Un article du groupe thématique Égalité Femmes-Hommes de la France insoumise
Il y a maintenant 3 ans, le mouvement #MeToo a permis une vaste libération de la parole des femmes. En effet, en octobre 2017, il a pu être observé une augmentation de 30% des plaintes pour violences sexuelles en gendarmerie. Cette hausse démontre la volonté, de la part des femmes victimes qui parviennent à porter plainte, de ne pas laisser impunis les auteurs de ces violences. Malgré cette avancée, ce combat continue encore aujourd’hui, car loin d’avoir changée, la situation est toujours critique. 152 femmes ont été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints en France, en 2019, selon Nous Toutes. Cette année, tout comme la précédente, a aussi été marquée par une hausse des violences sexuelles recensées.
Aux alertes des mouvements féministes, une réponse marchande et insuffisante
Alors même que les mouvements de libération de la parole et de défense des droits des femmes se poursuivent partout dans le monde, les gouvernements restent sourds à ces appels. Tandis que les violences sexuelles ont dramatiquement augmenté durant les périodes de confinement, la réponse du gouvernement est celle du marché : ouvrir à la concurrence le 3919, le numéro d’appel destiné aux femmes victimes de violences. Que penser de la gestion de la “grande cause du quinquennat” quand le ministre de la justice remet en question les chiffres de son propre ministère sur les violences sexuelles ? Quelles conclusions pouvons-nous en tirer, lorsque la seule réponse “républicaine” au sexisme institutionnel que subissent les jeunes filles est de “s’habiller normalement” ?
Enfin, alors que les associations demandaient 1,1 milliard d’euros pour lutter contre les violences sexuelles, seulement 79 millions d’euros étaient destinés à lutter contre ce fléau, sur un budget total dédié à l’égalité femmes-hommes de 530 millions d’euros. Cette insuffisance a été soulevée notamment par le rapport d’information n° 602 du Sénat déposé le 8 juillet 2020. Alors que le budget pour les places d’hébergement nécessite à minima 193 millions d’euros, le gouvernement y alloue deux fois moins. Le constat est d’autant plus alarmant lorsqu’on regarde le budget destiné aux structures dédiées à la prise en charge des femmes victimes de violence : moins d’un million d’euros contre un budget nécessaire estimé par les associations à 24,2 millions, voire le double dans le cas d’une hypothèse haute.
Agir réellement, quelles solutions ?
Plus qu’une nécessité, il est impérieux de lutter contre les violences faites aux femmes par la mobilisation collective mais aussi par une réponse des institutions. Afin de prévenir ces violences et de développer l’écoute des victimes, il est nécessaire de développer des campagnes de sensibilisation permanentes mais aussi d’assurer les formations des professions concernées par ce combat. Chaque femme victime de violence doit être écoutée sans que l’on doute systématiquement de sa parole.
À chaque échelon de l’État, nous nous devons d’appliquer des politiques publiques volontaristes. Renforcer les systèmes d’hébergement d’urgence et de logements prioritaires, lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail ou encore accorder un plus grand soutien aux structures et associations locales sont autant de solutions applicables. L’État ne doit plus se soustraire à son devoir en délaissant les associations puis en retirant les bénéfices pour lui seul.
Juridiquement, des mesures fortes doivent être aussi mises en œuvre. Il est primordial d’abolir le principe de prescription, afin qu’à tout moment de leur vie les femmes puissent dénoncer ces violences. La mise en place d’une véritable loi-cadre est tout aussi importante, de concert avec les associations féministes afin qu’enfin, les femmes puissent décider et être écoutées.