Le 13 décembre, les eurolâtres fêteront les dix ans du traité de Lisbonne. Dix ans après, quel bilan ! La baisse des émissions de gaz à effet de serre pourrait n’atteindre que 23% en 2030 au lieu des 30% promis. Les lobbies font toujours la loi comme sur les perturbateurs endocriniens ou le glyphosate. Les banques ont été renflouées par l’argent public et les peuples saignés à blanc par l’austérité. Le libre-échange reste le dogme officiel avec l’accord CETA avec le Canada en attendant le TAFTA avec les États-Unis, toujours dans les tiroirs. Neuf des quinze principaux paradis fiscaux sont membres ou associés à l’UE selon l’ONG Oxfam tandis que la Commission comme l’Eurogroupe sont dirigés par des organisateurs d’évasion fiscale en bande organisée : le luxembourgeois Juncker et le hollandais Djisselbloem. L’UE s’accroche à l’OTAN de Trump et prépare une guerre avec la Russie. Orban siège toujours dans le même parti européen que Merkel. 60 000 fascistes polonais manifestent en toute impunité. Le Royaume-Uni s’en va engageant la dislocation. La Méditerranée est devenue un cimetière. L’ONU dénonce : « la politique de l’UE consistant à aider les garde-côtes libyens à intercepter les migrants est inhumaine » tant « la souffrance des migrants détenus en Libye est un outrage à la conscience de l’humanité ». Dix ans après Lisbonne, l’Union européenne est un néant civilisationnel.
Et Macron fait le choix du pire libéral de l’Europe allemande. Il agit en France comme une troïka à domicile : austérité budgétaire, casse du droit du travail etc. Son idée de « souveraineté européenne » masque mal sa volonté de mettre le dernier clou européen sur le cercueil de la souveraineté populaire. Sarkozy et Hollande ont imposé ensemble, via l’Assemblée nationale, deux traités dont le peuple français ne voulait pas. Macron saute le pas suivant en se passant de tout vote national, même du Parlement, pour appliquer le CETA.
La question européenne est un révélateur. Celui de la caste oligarchique insultante vue en 2005. Celui de la collusion du PS et de l’UMP dans une grande coalition, réorganisée depuis par En Marche, et qui prépare sa suite par les appels de Juppé et Valls pour les européennes de 2019. Celui de l’hypocrisie du Front National qui change de ligne comme de chemise sur le sujet. Celui du renoncement de ceux qui comme PCF, EELV et hamonistes préfèrent applaudir Tsipras début novembre à Marseille plutôt que discuter d’un plan B face à l’UE pour éviter de subir le même sort que la Grèce.
« L’Europe qui protège » ne protège que les multinationales, les pollueurs et les détenteurs du capital, pas l’intérêt général ni l’écosystème ou les droits sociaux. L’UE n’est pas la solution, elle est une partie du problème. Pour le régler, la sortie des traités est nécessaire. Le reste est une illusion. C’est ce qu’enseignent les dix ans de Lisbonne.
Matthias TAVEL