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Retrouvez ma Tribune « Réinventons notre humanité », parue le 9 novembre dans Midi-Libre

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« Réinventons notre humanité.

Nous vivons une époque trouble où la sensation d’avoir perdu notre capacité à maîtriser notre destin, personnel ou collectif, se fait de plus en plus sentir. Comme si nous en étions dépossédés. La peur, l’angoisse et la méfiance s’installent dangereusement.

La peur de la maladie et de la mort tout d’abord, exacerbée par la crise sanitaire que nous traversons. Mais également la peur de ne plus avoir de perspective, de ne pas trouver de travail, de logement, ou de pouvoir les perdre si facilement. La peur aussi que peut engendrer le terrorisme obscurantiste qui nous frappe, qu’il soit islamiste ou d’extrême droite. Et enfin, et ce ne n’est pas la moindre, la peur de voir disparaître notre écosystème et notre planète.

L’impression aussi de flou et la sensation que ceux qui nous dirigent naviguent à vue et mènent une politique difficilement compréhensible, s’enferment dans leur tour d’ivoire, n’écoutent personne et nous conduisent droit dans le mur.

La gestion de la crise sanitaire en est un bel exemple. Des dizaines de milliers d’emplois et 69 000 lits ont étés supprimés en 15 ans. La pandémie de Covid-19 a mis en exergue les défaillances de la politique de santé publique. Ceci devrait nous faire prendre conscience que l’hôpital public et ceux qui y travaillent sont indispensables à la collectivité, que l’hôpital public n’est pas une entreprise du CAC 40 dont la gestion est guidée par la rentabilité et la course au profit. Et pourtant, la politique de suppression de lits se poursuit.

Par ailleurs, alors que beaucoup de travailleurs ont été frappés durement depuis le début de la crise sanitaire et que les TPE/PME ainsi que les artisans et les petits commerces sont également touchés de plein fouet, les GAFAM comme Amazon engrangent des profits colossaux.

Au lieu de mener une politique d’intérêt général, solidaire et émancipatrice, le gouvernement persiste à ériger la compétition entre les territoires et les individus en dogme. La recherche publique est actuellement attaquée par le gouvernement (par exemple, création de contrat précaires comme les chaires de professeurs juniors et les CDI de mission scientifique). La sélection continue dans l’enseignement supérieur avec ParcourSup et la sélection pour accéder en Master ce qui accentue le déterminisme social et les inégalités. Selon le ministère de l’Éducation Nationale, seulement 12,1% des enfants d’employés et 9,2% des enfants d’ouvriers accèdent au Master. La notion du savoir émancipateur disparaît au profit de la concurrence et de la marchandisation du savoir.

La précarité et la misère explosent. La casse des services publics continue. Mais le gouvernement n’envisage pas de remettre l’ISF ni de mener enfin une politique fiscale plus juste. La fraude fiscale, elle, augmente. La seule réponse à la désespérance et à la colère des gens est le mépris et l’arrogance. C’est insupportable.

Pourquoi ne pas réinventer notre humanité, retisser des liens et des solidarités ? Il n’y a pas de fatalité. La période que nous traversons doit nous faire prendre conscience que chaque être humain est précieux, d’où qu’il vienne. Comme cela a été fait avec la Sécurité Sociale, créée dans une France exsangue et ravagée d’après-guerre, nous pouvons, si nous le décidons, construire, ensemble, une société juste et fraternelle.

Muriel Ressiguier.

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