Question de Michel Larive à Franck Riester, Ministre de la Culture, dans le cadre de la commission des affaires culturelles.
« Permettez-moi d’introduire mon propos par la lecture d’un témoignage : « Moins de 24 heures après ma demande d’aide, l’argent était déjà sur mon compte. La démarche m’a pris 15 minutes sur internet. Aucune bureaucratie, aucun justificatif à charger. Pas de condition de nationalité. On m’a fait totalement confiance. Et les 9000 euros sont là ». Ceci n’est pas une fiction. C’est le récit de Jean, bénéficiaire des aides allemandes pour les travailleurs indépendants, tels que les photographes ou les artistes, dans l’incapacité d’exercer leur profession, en raison du confinement.
En France, le discours de nos artistes est bien différent. J’ai auditionné nombre d’entre eux par visioconférence au cours des dernières semaines. Katerine LOUINEAU, membre du comité des artistes-auteurs plasticiens estime que « Le Ministère ne sait pas gérer les créateurs et les créatrices ». Léa Le Bricomte, artiste-plasticienne m’a dressé un constat alarmant : « Concrètement, pour nous, c’est plus aucun revenu ». Florian Gaïté, critique d’art, considère que vous faites « miroiter des aides de solidarité complètement inadaptées à [leurs] réalités professionnelles ».
Vous l’aurez compris, Monsieur le Ministre, le plan d’urgence que vous avez présenté le 27 mars dernier est jugé lacunaire par bon nombre de professionnels du secteur culturel. Je partage leur avis. La situation des artistes-auteurs est particulièrement inquiétante.
J’ai lu attentivement votre interview du 17 avril dans Le Monde où vous affirmez que votre grand chantier sera de « remettre les artistes au cœur des politiques culturelles ». Visiblement, vous rencontrez des difficultés à joindre les paroles aux actes, Monsieur le Ministre.
Le fonds de solidarité et ses conditions d’octroi sont totalement inadaptées à la situation de ces artistes. Les éditeurs, les producteurs et les organismes de gestion collective versent les droits d’auteurs annuellement. Souvent, le paiement des factures par les diffuseurs se fait attendre pendant de longs mois où les artistes-auteurs survivent dans l’attente d’être rémunérés, avec les difficultés que cela induit. Le critère des recettes mensuelles apparaît donc totalement absurde au regard du contexte.
La gravité du moment nous oblige à protéger nos artistes. Un fonds d’urgence en faveur de tous les artistes-auteurs, avec un guichet unique, sous l’égide de l’Etat, doit être mis en place dans les plus brefs délais. C’est ce que demandent les syndicats d’artistes-auteurs dans une pétition qui a récolté près de 10.000 signatures sur le site Change.Org.
Monsieur le Ministre, entendez-vous le cri d’alerte de nos créateurs et envisagez-vous d’accéder à leur légitime demande ? Je vous remercie. »