Conformément au calendrier indiqué sur la page de l’Assemblée représentative 2020, la résolution politique qui suit, intitulée « Plus que jamais, l’avenir en commun ! », est ouverte à contributions des insoumis·es jusqu’au mercredi 24 juin.
Les conséquences de l’épidémie de Covid-19 révèlent l’échec d’un modèle et de ses adeptes. C’est l’échec de celles et ceux qui ont préféré le laisser faire du libre-marché à l’État et la planification, la compétition généralisée à la coopération, le grand déménagement du monde à l’indépendance et la relocalisation des activités indispensables. C’est aussi l’échec des euro-béat·es qui ont appliqué avec zèle les recommandations austéritaires de la commission européenne jusqu’au cœur de notre système de santé, nous rendant plus fragiles et vulnérables.
La gestion hasardeuse de la crise et les menaces qui pèsent sur les libertés publiques sont le signe d’une des pires dérives autoritaires de cette 5ième République à bout de souffle. Le dégagisme demeure une toile de fond bien installée. D’abord dirigé vers les responsables du désastre, il s’est mué en un dégagisme qui frappe toutes les institutions et se traduit dans une hyper-abstention. Mais l’énergie populaire est bien là. En témoignent la solidarité spontanée face à la crise humanitaire et la famine dans de nombreux quartiers, tout comme la capacité d’auto-organisation du personnel de santé face au pouvoir défaillant et sa technocratie hors-sol. En témoignent aussi, la montée en puissance de grandes mobilisations pour la santé ou contre les violences policières et le racisme qui gangrènent la République. L’état d’esprit « Gilets Jaunes » est toujours une réalité dans le pays.
Le peuple n’a plus confiance en celles et ceux qui dirigent. Il ne consent plus à la règle du jeu. La grève des urnes s’accentue élection après élection car aucune d’entre elles n’apparaît capable de répondre aux aspirations populaires à une vie meilleure. Plus que le chapitre d’un programme, le passage à la 6ième République par la convocation d’une Assemblée constituante apparaît plus que jamais comme une ardente nécessité.
Le pouvoir en place est à bout de souffle. Le groupe majoritaire à l’Assemblée nationale éclate en confettis et le Président de la République se trouve dans une impasse. Alors que les regards se tournent déjà vers la prochaine échéance présidentielle, tout porte à croire que ce quinquennat est terminé. Que restera-t-il du macronisme sinon qu’une aggravation de ce que Sarkozy et Hollande avaient commencé ? L’insécurité sociale règne dans le quotidien d’une majorité de Français·es désabusé·es et la deuxième vague du Covid-19 sera économique et sociale.
Derrière les discours présidentiels, pour le pouvoir en place, l’urgence est de refermer la parenthèse pour reprendre le cours de l’histoire comme avant. On croirait revoir Nicolas Sarkozy à l’issue de la crise financière de 2008. La seule perspective qu’Emmanuel Macron semble capable de proposer au pays est de relancer la machine « quoi qu’il en coûte », sans en interroger la nature ni en redéfinir les objectifs, et de payer la dette. Pourtant, l’ampleur de cette crise sanitaire fournit une occasion historique d’engager la grande bifurcation nécessaire pour relever les défis présents et futurs.
L’urgence écologique promet de nouvelles crises d’ampleur tout aussi, sinon plus, considérables que la crise sanitaire que nous affrontons. Il y a urgence à réorienter intégralement notre économie, nos modes de production, d’échanges et de consommation au service de la transition écologique tout en offrant à chacun·e le droit de vivre dignement. Même dans l’adversité de l’histoire, les jours heureux sont à portée de main. Nous en sommes certain·es : la France reste observée à travers le monde. Elle dispose des atouts nécessaires et d’un peuple disponible pour engager la transition et mettre ses savoirs en partage avec l’humanité tout entière. Les défis qui nous font face relèvent de l’intérêt général humain.
Face à la crise sociale qui vient, nous serons aux côtés des salarié·es en lutte, notamment pour leur emploi, en demandant que toute mesure d’aide nationale aux entreprises soit accompagnée d’exigences sociales et écologiques. Nous nous battrons pour un véritable bouclier social, pour élargir les droits des salarié·es face aux risques et notamment pour la mise en place d’une véritable sécurité sociale professionnelle. Les travailleur·ses n’ont pas à payer le prix d’une crise dont ils et elles ne sont pas responsables.
Nous multiplierons également les initiatives de solidarité concrète car La France insoumise se veut d’abord un mouvement utile au quotidien. Nous soutiendrons les mobilisations contre le racisme et les violences policières qui se sont amplifiées dans notre pays ces dernières semaines. Nous serons aux côtés des mouvements de lutte pour le climat pour refuser une réponse productiviste et climaticide. Alors que la crise sanitaire a mis au premier plan les métiers féminisés, nous poursuivrons nos mobilisations pour l’égalité femmes-hommes. Organisé en réseau social, en mouvement évolutif, nous nous définissons d’abord comme un outil au service du peuple, de ses mobilisations, de son auto-organisation et de ses aspirations. Au-delà du soutien à ces mobilisations, notre mouvement a vocation à en incarner le débouché par des propositions concrètes.
Il est temps aussi de préparer l’après-Macron. Dans ce contexte, La France insoumise redit son ambition. Avec 11 propositions de loi, deux plans d’urgence, un plan complet de déconfinement, une commission d’enquête publique faisant l’objet d’un rapport conséquent et une multitude de publications, l’activité du mouvement et de ses deux groupes parlementaires au cœur de la crise du Covid-19 est à l’image de notre ambition. Oui, nous sommes disponibles et prêt·es à gouverner le pays dès demain matin s’il le fallait.
Parmi les nombreux atouts dont dispose La France insoumise, son point d’appui essentiel nommé « L’Avenir en Commun ». Ce programme autour duquel se sont regroupé·es 7 millions de Français·es avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2017 n’est pas un objet marketing mais bien un projet de société. C’est pourquoi nous avons décidé de le remettre en circulation dans une version mise à jour qui constitue la contribution essentielle de La France insoumise aux discussions qui s’ouvrent de toutes parts. Loin de l’amnistie politique recherchée par les responsables de la crise, nous croyons à la stabilité et à la force de nos propositions. « L’Avenir en Commun » est non seulement un programme adapté à la situation présente mais il met sur la table les solutions pour relever les défis futurs.
Tout part du programme. C’est la condition d’une lisibilité et d’une cohérence à laquelle nous tenons. Nous encourageons l’ensemble des initiatives qui donnent corps à la fédération populaire que nous appelons de nos vœux. Dans les prochains mois, en lien avec l’espace programme du mouvement, les groupes d’action de La France insoumise prendront contact, sur tout le territoire, avec les collectifs citoyens, les syndicats, les associations et l’ensemble des acteurs indiqués pour procéder à des auditions afin de compléter « L’Avenir en Commun ».
C’est ainsi que nous entendons faire œuvre utile pour le pays.