« A l’heure où je m’adresse à vous, nous nous apprêtons à vivre une étape essentielle de la lutte sanitaire contre le coronavirus. Il nous impose de continuer à respecter scrupuleusement les consignes de confinement, l’épidémie continuant de se propager à grande vitesse sur le territoire, avec plus de 120 000 cas de Covid-19 et plus de 21 000 décès à déplorer en France. Civisme, prudence et responsabilité doivent être notre ligne de conduite dans ce moment si particulier pour le pays.
Le 13 avril, le Président de la République a donné de façon unilatérale le cap d’une sortie de crise, avec un déconfinement progressif à partir du 11 mai. Alors que cette décision ne semble pas avoir été concertée – les déclarations contradictoires des ministres en témoignent, l’ensemble de la population doit s’y adapter, malgré le scepticisme des autorités sanitaires et les alertes de nombreux scientifiques sur le risque d’une deuxième vague épidémique. Dans ce cadre, le Ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a décidé d’une réouverture progressive des écoles en trois temps, les 11, 18 et 25 mai. Le Président du conseil national de l’Ordre des médecins lui-même explique qu’il n’y a aucune « explication médicale » à déconfiner le milieu scolaire en premier. Alors pourquoi ce choix, si ce n’est pour permettre aux parents d’aller travailler ? Surtout, il n’y a en l’espèce aucun protocole sanitaire clairement établi. Le ministre, que j’ai interrogé dans le cadre de nos travaux en commission, s’est défaussé sur les collectivités territoriales et les élus locaux, en nous assurant qu’il préciserait les consignes fin avril… ce qui laisse à peine dix jours aux établissements scolaires pour se préparer. L’absence de clarté et l’illisibilité de cette gestion de crise sont inquiétantes. Il faut à tout prix se focaliser sur la sécurité sanitaire de la population et la lutte contre la propagation du virus, en planifiant le déconfinement et en l’accompagnant d’une stratégie sanitaire claire, avec dépistage massif et équipement en masques de la population. Or, pour l’instant, il est prévu que les tests soient réservés aux seuls malades symptomatiques et nous n’avons pas la garantie que les Français pourront, d’ici le mois de mai, se procurer facilement des masques.
Pour ma part, je poursuis le travail parlementaire – à distance – afin que soit mis en place le plus rapidement possible des mesures à la hauteur de la crise, dans le cadre des prérogatives et des responsabilités qui sont les miennes. Ces dernières semaines, j’ai été régulièrement en contact avec la Préfète pour me tenir à jour de l’évolution de la situation ariégeoise. Je me suis élevé contre la fermeture du service des urgences de l’hôpital de Lavelanet. Sur le plan de la politique générale, j’ai proposé une politique de régularisation de l’ensemble des sans-papiers vivant sur le territoire, afin de leur offrir une protection sanitaire digne. En tant que membre de la commission des affaires culturelles, je participe aussi aux travaux des groupes de travail exceptionnels mis en place pendant la crise. J’ai proposé des mesures pour préserver l’accès à la culture des citoyens ainsi que la continuité de l’information. J’ai par exemple souhaité que l’on rende gratuit et accessible l’ensemble des plateformes numériques de l’audiovisuel, que l’on maintienne les droits à l’assurance-chômage des intermittents du spectacle ou encore que l’on offre aux plus jeunes un enseignement pédagogique dans les programmes de l’audiovisuel public. En outre, j’ai alerté M. le ministre de la culture Frank Riester sur la situation des acteurs du secteur culturel. Je l’ai enjoint à réagir rapidement, à débloquer des fonds et à prendre des actes administratifs forts pour aider ce secteur d’activité déjà fragilisé.
Avec le groupe parlementaire La France Insoumise, nous avons aussi pris part au débat démocratique et aux discussions concernant les mesures d’urgence prises par le gouvernement. Face à la crise, l’unité d’action s’impose. Mais l’unité en question ne saurait exclure l’expression des désaccords politiques et la dénonciation des nombreuses incohérences dont le gouvernement a fait preuve dans sa gestion de crise. D’abord, je rappellerai ici que bien avant le coronavirus, nous avions eu de cesse que d’alerter sur les risques que faisaient courir le manque de moyens alloués à l’hôpital public et la faiblesse d’un Etat vidé de sa substance par la mondialisation libérale et par des années de politiques d’austérité. En pleine cohérence, nous avons donc proposé au gouvernement une série de mesures permettant d’agir au plus vite face à l’urgence : nationaliser certaines entreprises stratégiques, soutenir le secteur de la santé, réfléchir à la planification et la relocalisation des activités liées à la production pharmaceutique. Or, alors que le temps pressait et que nombre d’insuffisances étaient pointées, celui-ci a choisi ses priorités : l’allongement du temps de travail et la remise en cause du Code du travail. Comme un symbole… Certes, depuis peu, le Président de la République semble avoir acté le retour de l’Etat et de sa capacité à intervenir dans l’économie. Dont acte. Gare cependant aux faux semblants… dans les moments de crise, l’Etat est toujours là pour socialiser les pertes et pour exonérer les profits ! Les belles paroles doivent désormais s’accompagner d’actes forts, d’une politique ambitieuse qui puisse orienter les acteurs économiques vers la production d’équipements dont on a urgemment besoin. Mais la relance de l’économie qui s’annonce ne doit pas conduire à nous faire revenir au monde d’avant. Nous devons tirer les enseignements de cette pandémie et utiliser ce « temps d’arrêt » pour bifurquer vers une autre voie, celle de l’économie du temps long et de l’écologie sociale et solidaire.
Je profite de cette occasion pour renouveler le témoignage de toute ma gratitude et de tout mon soutien aux travailleurs et aux travailleuses qui mettent leur santé en danger pour lutter contre la propagation du virus, pour assurer un minimum de service public aux administrés, pour produire ou pour permettre la circulation des produits de première nécessité. Ainsi, dans un tel moment, ce ne sont ni les « premiers de cordée » ni les élites politiques, culturelles et économiques qui doivent faire l’objet de toute notre attention. Nos « héros » sont des gens ordinaires, des professionnels de la santé qui se dévouent à leur tâche et sauvent des vies, malgré les problèmes de moyens et de capacité auxquels est confronté l’hôpital public. Subitement, nos gouvernants se rendent compte de leur rôle essentiel et retrouvent le sens des réalités. Le personnel soignant était pourtant jadis victime de leur mépris et de leurs décisions politiques… On retrouve ici le sens originel des moments de crise, celui de révéler le caractère essentiel de certains métiers et de dévoiler la réalité sociale du pays, sans fard.
Ainsi, je finirai cet édito en soulignant à quel point, dans ce moment, les gestes de soutien, d’aide, adressés à l’endroit des personnes les plus vulnérables, sont particulièrement importants. Les fléaux que sont l’isolement, la précarité et les difficultés économiques ressurgissent et s’amplifient, accompagnés de nombreuses inquiétudes et d’interrogations citoyennes. Pour cette raison, je tiens à vous assurer que je me tiens plus que jamais à votre disposition, avec mon cabinet, pour répondre à vos sollicitations, y apporter des solutions et faire tout ce qui est en mon pouvoir de député. Sachez que si vous avez besoin de me contacter, mes permanences de Papiers et Saint-Girons sont fermées durant la période de confinement. Mais mon équipe et moi-même restons joignables et à votre écoute par mail, à cette adresse : [email protected]. »