Tous les sites

La place des transports publics dans la crise sanitaire actuelle

pARTAGEZ

Pendant ces jours de confinement les groupes thématiques de la France insoumise ont décidé d’apporter leur contribution à travers des réflexions sur la situation actuelle. Chaque jour, un ou plusieurs articles d’analyses seront mis en ligne et produits par un des groupes thématiques. Retrouvez ces productions sur la page de l’espace programme.

Depuis le début de la crise et à mesure qu’elle s’intensifiait sur le territoire, nous avons vu des citoyen·nes, notamment parisien·nes et autres habitant·es de grandes villes particulièrement touchées par le foyer infectieux, se masser dans les gares, et cela à quelques heures du confinement imposé par le gouvernement. 

En voulant « fuir » la capitale et les grandes métropoles, beaucoup de personnes se sont exposées au risque de prolifération du virus. Les mesures du gouvernement annoncées la veille du premier tour des élections municipales contrastait avec le discours rassurant de janvier alors que la crise montrait déjà des signes extrêmement inquiétants. Ajouté à l’impréparation et le manque de moyens des grands services publics, cela a conduit au terrifiant spectacle de milliers de personnes tassé·es les un·es contre les autres dans les halls de gare et serré·es dans des trains bondés, entraînant ainsi un risque de danger sanitaire pour les usager·es.

Ces comportements individuels sont en règle générale dénoncés pour leur manque de civisme et de solidarité. Mais lorsqu’ils prennent une forme collective, que les gens n’ont plus ni l’assurance d’être protégés, ni la garantie que tout sera mis en œuvre pour préserver leur santé et celle de leurs proches, alors c’est une remise en cause des décisions du pouvoir dont la parole ne convainc pas et crée directement cette panique. 

Ainsi, la mise à disposition des cheminot·es, avec tous les risques que cela implique pour les agent·es du service public ferroviaire afin d’assurer une continuité, n’était pas encadrée par un message clair et de règles strictes. Cela aurait permis aux voyageurs inquiets de différer leur départ pour celles et ceux dont le but était de fuir un danger qu’ils retrouveraient fatalement plusieurs centaines de kilomètres plus loin. Les autorités ont failli dans cette urgence, dans leur mission de communication et de contrôle de la situation sur le terrain. A la veille du week-end du 15 mars, ni le gouvernement, ni la direction de la SNCF ne répondaient favorablement à la demande urgente de certains syndicats du rail pour se prémunir de ce genre de situation, à la fois pour les agent·es et les usager·es.

Les mesures évoquées ci-dessous ne concernent que les transports ferroviaires et publics de voyageurs. Quant au fret, il ne devrait plus se limiter qu’au ferroviaire et ceci uniquement pour les produits de première nécessité autrement dit alimentaires, médicaux et sanitaires.

Les transports nationaux dans la crise

Les TGV, Intercités et même les navettes en avion sont des vecteurs de dissémination à l’échelle internationale et nationale. Un danger de cette ampleur imposait dès le début de la contamination des restrictions de circulations drastiques et un minimum d’hygiène, avec pour les personnels une désinfection des matériels roulants ou volants – après chaque trajet – ou la présence de produits nettoyants dans les toilettes des passagers a minima. Malgré les demandes, cela n’a pas été envisagé. 

La question est posée d’un arrêt total de tout transport, français ou européen. Le confinement imposé à l’ensemble de nos concitoyens devrait s’accompagner d’une barrière sanitaire nationale et internationale. Cela implique de réduire l’offre des transports à la stricte nécessité d’un service d’urgence.

Afin que les mesures fortes de confinement pour enrayer le virus mortel ne soient pas réduites au rang de demi-mesures, il faut aller vers la fermeture au public des gares et aéroports dont la mission première doit demeurer l’évacuation de malades graves vers d’autres hôpitaux. Cette décision aurait en plus pour avantage de moins exposer les personnels, en assurant un service minimum et un suivi sérieux de celles et ceux réquisitionné·es au travail.

En dehors des personnes autorisées à circuler sous un contrôle strict, en vue de missions spécifiques (ce qui devrait être la norme, des trains spéciaux peuvent être mis en circulation grâce au savoir-faire de la SNCF. Ils pourraient transporter des personnels de santé, aussi bien civils que militaires, en particulier la réserve sanitaire et les personnels de réserve, mais aussi les services de santé des armées devant être déployés en renfort dans les zones les plus contaminées. La circulation de ces trains peut dépendre de commandes des ministères de la santé, des armées et des transports. 

Nos transports publics du quotidien

Les TER et les transports urbains, tous deux utilisés au quotidien par les Français·es, demeurent un service public important, même en temps de crise. A la différence des trains nationaux, un minimum d’entre eux doit circuler, afin que les personnels des services publics d’urgence ou de l’alimentaire se rendent à leur travail. 

Pour autant, le cadencement doit être revu et adapté à la situation de crise. Même si le contrôle est compliqué dans la période, les autorisations administratives, attestations d’employeurs et cartes professionnelles permettent de vérifier le bon usage de ces transports, à la gratuité impérative. C’est à l’État de convenir de ces modalités en exposant au minimum les personnels de la SNCF et des transports urbains (métro, trams, bus) chargés des contrôles, ainsi que les différentes forces de maintien de l’ordre. Cela revient à organiser l’espace de la gare, des quais, des trains et des métros ainsi que des arrêts de bus et trams de manière à fluidifier les trajets des usager·es concernés, éviter les contacts et assurer ainsi un haut niveau de protection.

Concurrence et privatisation : nos ennemis

Seul un grand service public ferroviaire est en mesure de répondre à cette exigence des préconisations imposées par cette urgence sanitaire. Même si ses moyens ont été en partie détruits, les cheminot·es et les personnels des transports collectifs publics disséminés sur l’ensemble du territoire ont des compétences reconnues et transverses, en plus d’un attachement fort au bien commun et à l’intérêt général. Un système exposé à la concurrence, c’est à dire à la restriction permanente d’effectifs ou de moyens, dont l’organisation géographique suit les taux de profit plutôt que les besoins actuels et potentiels de la population, ne répond pas aux nécessités d’une nation forte et prête à faire face aux grands enjeux de l’humanité.

En conclusion

Ces mesures d’urgence concernant les transports doivent être intégrées au projet de loi qui va être débattu au parlement jeudi. Le gouvernement, au vu de la situation et des images de gares et trains pris d’assaut ces derniers jours, doit donner toute la mesure de la place des transports dans la situation d’urgence actuelle et légiférer afin de limiter réellement les déplacements inutiles. 

De plus, pour que ces mesures soient efficientes et efficaces, il est de son ressort d’arrêter une grande partie de notre économie en légiférant sur les métiers et professions réellement utiles pour le bien de la nation dans cette crise sanitaire. N’oublions pas non plus que pour le bien des usager·es, cette loi doit prévoir le remboursement de tous les abonnements rail et transports collectifs publics par les autorités organisatrices. 

Enfin, au sortir de la crise, il sera impératif de revoir la politique publique des transports ferroviaires et publics. Une telle révision doit associer l’expérience des syndicats professionnels des chemins de fer, des transports publics, des usager·es (panel tiré au sort), des associations, des représentant·es des régions, des député·es et du gouvernement. L’enjeu n’est pas seulement le coût de gestion annuel, mais aussi la capacité à maintenir un haut niveau de sécurité, appuyé sur un haut niveau de compétence rapidement mobilisable, afin d’affronter les futures crises sanitaires et/ou climatiques dont le virus Covid-19 donne un aperçu. 

Enfin, nous voudrions au travers de cette note rendre aussi hommage aux victimes, hélas décédées ou grièvement blessées, de l’accident ferroviaire entre un train et des personnels d’entretien des voies de mercredi 18 mars au nord de Strasbourg. Les mesures évoquées sont aussi là pour éviter de tels drames. Toutes nos pensées vont vers leurs collègues leurs ami·es et leur famille.

Article rédigé par le groupe thématique transports de La France insoumise. Vous aussi, rejoignez un groupe thématique.

Rechercher