Quand les « décodeurs » déconnent : Le Monde accuse Jean-Luc Mélenchon de ne voir en Syrie « qu’une guerre de gazoducs et de pipelines ». C’est faux.
Tout d’abord, Jean-Luc Mélenchon n’a jamais affirmé que la seule explication de la guerre civile syrienne était l’enjeu énergétique. Personne ne conteste que l’élan du « printemps arabe » dans les pays voisins a été l’étincelle d’un processus qui s’est depuis transformé en guerre civile meurtrière.
Il a simplement rappelé avec constance que c’est le soutien financier, logistique et humain fourni par des puissances extérieures (Etats-Unis, Russie, Arabie saoudite, Qatar, Iran,…) qui a conduit à l’extrême violence de cette guerre civile (plus de 320 000 morts et 6 millions de réfugiés) qui dure depuis plus de 6 ans. Une guerre civile aussi longue et meurtrière se différencie-t-elle tellement des autres pays tels que l’Irak ou l’Afghanistan (producteurs de pétrole ou au carrefour d’oléoducs) qui n’ont pas connu de répit et de paix depuis l’intervention extérieure des Etats-Unis ?
C’est bien pour promouvoir ou protéger leurs intérêts géopolitiques, notamment énergétiques, que ces puissances extérieures alimentent ce conflit. En effet, de par sa situation (entre Moyen-Orient et Europe) et son accès à la Méditerranée, la Syrie se situe notamment sur le trajet ou au carrefour de grands projets de gazoducs qui doivent connecter les pays producteurs (Qatar, Iran, Azerbaidjan) aux consommateurs européens : Nabucco (Azerbaïdjan – Turquie – Europe) au Nord, Gazoduc de l’Amitié (Iran - Irak – Syrie – Europe) et le gazoduc Qatar – Turquie (qui passerait par Arabie saoudite, Jordanie, Syrie et la Turquie). La Russie étant actuellement le premier fournisseur de gaz des pays européens, il est évident que c’est un enjeu géopolitique majeur de savoir qui pourra aussi – avec elle ou en concurrence avec elle – fournir les pays européens en gaz dans le futur !