On a compris, je crois, que la France insoumise est un mouvement qui rassemble toutes sortes de réseaux et de personnes dans une libre association où chaque personne définit elle-même son degré d’implication. C’est aujourd’hui la structure la plus ouverte du paysage politique. Je sais à quel point c’est troublant dans le monde des structures post-léninistes de toute taille qui forment la nébuleuse de l’autre gauche comme de la gauche traditionnelle. La droite elle aussi est aussi construite sur des structures pyramidales de même nature. Ce n’est pas d’aujourd’hui. Comment oublier que le RPR de Jacques Chirac et Charles Pasqua avait lui aussi un « comité central » ? Dans le moment présent, le décrochage des partis traditionnels est aggravé par leur impuissance à se réancrer socialement autant que par la crise générale de crédibilité qui les frappe. Seul le « Parti de Gauche » a eu une réflexion sur le sujet et surtout lui seul en a déduit une ligne stratégique et un plan de marche incluant sa propre dissolution, à terme, dans une nouvelle structure. L’idée qu’un parti se mette au service d’un plan de marche incluant sa propre disparition est évidemment tout à fait hors norme. L’auto isolement des autres composantes de « l’autre gauche » a évidemment rendu un service inestimable à la mise en œuvre de la démarche. Je ne cache pas que je ne m’y attendais pas. Mais j’en ai pris acte. Puisque chacun veut son chez soi qu’il en soit ainsi.
J’en vois les avantages aussi. En Espagne, Pablo Iglesias et Podemos ont failli mourir à plusieurs reprises des conséquences de l’entrisme de fait de dizaines de groupuscules pourrissant l’atmosphère de leurs inépuisables batailles de grimoires. Ici, à l’inverse, sans trop de casse et malgré bien des interrogations très légitimes, le transvasement s’est opéré sans déchirement et en pleine conscience du style à adopter. Avec le PG, la NGS (nouvelle gauche socialiste) s’est mise au diapason du même plan de marche. Les « Communistes insoumis » et les « Cnsemble insoumis » se determineront le moment venu. D’ici là, ils sont présents dans l’espace politique qui est une des composantes du mouvement « la France insoumise ». Du coup, en quelques semaines, des centaines de personnes sont devenues des points d’appui pour une foule de novices qui ont pu bénéficier de leur culture de l’action collective. L’amalgame des deux catégories a été un des enjeux les plus délicats de la période de lancement du mouvement « La France insoumise ». Ce qui a tout facilité, c’est évidemment que des outils matériels existaient permettant à chacun de trouver sa place et de la prendre. La plateforme « Nation builder » puis les outils qui l’ont suivi et complété ont joué un rôle décisif dans ce déroulement. Sans ces outils, rien de ce que je décris n’est possible.
Ici même, dans le passé, j’ai présenté mes raisonnements sur la relation existante entre les réseaux sociaux et l’émergence du peuple comme acteur politique. Les réseaux ne créent pas le peuple politique mais ils en sont la forme d’expression et d’organisation de base. Cette thèse est esquissée dans mon livre L’Ère du peuple. On doit comprendre alors que notre campagne électorale est la mise en œuvre d’un schéma général.
Il est donc vrai que le cœur du mouvement repose sur une plateforme internet et sur ses satellites. « La France Insoumise » est donc, à maints égards, un réseau social internet. Pour autant, contrairement à ce que croient des esprits mal informés des réalités de leur temps, un réseau « virtuel » est une réalité bien concrète. Au point qu’il est capable de se matérialiser aussi dans la vie concrète ordinaire. La preuve de l’existence concrète de notre réseau est qu’il agit dans le monde concret. Il écoule aussi une quantité considérable de matériel traditionnel, à l’ancienne. Je ne vais évoquer que cela aujourd’hui réservant à une prochaine publication le bilan de notre action militante sur la toile. Je choisi donc ici de faire le point sur le volet matériel en forme traditionnelle de notre action. Mais, je le répète, ces chiffres qui nous situent au niveau des grandes formations politiques du passé ont une origine dans des recrutements en lignes et des contacts établis et construits sur internet. Ces chiffres se réalisent avec une masse de gens qui ne s’associent parfois que ponctuellement à l’action.
Pourtant, au total, il s’agit d’un élan formidable. Depuis février dernier, les commandes individuelles de matériel de campagne et celles résultant de la création de 1800 groupes d’appuis en attestent. Mathilde Panot qui les anime recense quatre millions six cent mille tracts diffusés depuis le mois de mars dernier. Depuis la rentrée, nous avons vu partir de cette façon 2,7 millions d’exemplaires de ce total. C’est-à-dire presque les deux tiers. Ce qui signale que la campagne présidentielle est dorénavant commencée, notamment depuis Novembre : envol des commandes et pics d’engagements. J’ajoute que 1 500 000 autocollants sont également partis sur le terrain. Oui, un million et demi ! Le groupe des amis qui constituent notre brigade postale qui prépare les envois au siège de campagne a compté 600 000 affiches roulées en direction du terrain depuis le début de la campagne. En ce moment, c’est la folie. Les copains/copines font des colis et transportent des masses de paquets du matin au soir. Chaque jour on voit la chaîne se former dans l’escalier du siège et les paquets passent à bras humains depuis le rez de chaussé jusqu’à l’étage puisque le maudit monte-charge est en panne la moitié du temps ! Et ce n’est pas fini. Une série de 15 tracts thématiques accompagnent la parution du programme L’avenir en commun. Le tirage total est à 5 millions d’exemplaires pour toute la série. La cadence des envois enseigne que tout sera parti fin décembre sans doute.
Quant au programme « L’avenir en Commun », vendu trois euros, c’est déjà un best-seller puisqu’il est en deuxième position des ventes d’Amazon après Harry Potter. C’est le premier des ventes dans la catégorie des livres politiques. Sur le terrain, les ruptures de stock dans les librairies se constatent un peu partout. Je recommande donc à ceux qui me lisent et se préparent à organiser leur propre vente de ce livre programme dans la rue pour le week end national de vente du 10 et 11 décembre d’aller acheter leurs livres en pile chez le libraire du coin. La vente les remboursera évidemment bien vite. Cette journée de diffusion est un nouveau test pour nous, après la tenue de la Convention à Lille, et la tenue de 400 réunions de circonscriptions législatives dont j’ai parlé dans ma précédente note de blog.
À présent, il y a ce défi des deux jours de vente du programme. Une fois encore ce sera une mine de leçons à tirer pour perfectionner notre méthode quand viendra la campagne de fond en 2017. Comme à chaque étape de notre travail, une séquence active doit être considérée comme un entrainement pour la suivante. Au cas précis, il faut savoir que nous visons autant le nombre des points de vente que leur visibilité. Il est donc important de préparer cela avec soin. Chaque point serait mieux vu et compris si on y trouvait des musiciens, des choristes (sur le modèle des « mélenchanteurs » de 2012) des acteurs de rue, ou que sais-je encore, qui mettent en scène de cette façon l’énergie qui nous anime pour aller à la rencontre des autres. Cette rencontre a commencé sur la toile avec ces huit vidéos vues chacune par au moins un millions de personnes trois d’entre elles par plus de trois millions de personnes et une d’entre elles par plus de six millions ! Elle doit à présent se concrétiser dans le contact physique.
Je sais que c’est parti pour essayer d’être le cas. Par exemple on me dit qu’à Lyon il y aura dix points de vente. Autant à Lille et à Strasbourg. Vous pourrez voir des images et de comptes rendus sur le site jlm2017. Je crois que dans toutes les grandes villes il y aura du monde sur le pont. Je serai heureux que ce soit de même dans le reste du pays et notamment dans la ruralité. On fera le point dès que les reportages seront remontés sur le site et les pages Facebook. Je voudrais que les personnes qui me lisent en déduisent qu’une campagne de ce type n’est pas une campagne de communication mais d’implication. L’ancrage et la solidité du socle que repèrent les sondages à notre sujet vient de là. Nous menons une campagne d’adhésion à des idées et à un programme. La vérité est que les idées sont déjà là. Ce qui compte c’est de leur proposer un port d’attache sûr et stable. Les gens savent alors ce qu’ils ont a faire quand ils nous choisissent. Ils savent et ils sont d’accord pour agir. Parce qu’ils savent que ce n’est pas en vain !