Lors de l’annonce des mesures prévues dans le cadre du plan hivernal Julien Denormandie, ministre de la ville et du Logement, a parlé d’un « effort sans précédent ». En réalité ce sont les mesures de remise à la rue et de fragilisation de l’accès au logement de ce Gouvernement qui sont « sans précédent ». Avec plus de 500 morts à la rue chaque année, il est légitime de demander plus que quelques milliers de places temporaires en hiver.
Alors que le nombre de personnes sans domicile ne cesse d’augmenter (+50% en 10 ans, environ 143 000 personnes en 2018), que le nombre de familles et donc d’enfants à la rue sans solution d’hébergement est sans précédent (1 appel sur 2 au 115 concerne des familles), que les services 115 sont saturés le nombre de places prévues dans le cadre du plan hivernal est équivalent à celui de l’hiver 2017-2018, déjà très insuffisant.
Sous Macron les remises à la rue sont devenues monnaie courante.
Contrairement à ce que semble croire le Gouvernement, les personnes sans-abris ne souffrent pas qu’en hiver. Alors qu’au printemps 2018 ce sont 36% des personnes hébergées dans le cadre du plan hivernal 2017-2018 qui ont été remises à la rue du jour au lendemain le PLF 2019 ne prévoit aucune création de places d’hébergement ni pérennisation des places hivernales. Il s’agit d’une gestion uniquement dans l’urgence du sans-abrisme et les personnes hébergées en hiver se retrouveront à nouveau dehors en avril.
Entre mai et septembre, les remises à la rue de familles hébergées à l’hôtel se sont multipliées sur plusieurs départements par manque de crédits pour répondre aux besoins. Dans les Hauts-de-Seine les services de l’Etat ont estimé qu’une famille ayant des enfants de 3 ans révolus pouvait retourner à la rue, dans le Rhône les familles n’ayant pas d’enfants de moins d’un an ont été déclarées « non prioritaires » pour accéder à l’hébergement, à Toulouse la Préfecture de Haute-Garonne a refusé d’appliquer la décision du tribunal administratif la contraignant à poursuivre la prise en charge de dizaines de familles, ….
Plutôt que de garantir des moyens pour prendre en charge ces familles, le gouvernement préfère mettre en danger la vie de centaines d’enfants en ne leur offrant aucune autre solution que la rue. Les annonces du plan pauvreté d’octobre pour lutter contre la pauvreté des enfants sonnent comme une mauvaise blague.
Enfin, en Ile-de-France, ce sont plusieurs dizaines de réfugié.e.s et demandeur.se.s d’asile, mis à l’abri pendant l’été dans gymnases ou autre structures temporaires qui ont été remis à la rue à la veille de l’ouverture de la trêve hivernale.
L’accompagnement social vers la réinsertion ? Trop coûteux pour le gouvernement.
En 2018, le Gouvernement a décidé de réduire de 57 millions d’euros sur 4 ans le budget des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) avec une première coupe de 20 millions d’euros en 2018. Certains CHRS se retrouvent ainsi contraints de fermer ou de réduire l’encadrement des personnes. Pour le gouvernement, peu importe l’accompagnement social et la réinsertion des personnes, les centres d’hébergement ne devraient pas avoir d’autres missions que la mise à l’abri.
La politique logement du gouvernement conduira un nombre croissant de personnes à la rue.
Depuis l’élection de Macron, le budget de l’Etat consacré au logement est en diminution fragilisant ainsi l’accès et le maintien dans le logement pour les plus précaires.
Avec la loi ELAN la trêve hivernale ne s’appliquera plus pour les personnes occupant un lieu « sans droit ni titre » et ces personnes ne bénéficieront plus d’un délai de deux mois entre la notification d’obligation de quitter les lieux et leur expulsion effective. Le « bail de mobilité » accroitra la précarité en permettant aux propriétaires de proposer un bail de seulement quelques mois et de ne pas le renouveler pour louer leur bien à de « meilleurs payeurs ».
Pour faire des économies, le gouvernement pioche dans les aides au logement. Après avoir diminué leur montant, il prévoit en 2019 de faire 1 milliard d’économie en les calculant sur les revenus en cours des personnes et non à partir du revenu annuel n-2 : toutes les personnes pour lesquelles la garantie d’une APL fixe était un critère de solvabilité pour les bailleurs verront leurs difficultés d’accès au logement s’aggraver et se retrouveront pour certaines sans autre solution que la rue.