Un article du groupe thématique Culture de la France insoumise
Dans un entretien donné pour Le Parisien ce mardi 21 juin, la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak a annoncé son soutien au président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) Dominique Boutonnat, accusé d’agressions sexuelles, et légitimé sa possible reconduction à la tête de l’institution. Après n’avoir rien eu à redire de l’éviction du collectif Me Too Théâtre de la cérémonie des Molières de Jean-Marc Dumontet, la ministre de la Culture commet ici une nouvelle insulte de l’exécutif à l’égard de l’ensemble des victimes et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. En ajoutant à cela le maintien de Gérald Darmanin et de Damien Abad au gouvernement malgré les accusations à leur encontre, le second quinquennat d’Emmanuel Macron débute de la même manière que s’est déroulé son premier concernant ce qui devait être la « grande cause du quinquennat » et qui l’est de nouveau : dans la brutalité et dans l’indécence.
Nommé par Emmanuel Macron en 2019, Dominique Boutonnat avait été mis en examen en février 2021 pour tentative de viol et agression sexuelle sur son filleul. Plusieurs organisations professionnelles avaient alors demandé sa mise en retrait le temps de l’instruction, ce qui leur avait été refusé au plus haut niveau de l’État, au nom de la présomption d’innocence. À la même période, le CNC mettait en place une formation obligatoire pour lutter contre les violences sexuelles au sein des entreprises ou des tournages, conditionnant ainsi ses aides à son respect pour l’ensemble des employeurs du secteur (les directeurs de sociétés de production, distribution, jeux vidéo, etc.). La situation devenait alors ubuesque, les pouvoirs publics condamnant d’une main ce qu’ils semblaient conforter de l’autre.
Dans les suites de cette mise en examen, le parquet de Nanterre a récemment requis le renvoi de Dominique Boutonnat devant le tribunal correctionnel pour agression sexuelle sur son filleul.
Alors que la présidence du CNC devrait être de nouveau questionnée en juillet, la ministre a tranché en réaffirmant sa confiance à Dominique Boutonnat toujours au nom de la présomption d’innocence. Un message indécent perpétuant la culture du viol et de l’impunité alors que celles et ceux qui portent avec courage cette libération de la parole sont encore trop régulièrement victimes de campagne de dénigrement et de harcèlement. À ce titre, la France insoumise réitère son soutien à toutes celles et ceux qui luttent contre ces violences et se tient à leurs côtés.
Par les représentations du monde qu’ils véhiculent, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les arts concerne toute la société. Les secteurs culturels progressent à grand pas dans ce domaine en se dotant des dispositifs pour mener ce changement nécessaire. Cette lutte active et structurelle doit aller de pair avec une action publique et des choix politiques clairs. Dominique Boutonnat aurait dû démissionner et ne doit aujourd’hui pas être reconduit.
Cet épisode confirme la nécessité d’une évolution du fonctionnement des centres nationaux de nos industries culturelles pour aller vers une gouvernance plus démocratique telle que le proposent la France insoumise et l’Union populaire. Cela permettrait que ces institutions soient à l’image de la création d’aujourd’hui et des préoccupations qui la traversent, et non plus l’expression du fait du prince et de toute la violence qu’il peut comporter comme c’est le cas ici. Nous appelons le gouvernement à prendre ses responsabilités et à se saisir de cette occasion pour faire évoluer la gouvernance du Centre national du cinéma et de l’image animée en conséquence.