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Edito #20 | Retraites - Municipales - Syrie - Sanders

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Tandis que la mobilisation de toutes les franges de la société se poursuit dans la rue, je mène la bataille contre la réforme des retraites dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale aux côtés de mes collègues du groupe parlementaire La France Insoumise. A l’issue de la première semaine d’étude du projet de loi, seul le premier article a pu être voté. Nous avons défendu environ 200 amendements sur les 23.000 déposés par notre groupe. Contrairement à ce que les députés LREM se plaisent à scander sur les plateaux TV et radio, nous ne faisons pas d’obstruction parlementaire, nous employons tous les moyens qui sont à notre disposition pour imposer un débat sur le fond de ce projet de réforme, ce que le gouvernement semble vouloir éviter à tout prix. Et pour cause, ce débat révèle l’amateurisme avec lequel cette réforme a été construite et surtout sa nature purement idéologique. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : nous sommes appelés aujourd’hui à confirmer ou à nous détourner d’un choix de société. Nous défendons un système de retraite solidaire dans lequel chacun contribue en fonction de ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins, un système qui réduit les inégalités de revenus et assure à chacun.e les ressources permettant de mener une vie digne. Le Gouvernement lui, défend un système de retraite par point qui fragilise les plus démunis, les personnes aux carrières hachées, et parmi elles beaucoup de femmes notamment. Il nous propose un système dans lequel les plus aisés seront incités à se tourner vers les fonds de pensions privés, tandis que la majeure partie de la population se contentera de pensions de retraites qui tendront mécaniquement à diminuer avec le temps, ne serait-ce qu’en raison du plafonnement des dépenses de retraite à 14% du PIB. Nous ne pouvons accepter cette nouvelle attaque contre notre modèle social !

Devant la lenteur des débats, et face à la menace d’un enlisement, la tension est à son comble à l’Assemblée Nationale. Le gouvernement envisage sérieusement de passer sa réforme en force, en ayant recours à l’article 49.3 de la Constitution. Il ne semble plus y avoir de limite à ce que les macronistes sont prêts à faire pour nier la contestation populaire et imposer leur volonté.

Nous sommes maintenant à un peu moins de 20 jours du 1er tour des élections municipales. La popularité du Président et de son mouvement politique ne cessent de chuter, et les manoeuvres du gouvernement pour tenter de dissimuler l’échec probable de la majorité lors du scrutin de mars ne dupent personne. Les françaises et les français s’apprêtent donc vraisemblablement à sanctionner le parti présidentiel lors de ces élections municipales. Quant aux partis traditionnels, ils s’efforcent de tirer leur épingle du jeu pour conserver les positions acquises et stopper la vague dégagiste dont la menace demeure encore bien réelle. Ils ont recours eux aussi à quelques subterfuges pour se camoufler dans des listes dites “d’ouvertures”.

Mais parallèlement partout en France, des collectifs indépendants se constituent dans des communes de toutes tailles, et ils proposent des listes alternatives humanistes et écologistes pour les municipales. Ces listes citoyennes, menées dans leur grande majorité par des personnes issues de la société civile et non-encartées, préfigurent la grande fédération populaire que j’appelle de mes voeux. En effet, il s’agit pour la plupart de groupes extrêmements inclusifs, qui placent la démocratie au centre de leurs préoccupations, car ils croient avec raison qu’elle seule permettra d’entraîner le plus grand nombre vers les transitions écologiques et sociales dont notre pays a besoin. Je salue vivement toutes ces initiatives et je leur apporte tout mon soutien.

Venons-en à l’actualité internationale de ces quinze derniers jours, d’abord marquée par la crise humanitaire qui frappe la région d’Idlib au Nord-Ouest de la Syrie. Environ 800.000 personnes ont fui les banlieues d’Alep et d’Idlib depuis le mois de décembre 2019. Les deux tiers d’entre eux se réfugient dans des camps, des bâtiments ouverts aux vents. Près de 300.000 adultes et 500.000 enfants se trouveraient ainsi en très grand danger. Plusieurs sont déjà morts de froid.

Les opérations militaires et les bombardements dirigés par l’alliance russo-syrienne dans cette région sont inadmissibles. Ils frappent sans distinction les hommes armés et les civils, détruisent des immeubles entiers, des écoles, des hôpitaux, et même parfois des convois de familles en fuite. La Turquie quant à elle, a bâti un mur de béton large de 2m et haut de 3m, sur 564 km de long. Les civils syriens qui fuient les combats sont pris au piège et se massent à la frontière. Le Président turc contemple cette catastrophe humanitaire avec la plus grande indifférence.

Mais ce qui interpelle le plus dans le drame qui se joue, c’est la complicité de l’Union Européenne. En effet l’accord UE-Turquie, qui prévoyait une aide financière de l’UE destinée entre autres à soutenir la Turquie pour l’accueil des réfugiés sur son sol, a été en partie détourné. Selon les informations révélées par Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations (EIC), ce sont au moins 83 millions d’euros de véhicules militaires et d’équipements de surveillance qui ont été fournis à la Turquie afin de traquer les réfugiés. Cela est tout bonnement inacceptable.

Enfin, pour terminer sur une note plus positive, je souhaiterais évoquer la formidable campagne électorale menée par Bernie Sanders aux Etats-Unis, malgré un démarrage difficile, dans le cadre de la Primaire du camp Démocrate. Après avoir terminé ex-aequo avec son rival Pete Buttigieg dans l’Iowa le 3 février dernier, et remporté les élections du New Hampshire avec une courte avance le 11 février, Sanders est désormais donné favori des Primaires Démocrates suite à sa victoire écrasante dans le Nevada le 22 février. Le processus de désignation du candidat qui affrontera le Président sortant Donald Trump lors des élections à l’automne est encore loin d’être terminé, mais le contexte de ces élections permet d’espérer que Bernie Sanders l’emporte, ce qui constituerait une situation historique aux USA.

De ce côté-ci de l’Atlantique, il nous appartient dès aujourd’hui de rassembler et de préparer nos forces pour que, le moment venu, nous soyons en mesure de proposer une alternative crédible à l’ordo-libéralisme qui s’est imposé dans notre pays, détruisant notre modèle social et mettant à mal notre pacte républicain. J’appelle chacun.e d’entre vous, en responsabilité, à poursuivre la mobilisation contre l’actuel gouvernement, mais aussi et parallèlement, à vous impliquer dans les collectifs citoyens qui constituent le socle sur lequel nous pourrons asseoir une future candidature humaniste, écologiste et solidaire aux Présidentielles de 2022.

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