Le samedi 23 février s’est ouvert le salon de l’agriculture Porte de Versailles à Paris. Lieu de rencontre de tous les professionnels du secteur c’est aussi, en cette année d’élections européennes et en pleine renégociation de la prochaine Politique Agricole Commune (PAC), une place stratégique pour préparer une autre politique alimentaire et agricole pour l’Europe.
La visite (très) organisée d’Emmanuel Macron a démontré que, de son côté, la politique du « en même temps » était toujours d’actualité. Poursuivant dans ses contradictions, celui-ci a vanté à tour de bras les mérites des petit·e·s producteur·rice·s français·es et des terroirs alors même qu’il poursuit dans le même temps la signature d’accords de libres-échanges (CETA, JEFTA, etc.) désastreux pour ces mêmes agriculteur·rice·s. Sans parler des multiples concessions aux lobbies de l’industrie agroalimentaire comme le report de l’interdiction du glyphosate, qui touche en premier lieu les producteur·rice·s
Les candidat·e·s France insoumise pour les prochaines élections européennes Laurence Lyonnais, Romain Dureau et Laurent Thérond étaient présent·e·s ce dimanche 24 février pour défendre une alternative au modèle ultra-productiviste et dérégulé appliqué par l’UE de Macron et Merkel.
Une table ronde était organisée par la Confédération paysanne. Le syndicat y présentait ses positions sur la PAC actuelle et à venir (en 2021).
Nos candidat·e·s ont partagé le même constat d’échec concernant la PAC : une faillite au plan économique avec la disparition des petites fermes, une faillite sociale avec la souffrance des agriculteur·rice·s qui peinent à s’en sortir (1 suicide tous les 2 jours dans le secteur agricole), une faillite environnementale avec notamment le recours à l’agrochimie qui détruit l’air, le sol, l’eau et la vie mais aussi un échec sur le plan alimentaire et sanitaire avec la présence de pesticides dans les produits et la part croissante des subventions de l’UE dans l’industrie des produits transformés majoritairement responsable de la malbouffe (à titre d’exemple une pizza surgelée est plus subventionnée que les fruits et légumes issus d’une production locale).
Enfin une faillite sur le plan démocratique puisque les paysan·ne·s et les citoyen·ne·s n’ont pas leur mot à dire dans la distribution de ces aides qui s’élèvent aujourd’hui à 60 milliards d’euros par an, soit 114€ par Européen·ne.
Face à ce constat, la Confédération paysanne a rappelé ses propositions : renationalisation de la PAC ou encore instauration de prix minimum d’achat pour les fournisseurs en France. L’actuelle dérégulation des marchés fait qu’aujourd’hui 30% des producteur·rices français·es ont disparu et que la France a perdu 50% de son autosuffisance sur les fruits et légumes à cause de la distorsion de concurrence entre pays de l’UE.
Romain Dureau, Laurence Lyonnais et Laurent Thérond ont eu l’occasion d’exposer à nouveau la position de la France insoumise sur la PAC, notamment avec nos partenaires européens, c’est-à-dire un projet qui vise une agriculture et une alimentation au service de l’intérêt général humain et non pas des marchés. Pour cela, plusieurs propositions ont été avancés comme le plafonnement des aides à l’actif plutôt que des aides à la surface qui favorise les plus gros agriculteurs et la concentration des fermes. Mais aussi la création d’un nouveau pilier pour revenir à la régulation des prix par la création de prix minimums, de mécanismes de taxe et droits de douane ou en encadrant les volumes de production. Impossible dans le cadre des traités actuels, un tel encadrement des volumes est pourtant devenu indispensable aujourd’hui pour revenir à une agriculture à échelle humaine et durable.
C’était l’objet de la rencontre suivante avec la plateforme « Pour une autre PAC » réunissant plus de 35 associations. L’occasion de croiser les questions sociales, sanitaires ou encore de bien-être animal lors de la présentation de « l’Atlas de la PAC », un document d’expertise citoyenne. Là encore les propositions de l’Avenir en commun, des différents livrets qui l’accompagnent et du programme européen ont permis de faire émerger une majorité de points de convergence avec les acteur·rice·s de cette plateforme.
Faire passer l’intérêt général avant celui de la finance nécessite de créer une véritable politique publique d’intérêt général placée sous le contrôle démocratique, de sortir l’alimentation des règles de la concurrence et de la spéculation, de permettre aux producteur·rice·s de vivre des revenus issus de leur travail, mais aussi de conditionner les aides à une transition sociale et écologique. Des propositions au cœur du mouvement « Maintenant le peuple ! » avec nos partenaires européens qui milite pour « une PAC cohérente et ambitieuse avec des objectifs environnementaux et sociaux, qui apportera une contribution essentielle à la construction de l’Europe des Peuples que nous voulons ». Assurément l’un des enjeux de l’élection du 26 mai 2019.