A l’heure où les scandales sur les perturbateurs endocriniens se multiplient et où nous nous noyons sous la surabondance de déchets, les contenants en plastique dans la restauration scolaire paraissent anachroniques. Pourtant, ils sont présents dans les cantines, en contradiction totale avec le principe de précaution et la notion de développement durable.
Des perturbateurs endocriniens dans les assiettes de nos enfants ?
Les contenants en plastique dans la restauration scolaire soulèvent des questions de santé publique, à l’instar des problèmes posés par les plastiques utilisés pour la fabrication des biberons. Nos enfants mangent des aliments qui ont pu être cuits dans des poches en plastique, puis réchauffés au four dans des barquettes en plastique et servis chauds dans de la vaisselle en plastique.
Or nous savons que la chaleur favorise la migration des éléments chimiques depuis le plastique vers les aliments. Et ces éléments chimiques sont pour certains, des perturbateurs endocriniens avérés. Du Bisphénol A a même été détecté en 2017 dans de la vaisselle en plastique utilisée dans les écoles bordelaise, alors que le Bisphénol A est interdit depuis 2015 dans les contenants alimentaires.
Des analyses scientifiques ont été effectuée sur la vaisselle en plastique des écoles bordelaises, mais ces analyses sont incomplètes et ne permettent aucunement de trancher en faveur de innocuité de ces assiettes. De plus, les poches de cuisson et barquettes de réchauffe, également en plastique n’ont pas fait l’objet de tests.
J’ai donc interpelé la Ministre de la Santé, Madame Agnès Buzyn sur ce problème en lui demandant de prendre les dispositions nécessaire pour faire appliquer le principe de précaution.
Augmentation des déchets dans la restauration scolaire
Les contenants en plastique dans la restauration scolaire posent également un problème d’ordre environnemental. Ce matériel en plastique est pour partie à usage unique, comme les sacs de cuissons. Les assiettes, pour leur part, doivent être jetées au bout de 2 ans en usage normale. Rappelons que les contenants inertes comme les casseroles en acier inoxydable sont inusables et que les assiettes en verre trempée ne se changent que lorsqu’elles sont brisées.
J’ai donc interpelé le Ministre de la Transition Écologique et Solidaire, Monsieur Nicolas Hulot sur le volet impact environnemental de l’utilisation de ces contenants.
Question à Madame Agnès Buzyn
M. Loïc Prud’homme attire l’attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur des risques de contamination de l’alimentation des enfants et des adolescents par des perturbateurs endocriniens dans le cadre de la restauration scolaire lors de l’utilisation de contenants en plastique de type sacs de chauffe, bacs de réchauffe et vaisselle.
La mise en contact de contenants en plastique chauffés avec des aliments ou de plastique à température ambiante avec des aliments chauds, gras ou acides, augmente considérablement le risque de migration de ces molécules chimiques depuis le plastique vers les aliments contenus.
Ces mises en contact peuvent intervenir jusqu’à trois fois pour un même plat : premièrement lors de la cuisson. La cuisson à basse température sous vide des denrées alimentaires consiste à enfermer dans des sacs en plastique des aliments, à les mettre sous vide et à les plonger dans des bains d’eau chaude pendant des durées longues pouvant aller à plusieurs dizaines d’heures.
Deuxièmement lors de la réchauffe des plats. Des aliments transportés en liaison froide depuis les cantines centrales vers les cantines satellites peuvent être réchauffés dans des barquettes en plastique operculées qui sont mises directement dans des fours de remise en température.
Troisièmement lors du service. Certaines cantines utilisent de la vaisselle en plastique notamment pour les assiettes dévolues aux plats chauds. Bien que les aliments ne restent pas très longtemps dans ces assiettes, les rayures présentes à la surface de ces assiettes consécutivement à l’utilisation de couverts, peuvent augmenter le risque d’ingestion de particules de plastique et donc de molécules chimiques telles que les perturbateurs endocriniens.
Or à ce jour rien ne garantit l’innocuité de l’utilisation des contenants en matière plastique à chacune de ces étapes. La question est d’autant plus légitime qu’une analyse réalisée sur de la vaisselle en plastique utilisée dans les écoles de Bordeaux (durant l’été 2017) a démontré une présence de bisphénol A dans des échantillons, alors que la mise sur le marché de plastique alimentaire contenant du bisphénol A est interdite en France depuis 2015 (article 1 de la loi n° 2010-729 du 30 juin 2010).
Devant ces questions de santé publique, il lui demande combien de lieux de restauration scolaire (écoles, collèges et lycées) utilisent l’un de ces procédés décrits ci-dessus entraînant la chauffe de contenant en plastique ou le contact entre ces contenants et des aliments chauds.
Il lui demande également de mettre en place un principe de précaution vis-à-vis de ces procédés en les interdisant jusqu’à ce que l’innocuité de ces procédés soit démontrée, incluant la non-migration de substances dangereuses pour la santé des enfants, notamment les perturbateurs endocriniens, depuis les plastiques chauffés vers les aliments.
Voir la question sur le site de l’Assemblée nationale
Question à Monsieur Nicolas Hulot
M. Loïc Prud’homme attire l’attention de M. le ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire sur le nombre de déchets accru par l’utilisation de contenants en plastique de type sacs de chauffe et vaisselle dans la restauration scolaires d’écoles, de collèges et lycées.
Ces contenants en plastique, outre les risques pour la santé de nos enfants et adolescents (aspect abordé dans la QE n° 4979 à l’attention de Madame la Ministre de la santé) posent également un problème environnemental. Les sacs de chauffe, qui sont les sacs en plastique utilisés lors de la cuisson sous vide des aliments, sont à usage unique.
Quant à la vaisselle en plastique, elle doit être jetée après 500 lavages, soit après environ deux ans d’utilisation. Or il existe des solutions alternatives mobilisant des matériaux inertes et réutilisables. Ces solutions étaient d’ailleurs celles mises en œuvre avant que les procédés requérant l’emploi des contenants en plastique ne se développent. Les solutions utilisant des matériaux inertes et réutilisables sont : la cuisson dans des contenants en acier inoxydable et le service dans de la vaisselle en verre trempé ou en céramique.
Il demande au Ministre de la transition écologique à inciter les municipalités, les départements et les régions à utiliser ou à faire utiliser dans la restauration scolaires des contenants en acier inoxydable, en céramique ou en verre afin de contribuer à l’atteinte de l’objectif de réduction déchets ménagers et assimilés de 7 % à l’horizon 2020 porté par le Programme national de prévention des déchets 2014-2020 mis en place conformément à la directive 2008/98/CE sur les déchets.