Lundi 30 novembre, le gouvernement présentait son « plan étudiant ». Derrière cette appellation trompeuse, qui laisse espérer l’amélioration des conditions d’études ou la démocratisation de l’enseignement supérieur, se cache l’instauration de la sélection à l’université. Ainsi, pour les licences dans lesquelles les places manquent, le gouvernement veut autoriser les universités à sélectionner les lycéens qu’elles veulent sur la base de leur dossier scolaire. Plutôt que d’investir dans l’enseignement supérieur pour ouvrir les places qui manquent du seul fait de la croissance démographique de la population, Macron préfère empêcher des bacheliers de poursuivre leurs études dans les filières qu’ils souhaitent. Pour tout le reste des licences, les universités pourront, sur la base de leurs propres critères, imposer à certains étudiants une année de « remise à niveau » avant de commencer la cursus. Du point de vue pédagogique, cette mesure peut être utile. Sans la création d’un revenu pour les étudiants, notamment ceux issus des milieux populaire, cette année supplémentaire conduira à des abandons d’études, en raison de la charge financière qu’elle représente pour les familles.
Le plan du gouvernement achève la constitution d’un véritable marché concurrentiel de l’enseignement supérieur. En effet, il détruit la « préférence académique » qui obligeait les universités à maintenir des places réservées pour les bacheliers de leur académie. C’est une injonction aux petites universités pour se spécialiser et supprimer les autres licences. Les grandes universités de métropoles seront conduites à devenir des universités de plus en plus sélectives. Cette mise en concurrence entre les établissements se fera au détriment de l’égalité d’accès aux études. Pour de nombreuses licences, il faudra déménager dans les grandes villes dans lesquelles les loyers sont plus élevés. C’est une forme de sélection, cachée mais bien réelle, par l’argent. Ce recul s’accompagnera bientôt de la casse annoncée du baccalauréat. Lorsque tout se jouera pour les lycéen sur le contrôle continu, la valeur de leur parcours variera en fonction de leur lycée. Et rajoutera une inégalité territoriale.
Le principal problème de l’enseignement supérieur est son asphyxie du fait des politiques d’austérité et de la prétendue autonomie des universités. Depuis 2008, les dépenses publiques pour l’enseignement supérieur ramenées au nombre d’étudiants ont chuté de 10%. Depuis que les universités sont seules responsables de l’équilibre de leur budget, il ne se passe pas une année sans que plusieurs soient en faillite. Résultat : les établissements ne cessent de geler les embauches, développer le travail précaire, reporter les travaux d’entretien de leurs bâtiments, fermer des filières etc. Le plan présenté par le gouvernement va encore aggraver la situation. Il se gargarise d’un milliard d’euros d’investissements en cinq ans sans préciser qu’il entérine ainsi que la dépense publique par étudiant va continuer de baisser pendant 5 ans. Pire : cet argent servira avant tout à financer les dépenses supplémentaires entraînées par son plan injuste (refonte de la plateforme d’orientation, classes de remise à niveau etc.).
L’accès du plus grand nombre à l’enseignement supérieur, pour ceux qui le souhaitent, ainsi que leur réussite, doivent constituer notre horizon : pour l’émancipation intellectuelle, pour l’accumulation de savoirs, pour l’élévation des qualifications, pour relever les grands défis écologiques, sociaux et politiques de notre temps. C’est le sens de l’investissement dans l’université et de l’allocation d’autonomie aux étudiants que propose la France insoumise, en rupture complète avec la vision macronienne de l’université.