L’alerte maximum du 8 août

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C’est sans doute la nouvelle qui devrait concentrer l’intérêt des producteurs de ce que l’on appelle l’actualité. Je pense à l’avancée affolante du jour à partir duquel notre société prélève davantage sur la planète que ce que celle-ci peut reconstituer. Cette année, c’est le 8 août déjà. Jusqu’à la fin de l’année nous vivons à crédit, en quelque sorte, sur l’année suivante !

En cause le fonctionnement ordinaire de notre mode de production, d’échange et de consommation. C’est-à-dire l’essentiel de ce qui fait la civilisation humaine. Cette avancée de la date est constante depuis plusieurs décennies. Cette année, la nouvelle s’ajoute à celle selon laquelle le dérèglement climatique serait en phase d’approfondissement avancé avec le constat que cette année aura battu des records de chaleur. Les gens un tant soit peu informés savent ce que cela annonce à court et moyen terme : des épisodes climatiques extrêmes et des évènements qui finiront par avoir raison des fragiles réseaux sur lesquels repose notre époque.

Inondations et sécheresses, ouragans, tout sera progressivement à des multiples de ce que nous connaissons déjà. Comme ce type de mutation est corrélé à des dizaines de facteurs en amont et impactent des milliers d’autres en aval de leur survenue, ce qui s’avance vers nous est un processus global et non une addition de conséquences strictement délimitables. De plus, le phénomène de bifurcation de l’état général de la planète n’est pas progressif, contrairement à ce que l’intuition peut suggérer. Il se déploie par paliers irréguliers et souvent très brutaux. Au total, on peut analyser ce qui vient comme un processus global de dislocation de ce qui existe et nous semble pourtant le plus solidement établi.

Un regard philosophique doit nous permettre de « relativiser » l’évènement en le situant dans le temps profond. L’humanité vit dans un modèle de civilisation qui provoque déjà une extermination massive des espèces vivantes. Peut-être parviendra-t-elle à se détruire elle-même en même temps. Sans doute détruira-t-elle toutes les conditions de sa survie sur le mode présent. On peut donc imaginer ou bien cette planète sans êtres humains ou bien avec des groupes survivants dans des conditions de dénuement et de brutalité qui jusque-là semblaient réservées aux récits de sciences fiction.

Quelle importance pour la nature ? Aucune. Elle continuera certes dans d’autres conditions et d’autres manières avec d’autres êtres vivants. La planète continuera sa course dans l’univers infini ou pullulent des mondes innombrables, selon la formule de Giordano Bruno au 16ème siècle que l’Église condamna au bûcher pour cela. On s’amusera peut-être en pensant qu’Engels, le compagnon d’écriture de Karl Marx, avait envisagé la question à sa façon en se disant que l’émergence de la conscience dans le vivant devait correspondre à une nécessité de la nature telle que si elle venait à être détruite sur la terre, elle réapparaîtrait à coup sûr ailleurs dans l’univers.

Je n’évoque ces points de vue que pour mieux souligner la responsabilité des êtres humains sur leur destin. Leur élimination n’est un problème que pour eux-mêmes. Et la solution est cent pour cent politique. Il faut tout changer, aussi vite que possible avec autant d’ordre et de méthode que possible. Les problèmes le plus urgents ce ne sont ni l’islam ni la dette publique mais le consumérisme et la dette écologique. Car ces deux-là tueront tout le monde, les islamistes en même temps que les créanciers, les débiteurs et les athées et ainsi de suite. Et c’est en imaginant quelles pourraient être les issues et la façon de les envisager que choisiront les êtres humains qu’a été théorisée la Révolution citoyenne.

C’est à partir de ce constat qu’a été construite la doctrine de l’éco-socialisme. Ce terme convient mal j’en suis conscient. L’adjonction des deux mots parait annoncer un oxymore. Le socialisme s’est en effet présenté dans l’histoire comme un système hautement productiviste confondant progrès humain et développement des forces productives dans l’acception la plus rude de ce mot. Dans tous les pays de l’est de l’Europe et dans maints pays ailleurs il est si chargé de controverses qu’on perd son temps à d’interminables précisions sitôt qu’on l’énonce. Pour ma part, je suis à la recherche d’un mot qui permette de situer une communauté d’intérêt général propre à toute l’humanité par-delà toutes les frontières et identités culturelles ou sociales. Je vois notre point de vue comme celui d’un nouvel humanisme radical dans le sens où il s’adresse à l’humanité en tant que telle et du point de vue de sa survie comme projet global. C’est pour cela que je place notre campagne de 2017 sous l’angle de « l’intérêt général humain ». Comme expliqué dans L’Ère du peuple.

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