Article rédigé par le groupe thématique « Banques » de La France insoumise. Vous aussi, rejoignez un groupe thématique.
La crise sanitaire et le confinement ont un impact très important sur la capacité financière des foyers. De même, les incidences sur le système financier tout entier ne sont pas à négliger.
L’impact de la crise sanitaire et du confinement sur la capacité financière des foyers
Tout d’abord, cette période entraîne une plus grande précarisation des foyers par la mise en place du chômage technique, l’arrêt des missions d’intérim, la fermeture des PME-PMI, la fin des prestations d’auto-entrepreneurs, la fragilisation des professions libérales, entre autres.
Bon nombre de citoyen·nes ne vont plus pouvoir assumer les dépenses quotidiennes. Leur situation sera aggravée par d’innombrables frais bancaires. La proposition de loi pour plafonner les frais bancaires, inscrite dans la niche parlementaire de La France insoumise (reportée) est plus jamais que d’actualité. En effet, avant la crise sanitaire, 6 millions de personnes étaient déjà mises à mal par 7 milliards d’euros de frais bancaires : 1100€ chacune. Avec la récession économique, ces frais vont inéluctablement s’intensifier.
Préconisations :
- Suspension immédiate et remboursement de tous les frais bancaires, conformément aux dispositions de la proposition de loi déposée par La France insoumise.
- Suspension des prélèvements avec report ou étalement pour toutes personnes en situation précaire (prêts bancaires, eau, électricité, etc.) ou offre de découvert équivalent à 2 voire 3 mois de créance, avec étalement sur 1 an.
Impact sur le système financier et recommandations à court et moyen termes
Les banques ont peu tiré les conséquences de la crise de 2008, aidées en cela par la passivité des gouvernements successifs qui les ont renflouées sans exiger de contreparties sociales ou environnementales.
La politique monétaire est également fautive : en distribuant massivement des liquidités qui ont tourné en boucle dans le système financier plutôt que d’alimenter l’économie réelle, elle a rendu plus tangible et plus violente la survenue du krach boursier que nous connaissons actuellement.
Comme si cela ne suffisait pas, la crise sanitaire est à nouveau un argument d’opportunité pour l’industrie bancaire, qui réclame l’assouplissement des exigences en capital. Son porte-parole français Éric Woerth s’est déjà illustré dans sa proposition de résolution de l’Assemblée Nationale refusant la transposition en droit européen des accords de Bâle 3.
Que va-t-il advenir ?
Grâce à l’action massive des banques centrales, la crise de liquidités est temporairement calmée. Mais rien n’a été fait du côté de la solvabilité. Quand les défauts de paiement d’entreprises et de particuliers vont se multiplier, les banques seront à nouveau exposées en première ligne. Et ce, à double titre : d’abord par les défauts de leurs clients, ensuite par les probables défauts d’acteurs de moyenne ou de grande taille du shadow banking (sociétés de financement, fonds de gestion, fonds de pension, etc.) qui entretiennent des liens financiers et institutionnels étroits avec les banques universelles.
Si les banques sont durement touchées, le crédit va se raréfier et entraver la reprise économique en même temps que des nationalisations ou des prises de participation importantes deviendront indispensables. Il va en résulter une augmentation massive du déficit public, qui risque d’être payée par tou·tes les citoyen·nes ensuite.
Quelles réponses ?
Face à ce type de crise qui mêle problèmes de liquidité et de solvabilité, plusieurs réponses sont possibles :
- Demander l’annulation des dettes publiques détenues par les banques centrales de l’eurosystème.
- Recourir à des mécanismes de financement direct de l’État ou des banques publiques d’investissement par la BCE.
- Éventuellement, en cas d’émissions d’eurobonds, demander le rachat sur le marché primaire de ces bonds par la BCE.
- Conditionner toute aide massive en capital ou en liquidités des banques privées à un verdissement rapide et important de leurs portefeuilles d’actifs ainsi qu’à l’annulation des frais bancaires pesant sur les catégories les plus modestes.
- Préparer la sortie de crise par un plan de réglementation de l’activité bancaire allant au-delà de Bâle 3 pour réduire les activités de marché des banques et les soumettre à des exigences en capital de 100% de fonds propres.
- Quand une grande banque ne peut pas s’en sortir sans concours de l’État, envisager une nationalisation permanente, et réfléchir à la préfiguration d’un futur grand pôle public bancaire.
Pendant ces jours de confinement les groupes thématiques de la France insoumise ont décidé d’apporter leur contribution à travers des réflexions sur la situation actuelle. Chaque jour, un ou plusieurs articles d’analyses seront produits par un des groupes thématiques. Retrouvez ces productions sur la page de l’espace programme.