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Intervention de Jean-Luc Mélenchon sur la contribution de la France au budget de l’Union européenne et sur la mauvaise gestion de ce budget (commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le 10 octobre 2018) :

« Commençons par faire une observation sur le budget européen lui-même. Parce qu’il y a à dire. Les collègues apprendront avec surprise, je suis sûr, à quel point ce budget est mal géré. Car, vous l’avez compris, c’est un cadre pluriannuel en Europe. Ce n’est pas d’une année sur l’autre : on vote sur 6 ans et après on exécute d’année en année.

Et d’année en année, le budget européen fait exactement le contraire de ce qu’il enjoint à tous les États-nations de faire. Pourquoi ? Parce qu’il accumule les impayés. C’est spectaculaire ! Aujourd’hui nous en sommes, en impayés du budget européen, à 1% du PIB de l’Europe ! 240 milliards d’euros d’impayés fin 2016. 260 milliards d’impayés prévus à l’horizon 2020, fin du cadre pluriannuel. Cette année, pour 2018, 160 milliards d’euros d’impayés.

Il s’agit donc d’une gestion tout à fait fantasque avec des retards absolument monstrueux dont l’économie européenne a à connaître. 1% ! 1% du PIB ! C’est pas rien ! Ce n’est pas une petite impasse comptable. c’est quelque chose qui a un impact direct sur le fonctionnement de l’économie générale de l’Europe.

Après, je viens sur la question de la contribution française. Vous vous souvenez de ce que j’ai dit l’année dernière sur le sujet. Le hasard de mon intervention avait fait que j’avais utilisé une formule anglaise qui était attribuée à Madame Thatcher : « I want my money back ». Pour la raison que, déjà, je voulais protester contre le fait que les Français payent le rabais des Anglais de l’époque de madame Thatcher. C’est pas la conquête par Guillaume le Conquérant mais presque ! On a continué, année après année, à payer un rabais indu à l’Angleterre.

Et puis comme les Français sont toujours les galants de service dans cette histoire, nous avons payé la part du rabais que les Allemands ne voulaient pas payer. C’est-à-dire la part du rabais anglais que les Allemands ne voulaient pas compenser. L’Allemagne, le pays le plus riche d’Europe, qui a amplement abusé de tous ses voisins après la réunification en imposant, vous vous en souvenez, le taux de conversion d’un mark de l’Est pour un mark de l’Ouest, ce qui nous a coûté 100 milliards compte tenu du niveau des taux d’intérêt que nous avons dû suivre sans aucune espèce de raison économique. Donc les Allemands, eux, ils ne payent pas tout leur rabais… Pardon : ils ne payent pas toute leur part de rabais sur les Anglais, et c’est, nous, les Français, qui payons à leur place. Bon, peut-être qu’on peut penser que cette comédie va se terminer avec le Brexit mais à ce moment-là on se posera d’autres questions.

Parce qu’il y a une autre évolution dans le budget européen qui mérite d’être regardée. En 1988, les droits de douane en Europe… [toc toc toc] Ah bien oui mais… bon je vais arrêter peut-être là-dessus mais je termine sur cette phrase : les droits de douane représentaient 30% du budget de l’Union européenne. Depuis, le libéralisme ayant fait son oeuvre, ils ne représentent plus que 14%. Mais pendant ce temps, les États qui ne payaient que 10% du budget total de l’Union européenne payent aujourd’hui 66% du budget total de l’Union européenne. C’est la raison pour laquelle je le répète, et je le développerait en séance plénière, la contribution des Français qui a augmenté de 8% en un an, - 8% en un an ! - 15% sur deux ans, peut être considérée comme une dépense somptuaire, d’autant que cette dépense est comptée dans l’évaluation du budget français et de son déficit par rapport aux normes comptables de l’Europe, ce qui nous est reproché comme vous le savez. »

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