à mettre fin à l’épidémie, dit 90-90-90 :
- 90 % des personnes qui vivent avec le VIH connaissent leur statut sérologique,
- 90% des personnes infectées ont accès à un traitement antirétroviral durable,
- 90% des personnes sous traitement ont une charge virale durablement supprimée.
Aujourd’hui, 3 ans après la date prévue, la France fait partie des pays où l’objectif n’a pas été atteint, alors même que l’ONUSIDA promeut maintenant un objectif 95-95-95 pour 2025. Ainsi, près de 25 000 personnes vivraient en France avec le VIH sans le savoir, ce qui ne déclenche aucune réaction politique à la hauteur de l’enjeu au sein du gouvernement.
Pire encore, la vision publique de la maladie ne semble pas avoir tenu compte des avancées scientifiques, qui font que le SIDA n’est aujourd’hui plus une sentence de mort. Des postures moralistes sont souvent opposées à la mise en œuvre de solutions qui ont fait leur preuve (pour la PrEP comme pour les mesures dont bénéficient les usager‧es de drogues), conduisent le gouvernement à ignorer l’existence de pratiques porteuses de nouveaux risques, comme le ChemSex, et contribuent à entretenir la stigmatisation des personnes séropositives. Ces mêmes postures moralistes se retrouvent aussi derrière les tentatives de supprimer l’aide médicale d’État (AME) alors même que la prise en charge des populations migrantes est essentielle pour contrôler l’épidémie.
Nous pouvons mettre fin à l’épidémie de SIDA. Afin d’y parvenir, la France insoumise propose de :
- Parvenir à l’objectif 95-95-95 portée par l’ONUSIDA dans les plus brefs délais par un grand plan national de dépistage, et de viser, à terme, un objectif de zéro nouvelle contamination.
- Garantir les droits des patient‧es : rembourser à 100 % les soins de santé prescrits ; instaurer un pôle public du médicament pour faciliter l’égal accès aux traitements face aux laboratoires privés.
- Développer une politique d’éducation à la santé sexuelle de l’école à l’université, avec des formations spécifiques pour les personnels qui assurent cette éducation et des campagnes diffusées dans tous les établissements.
- Développer la prévention VIH et l’éducation à la santé sexuelle sur les publics les plus à risque (en prison, prostitué‧es, migrant‧es, usager‧es de drogues avec seringues…), et notamment leur permettre d’accéder à la PrEP.
- Confier au ministère de la Santé le pilotage de la lutte contre les drogues pour sortir du tout-répressif et engager une véritable politique de réduction des risques.
- Défendre le maintien de l’AME comme un impératif de santé publique.
- Mettre en œuvre une stratégie de prévention spécifique aux usager‧es de ChemSex en renforçant les moyens alloués aux pouvoirs publics et aux associations communautaires.