Edito de Charlotte Girard, candidate aux élections européennes, publié le 10 décembre 2018 sur heuredupeuple.fr
Les jours de colère s’enchaînent. Le peuple a engagé un rapport de forces avec le pouvoir. Un pouvoir devenu illégitime parce qu’il est haï et haï parce qu’il est illégitime. On connaît ça en France qui a vu naître son peuple politique dans le refus du pouvoir illégitime.
Ce refus s’est exprimé à plusieurs reprise dans l’Histoire. Souvenez-vous : « Pour moi, c’est non ! » C’était le slogan de la campagne victorieuse contre le traité constitutionnel européen en 2005. Nous avions dit non à cette Europe des critères de Maastricht, à l’Europe de l’AMI (l’accord multilatéral sur les investissements) et de la directive Bolkenstein ; non à Chirac aussi, réélu en 2002 avec un score de 82,21 % face à Le Pen. Chirac s’y croyait ! Tout lui était permis puisqu’il était du côté de l’UE : du côté du oui. Tout le monde visible chantait en chœur : Oui ! Mais pour nous, c’était toujours non. Un non acté par référendum le 29 mai 2005. Et le pouvoir illégitime s’est vengé en passant en force trois ans plus tard. Malgré nous, malgré notre non.
Depuis quatre semaines, nous disons non à nouveau. Non à un Président qui s’y croit, alors que, comme Chirac en 2002, il n’a été élu que parce que Le Pen lui faisait face. Non au traitement austéritaire qu’il nous inflige au point qu’on n’arrive plus dans ce pays à vivre de son travail. Ce traitement est tout droit venu de la Commission européenne et de son armée de lobbies. Macron est l’aboutissement d’une onde déclenchée au début des années 2000.
Cette fois encore nous dirons non, dans la rue comme dans les urnes. Côté rue, avec les gilets jaunes. Côté urnes, pour prendre le pouvoir et en faire l’outil de la représentation des revendications politiques des gens, celles qui viennent de l’expérience de la vie réelle et qui désignent l’intérêt général humain. Représenter ces revendications populaires qui s’expriment enfin si fort et si clair, c’est les porter dans les lieux de pouvoir et dans le premier d’entre eux : les institutions de l’Europe libérale. Il faut des candidats et des candidates pour le faire.
Les femmes et les hommes de la liste de Maintenant le peuple sont candidats à dire non, armés d’un programme radical - L’Avenir en commun en Europe aussi ! - et le sens du combat politique chevillé au corps. Celles et ceux qui seront élus prolongeront ce refus depuis la rue jusqu’au milieu des institutions européennes, comme le groupe parlementaire de la France insoumise installé dans les travées de l’Assemblée nationale, comme les gilets jaunes qui s’avancent jusque sous les fenêtres de l’Élysée.
Dire non à l’UE actuelle, c’est dire non à ce que les dirigeants européens en ont fait : une dictature du marché unique, des banques et de la finance. Mais c’est aussi pouvoir dire oui à l’Europe, celle des peuples souverains soucieux du bien-vivre ; et récupérer par la désobéissance des marges de manœuvre pour répondre aux urgences écologique, sociale et démocratique ainsi qu’à l’urgence de la paix.