Table-ronde sur le thème « Recherche française et Covid-19 » :
- Pr. Anne Goffard, virologue au CHU de Lille, enseignante à la faculté de pharmacie de Lille et chercheure à l’Institut Pasteur de Lille
- Pr. Odile Launay, infectiologue, coordinatrice du centre de recherche INSERM de vaccinologie clinique Cochin-Pasteur et membre du comité vaccin Covid-19
- Pr Frédéric Tangy, chef du Laboratoire d’Innovation vaccinale de l’Institut Pasteur et professeur à l’Institut Pasteur
- Pr Yazdan Yazdanpanah, infectiologue, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat (AP-HP), directeur de l’institut thématique immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’Inserm, directeur de l’ANRS-maladies infectieuses émergentes et membre du comité scientifique
Durant mon intervention j’ai abordé :
- La baisse des financements publics de la recherche fondamentale dans la santé,
- La vision compétitive et marchande de la recherche,
- La recherche privée avec notamment Sanofi et la levée des brevets des vaccins sur la covid.
Mon intervention :
La crise sanitaire a révélé les conséquences du désengagement de l’Etat dans la recherche publique.
La LPPR récemment adoptée ne va pas améliorer la situation. Cette vision compétitive et marchande de la recherche, pénalise la recherche pérenne et fondamentale nécessaire pour faire face aux prochaines crises sanitaires et climatiques notamment.
Constat éloquent, le financement public de la recherche fondamentale dans la santé a diminué de 28 % entre 2011 et 2018.Dans le même temps, il a augmenté de 11% en Allemagne et de 16 % au Royaume-Uni.
Le fonctionnement actuel de la recherche confine à l’absurde. Et ce n’est pas le laboratoire Valneva qui dira le contraire. En effet, s’il est en train de développer un vaccin contre la covid-19, c’est parce qu’il a obtenu un financement du Royaume-Uni.
Exemple emblématique de la course au profit au mépris de l’intérêt général, Sanofi a obtenu plus d’un milliard d’euros d’aides publiques sur dix ans par l’intermédiaire du CIR. Le groupe annonce un chiffre d’affaires de 9,48 milliards d’euros et a versé 4 milliards d’euros aux actionnaires en 2020.
Pourtant depuis 2007 sur 6 000 emplois dans la R&D, presque la moitié ont été supprimés et Sanofi annonce la suppression de 400 postes supplémentaires. Comble de l’ironie, le groupe a démoli il y a quelques années à Montpellier un site industriel de 9 000 m² destiné à la R&D construit en 2012 et qui n’a jamais servi. 107 millions d’euros jetés par la fenêtre !
Pensez-vous que l’Etat devrait investir davantage dans la recherche publique ? Que préconisez-vous pour donner un nouveau souffle à la recherche fondamentale et clinique et également pour que les chercheurs puissent travailler sereinement sans être mis en concurrence ni couriraprès les financements ?
Enfin, pensez-vous que les brevets des vaccins sur la Covid doivent être levés et appartenir au domaine public ?