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« PRENEZ GARDE, un pays qui SACRIFIE sa JEUNESSE sacrifie son AVENIR »

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Intervention de MURIEL RESSIGUIER concernant la mission Recherche et Enseignement Supérieur du Projet de Loi de Finance 2019
« Prenez garde, un pays qui sacrifie sa jeunesse sacrifie son avenir »
Intervention de MURIEL RESSIGUIER concernant la mission Recherche et Enseignement Supérieur du Projet de Loi de Finance 2019
« Prenez garde, un pays qui sacrifie sa jeunesse sacrifie son avenir »

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Monsieur le président, Monsieur le Ministre, Monsieur le rapporteur, chers collègues,

Sans surprise, le budget 2019 poursuit une politique d’austérité générale qui met à genoux les plus fragiles : notamment les retraités, les étudiants, les personnes en situation de handicap, autrement dit, les Français les plus modestes.

En tenant compte de l’inflation et de l’évolution démographique, le budget de la mission recherche et enseignement supérieur n’augmente que de 0,2%. Pourtant, les besoins sont énormes et ces domaines contribuent à conférer à la France un rayonnement international.

Mais pour vous, peu importe :

- si les effets néfastes de l’autonomie des universités qui doivent trouver des financements seules et se tournent vers le privé, commencent à se faire sentir.
- si la dotation que l’Etat leur attribue n’a pas suivi l’augmentation de leurs dépenses,
- si d’après la cours des comptes ; une quinzaine d’universités sont en difficulté financière.
- si l’Université n’est plus accessible à tous,
- si Parcoursup a remis en cause la démocratisation de l’enseignement supérieur en sélectionnant les étudiants,
- si la qualité des enseignements se dégrade
- et si le parc universitaire se délabre.
Le Programme « Formation supérieure et recherche universitaire », voit son budget diminuer de 63 millions d’euros malgré une forte augmentation du nombre d’étudiants.

Le budget par étudiant a été baissé de 10% en 5 ans et vous continuez sur cette lancée.
Or, 10% c’est significatif : c’est un choix politique clair de désengagement, voire de désintérêt progressif de l’Etat pour la question universitaire.

Concernant la recherche, le gouvernement ouvre les portes au privé et orchestre la fuite des investissements publics vers les entreprises. Alors qu’il faudrait renforcer les moyens humains et financiers du CNRS et des autres organismes publics de recherche, et donner les moyens aux doctorants et aux chercheurs de travailler dans des conditions optimales. En effet, la recherche fondamentale qui s’inscrit souvent dans le temps long doit être préservée et non soumise aux logiques de rentabilité à court terme. Or, vous faites le choix aberrant d’intensifier les interactions de la recherche publique avec les entreprises, notamment via la création de start-ups.

Dans son discours du 16 octobre 2018, le président a abordé la transition écologique qu’il estimait nécessaire de mettre en œuvre. Mais en parallèle, le programme “Recherche dans les domaines de l’énergie, du développement et de la mobilité durable”, voit son budget diminuer de 36 millions d’euros. À l’heure de la transition écologique, c’est un non-sens.

En effet, ce programme est un appui scientifique qui permet d’éclairer les décisions des pouvoirs publics dans des domaines caractérisés par des connaissances et des techniques sans cesse en évolution.

Vous le savez, nous combattons cette logique du tout privé et de la marchandisation du savoir.

Au contraire, il serait judicieux de stopper l’hémorragie qui permet aux entreprises de bénéficier tous les ans de 6 milliards d’euros d’argent public via le Crédit Impôt Recherche qui est bien souvent détourné.
Il faudrait s’employer à rétablir aussi l’égalité entre les territoires et l’accès au savoir pour tous.
Les universités françaises doivent rester fidèles à leur mission de service public. Les objectifs ne doivent pas être uniquement l’employabilité et la rentabilité mais bien la formation de citoyens émancipés pourvus d’esprits critiques.

Enfin, nous estimons que nous avons besoin d’une recherche publique, indépendante, et libre. Dans un champ aussi fondamental pour la société que celui du savoir, votre politique d’austérité est inconsciente. Il est inconcevable que presque la moitié des salarié·e·s de l’ESR soit des précaires comme c’est le cas aujourd’hui ; que les moyens actuels permettent au mieux de financer 30 % du fonctionnement des laboratoires publics ou encore, que le nombre insuffisant de bourses accordées ou le manque de logements conduisent nos étudiants à s’endetter pour financer leurs études.

Prenez garde, un pays qui sacrifie sa jeunesse sacrifie son avenir.

Je vous remercie.

Muriel Ressiguier

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