Communiqué du groupe LFI-NFP
Face à l’ampleur des destructions d’emplois dans la filière automobile, la Commission européenne semble enfin prendre conscience des dégâts de son aveuglement néolibéral. Il est plus que temps. Mais on ne peut en rester aux demi mesures et aux effets d’annonce. Il faut changer de direction et passer la surmultipliée.
Tous les grands pays constructeurs protègent farouchement leur industrie, sauf les membres de l’UE. Les USA imposaient déjà 100% de droits de douane sur les véhicules électriques made in China, et Trump vient d’ajouter encore 20%. La Chine subventionne directement les véhicules destinés à l’exportation. L’Inde a imposé que 80% du contenu des véhicules vendu sur son sol soit fabriqué nationalement. L’Union européenne, elle, interdit encore les aides publiques directes, les barrières tarifaires nationales, et s’est opposée un temps au conditionnement du bonus écologique français. Elle vient à peine de relever les droits de douane sur les véhicules faits en Chine à 30% grand maximum, après des mois de pénibles négociations. La France a perdu 25 000 emplois en 5 ans à cause de ce dogmatisme.
Obliger les entreprises ayant un parc de plus de 100 véhicules - majoritairement des sociétés de leasing qui achètent 61% des véhicules neufs - à verdir leurs flottes est indispensable. Mais cette mesure existe déjà en France et n’a produit aucun effet, n’étant pas sérieusement sanctionnée. Tout va donc dépendre du niveau de sanction.
Imposer un contenu minimum de composants produits en Europe pour vendre une voiture sur le marché de l’UE est une des armes commerciales les plus fortes de l’Union. Là encore, les négociations iront-elles jusqu’au bout ? L’Allemagne a toujours mis en échec les mesures protectionnistes pour ne pas déclencher de rétorsion commerciale de la Chine ou des USA sur ses exportations. Les ventes internationales de berlines allemandes ont bloqué la taxe GAFA européenne. Il est permis d’espérer que le comportement extrêmement agressif de Donald Trump change la donne. Si ce n’est pas le cas, la France doit se tenir prête à imposer ces normes sous forme d’une taxe nationale.
Enfin, 3 sujets majeurs sont totalement absents des annonces de Stéphane Séjourné. Si les ventes de véhicules électriques ont chuté, c’est parce que les constructeurs n’ont cessé d’augmenter les prix - de 48 942 à 55 821 euros en 5 ans. Les discours enflammés du Vice Président français de la Commission sont risibles quand on sait qu’Emmanuel Macron a réduit par 2 les aides à l’achat de véhicules électriques dans le budget 2025.
D’autre part, l’industrie européenne ne pourra être compétitive, tant que l’ensemble des pays paieront un prix de l’électricité aligné sur la pire situation énergétique du continent : celle de l’Allemagne. Nous devons revenir à un tarif réglementé au coût de production national – divisant par 2 les prix - comme le demande le PDG de Renault.
Enfin, les mesures à l’échelle européenne n’empêchant pas le dumping des constructeurs vers l’Europe de l’Est, nous devons protéger nos emplois en conditionnant toutes aides publiques au maintien des effectifs en France.
Pour sauver le secteur, il est grand temps que les macronistes laissent la France insoumise prendre le volant.