Un épais brouillard d’idéologie dominante s’est abattu sur la France à l’occasion du décès de Johnny Hallyday et dans une moindre mesure de Jean D’Ormesson. La plupart des médias ont, en choeur avec le président Macron, gonflé une véritable bulle d’actualité qui a servi, plus encore que d’habitude, de paravent aux mauvais coups qui se trament contre le peuple au gouvernement mais aussi à la Commission européenne.
La lourdeur du procédé mérite d’être soulignée : deux discours présidentiels hautement médiatisés dont le fond s’est pourtant résumé à la mise en scène pure et simple de la vie des défunts, sans que soit vraiment justifié, en particulier s’agissant de la mort de Johnny, une telle captation présidentielle. L’emballage médiatique qui a accompagné ce spectacle était tout aussi grossier. Jean D’Ormesson a ainsi été dépeint en humaniste délicat, sans que soit rappelé sur aucun grand média audiovisuel sa cruauté éditoriale que Jean Ferrat avait pourtant immortalisée dans une chanson censurée à l’époque (« Un air de liberté »). Mais le plus cynique fut l’avènement de Johnny comme « héros français » selon les mots présidentiels, et même « source d’inspiration nationale » selon plusieurs médiacrates. L’ampleur de sa carrière et le succès incontestable de son art doivent-ils faire oublier que le chanteur avait choisi de quitter la France pour résider en Suisse puis aux États-Unis pour payer moins d’impôts, après avoir d’ailleurs été condamné par la justice pour fraude fiscale, et avoir même envisagé un temps d’abandonner la nationalité française ? Autant de faits qui n’enlèvent rien à sa valeur artistique mais qui le qualifient difficilement pour être un héros de la Nation.
Ironie de l’histoire c’est au même moment que l’UE publiait sa liste « noire » des paradis fiscaux, dans laquelle ne figure bien sûr aucun des vrais paradis fiscaux qu’abritent plusieurs États de l’UE. Et la même semaine que la Commission européenne concluait, comme d’habitude dans le dos des peuples, un accord historique avec le Royaume-Uni concernant le Brexit. Un accord entérinant les conditions fixées unilatéralement par les Britanniques, au détriment des intérêts, notamment financiers, des États restant membres de l’UE et de leurs peuples. Au point que la directrice de la City a déclaré à cette occasion que « Noël est arrivé en avance pour les entreprises financières. » Le tout dans l’indifférence du gouvernement de la France, dont la contribution au budget de l’UE est pourtant lestée par la compensation des rabais accordés aux Britanniques depuis 30 ans. Des rabais volés aux autres peuples européens et dont la Commission européenne a de fait entériné qu’ils ne seraient jamais remboursés … comme les impôts que Johnny n’a pas payé sur ses 110 millions de disques vendus !
Laurent Maffeïs