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Question écrite au gouvernement : Le pluralisme de la presse doit être préservé !

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Mme Muriel Ressiguier alerte Mme la ministre de la culture sur la préservation du secteur de la distribution de la presse.

France Messagerie est née le 1er juillet 2020 suite au placement en redressement judiciaire en mai 2020 de Presstalis qui assurait pourtant 75% de la distribution. Le secteur de la diffusion de la presse est un secteur en grande difficulté depuis plusieurs années. En effet, malgré une augmentation du nombre de lecteurs, la presse papier voit son nombre de ventes baisser, au profit de la version numérique. Ainsi, entre 2017 et 2018 elle a reculé de 5,9 % quand le numérique bondissait de 25,9 %. D’après une étude menée par l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias, 83% des français déclarent lire au moins une marque de presse en numérique. La période de confinement en 2020 a engendré une forte baisse des ventes et des revenus publicitaires de la presse papier qui a eu un impact économique conséquent sur le secteur .

Aujourd’hui France Messagerie diffuse 100% des quotidiens nationaux, environ 25 % de la presse magazine et quasiment la totalité des encyclopédies et du hors presse. France Messagerie a d’ailleurs annoncé des bénéfices au-dessus des prévisions à hauteur de 5 millions d’euros pour l’année 2021 malgré la poursuite de la baisse structurelle de 5 % à 10 % des volumes de presse traités. Mais les syndicats dénoncent des ressources provenant pour moitié de subventions directes de l’État. Le Syndicat de l’Association des Editeurs de Presse interpelle sur la péréquation qui organise la ponction de 8 Millions d’euros sur les recettes des éditeurs de Messageries Lyonnaises de Presse pour financer France Messagerie qui s’ajoutent aux 17 Millions d’euros de subventions directes et aux 2,25% ponctionnés sur la Vente au Montant Fort depuis 2018 pour « sauver » Presstalis. En somme, le bilan positif annoncé par Sandro Martin, directeur général de France Messagerie n’est pas si positif. 

De plus, sur 900 salariés que comptait Presstalis, France Messagerie n’en recensait plus que 244 à la fin de l’année 2021 et a perdu ses filières régionales. L’ancien directeur général de France Messagerie, Cédric Dugardin, déclarait le 16 novembre 2020 : « Nous avons finalement liquidé tout le niveau 2, celui des dépositaires régionaux, qui comptait 512 personnes. Sur le niveau 1, la restructuration a affecté 50 % des effectifs au siège et 30 % à Bobigny, dans le centre de traitement des quotidiens. Nous sommes donc sur un plan social d’environ 650 personnes sur un total de 920 salariés. Cela a été un véritable traumatisme en interne ».

Plus largement les logiques qui guident France Messagerie nous interpellent. Sandro Martin déclarait le 8 octobre 2021 “Notre objectif est de proposer des tarifs compétitifs alliés à une bonne qualité de service afin de convaincre des éditeurs de magazines de revenir chez France Messagerie. Nous voulons regagner des parts de marché”. Pourtant le secteur de la presse n’est pas un secteur marchand comme les autres et doit être préservé de la concurrence au nom de notre démocratie et du pluralisme des médias.  Le programme du Conseil National de la Résistance, adopté en 1944 sous le nom « Les jours heureux » plaidait pour « la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression, la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères, la liberté d’association, de réunion et de manifestation ». La presse et les distributeurs ne doivent pas répondre à des logiques de marché tel que le prévoit la loi Bichet.

En réponse aux difficultés du secteur de la distribution, Madame Buffet déposait en 2013 une proposition de loi visant au redressement du secteur de la presse et de sa distribution, au service du pluralisme et de l’intérêt général, dans laquelle elle proposait déjà la constitution d’une coopérative unique. Les ouvriers du livre de l’ex Société d’Agences et de Diffusion, (ancienne filiale de Presstalis) ont créé la Coopérative de Presse et de Messagerie Méditerranéenne sous le format d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif, permettant la participation des salariés dans le capital mais aussi des collectivités locales et acteurs divers. 

Madame la Ministre, allez-vous remettre en question la logique marchande du secteur de la distribution, instauré en 2019 par la loi de Modernisation de la distribution de la presse, qui organise l’ouverture du marché et la mise en concurrence ? Que pensez-vous de la proposition qui vise à réaffecter les aides à la distribution et à la diffusion de la presse au service de l’intérêt général en créant une taxe sur la publicité en ligne au service d’un financement de la presse pluraliste et citoyenne ? 

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