“ Bienvenue en France” : le pays où le Conseil d’État décrète que 3770 € est une somme “modique”!
Le 19 novembre 2018, le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, sous l’égide de Frédérique Vidal, lançait un programme “Bienvenue en France” censé compenser des lacunes dans les politiques d’accueil des étudiants internationaux hors Union Européenne, ayant pour objectif d’attirer 500 000 étudiants étrangers à l’horizon 2027. Le terme “bienvenue” est assez cynique puisque ce dispositif prévoit, notamment, de faire payer jusqu’à 3 770 € en master aux étudiants étrangers hors Union Européenne, alors qu’ils devaient s’acquitter auparavent des mêmes droits d’inscription que les étudiants français, soit 243 € en master.
Aussitôt annoncé, ce plan a légitimement suscité de nombreuses réactions au sein de la population.
Hélas, ces alertes et ces inquiétudes sur la sélection par l’argent et la discrimination entre étudiants ont laissé de marbre le Conseil d’Etat, muré dans sa tour d’ivoire.
Le 1er juillet, ce dernier a rendu un avis stupéfiant, estimant que ces frais « modiques » ne venaient pas enfreindre « l’exigence constitutionnelle de gratuité » .Ainsi, pour deux étudiants qui fréquentent les mêmes cours, les frais d’inscription peuvent être jusqu’à 15 fois plus élevés en master pour celui qui vient d’un pays n’appartenant pas à l’Union Européenne.
Ne nous y trompons pas, s’il s’agit uniquement pour l’instant des étudiants hors U.E, le Conseil d’Etat ouvre la porte à la sélection financière pour l’ensemble des étudiants.
Le Conseil d’Etat qui semble tristement bien loin de la réalité vécue par de nombreux citoyens au quotidien, décrète sans sourciller que 3 770 €, soit l’équivalent de 3 mois de salaire mensuel net au SMIC, est une somme “modique”.
Je salue les deux tiers des universités qui refusent d’appliquer cette hausse injuste des frais de scolarité aux étudiants extra-communautaires. J’espère que d’autres suivront.
La France, aujourd’hui 4ème pays mondial en terme d’accueil d’étudiants internationaux, doit rester fidèle à ses valeurs républicaines. La mobilisation contre cette mesure inique doit s’amplifier car l’égalité d’accès à l’éducation pour tous doit être préservée et le savoir émancipateur est un bien précieux.
Muriel Ressiguier
Députée de la 2ème circonscription de l’Hérault