Pour une université européenne insoumise

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Sous l’impulsion de la députée insoumise Sabine Rubin, était organisé ce vendredi 25 mai un colloque dans l’Assemblée nationale intitulé « Pour une université européenne insoumise ». Cette journée-débat qui a vu la participation de nombreux intervenant·e·s européen·ne·s, mais aussi sud-américain·e·s se voulait force de proposition et collaborative afin d’envisager, comme l’a expliquée Sabine Rubin en introduction : « une Europe et en monde de la connaissance et du savoir, de la recherche et de la créativité, mais libéré de l’asservissement à l’utilitarisme ». 

Ce moment de réflexion était également l’occasion de venir contester, une fois encore, la mise en oeuvre du processus de Bologne. Lancé depuis maintenant 30 ans celui-ci vise à créer un espace européen de l’enseignement supérieur qui serait finalement plus calqué sur le mode entrepreneurial que sur celui d’un véritable lieu de diffusion du savoir. Cette volonté de fonder, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, une « Europe des universités »  adaptée aux « besoins du marché »  se montre de plus en plus problématique puisqu’elle modifie en profondeur nos universités sans répondre aux problématiques actuelles qu’elles rencontrent (manque de personnel, surpopulation, chômage des jeunes, etc…). De nouvelles perspectives doivent nécessairement être envisagées, passant par une collaboration entre les différent·e·s acteur·rice·s de l’enseignement et de la recherche. Plusieurs propositions ont été avancées lors de la journée : croissance de l’investissement public dans l’ESR européen, gratuité de l’université publique, harmonisation d’un statut protecteur des personnels, mise en place d’un salaire étudiant ou encore la réorientation des programmes européens de formation.

Retour sur ce 25 mai à l’Assemblée, divisé entre ateliers et tables rondes :

Les débats ont débuté autour d’une première question : « Politiques de l’Union européenne et processus de Bologne : au service du marché ou des citoyens ? ». Patricia Pol, universitaire française, a dénoncé ainsi un processus répondant à « l’idéologie anglo-saxonne ». L’analyse des dernières décennies de politique européenne ont effet pu démontrer toutes les conséquences désastreuses des différentes mesures engagées (autonomisation et privatisation, élitisme et sélection, nouveau management public) qui aboutissent à de situations difficilement tenables pour les étudiant·e·s et les enseignant·e·s.

Deux ateliers étaient ensuite organisés « Pour en finir avec l’urgence managériale » et « Où en sont les luttes des personnel·le·s et des enseignant·e·s en Europe et dans le monde ? ».  Plusieurs universitaires, français·es ou étrangèr·e·s ont pu intervenir afin de faire un bilan des mobilisations et critiquer le nouveau « package » néo-libéral mis en oeuvre dans l’enseignement supérieur.

Après la pause déjeuner et une première restitution des travaux de la matinée, une nouvelle table ronde était lancée sur les alternatives européennes et l’accès au savoir. Comment partager celui-ci, le rendre accessible au plus grand nombre et par quels biais ? Telles étaient les pistes explorées lors de ce premier débat. Des intervenant·e·s italien·ne·s, grec·que·s et argentin·e·s ont pu y détailler leur expérience tout en présentant de nouvelles méthodes à l’oeuvre dans leurs universités.

Par la suite, direction les deux bureaux prévus pour les ateliers de l’après-midi où les participant·e·s travaillaient sur les conditions financières de l’accès au savoir d’un côté et sur  les coopérations européennes et mondiales sur l’enseignement et la recherche de l’autre. Olivier Tonneau, professeur à Cambridge, est notamment intervenu pour dénoncer les dérives des privatisations et des frais de scolarités qui seront amenés à croître d’autant plus dans les années à venir. Après ces ateliers une nouvelle restitution des travaux s’est faite dans la salle principale avant de refermer cette journée riche en échanges et en idées…

Retrouvez la conclusion de cette journée-débat en vidéo, avec la participation de Charlotte Girard (coordinatrice du programme) :

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