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Un « sommet social » européen… contre nos droits !

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Vendredi 17 novembre, les dirigeants européens tenaient à Göteborg en Suède un « sommet social ». L’occasion pour l’Union européenne de tenter une opération de communication, et l’occasion pour Emmanuel Macron de nous vendre plus de protections au niveau supranational. Évidemment, il n’en est rien. Le point d’orgue de la journée était la signature du « socle européen des droits sociaux » par Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne, Donald Tusk, celui du Conseil européen et le premier ministre de l’Estonie, qui assure la présidence tournante de l’UE.

Ce type de déclaration de principes sans effet contraignant ne sont pas nouvelles. Déjà en 1989, les dirigeants avaient écrit une « charte des droits fondamentaux des travailleurs ». Que des régressions 18 ans plus tard !

Cette fois, le procédé est encore plus mensonger. Le contenu du document signé à Göteborg est inférieur des droits garantis par la plupart des traités internationaux et des Constitutions nationales. Ainsi, par exemple, la charte sociale du Conseil de l’Europe (institution distincte de l’Union européenne) demande que les gains de productivité s’accompagnent d’une réduction du temps de travail, le droit à un jour de repos hebdomadaire identique pour tous ou de la protection des syndicalistes. Rien de tout ça ne figure dans le nouveau texte de l’Union. De nombreux experts à l’ONU, à l’OIT, au Conseil de l’Europe pointent que le droit européen s’oppose souvent aux droits humains, et oblige les Etats membres à violer leurs engagements internationaux !

Les 20 principes énoncés sont vagues et en contradiction totale avec les politiques que la Commission recommande chaque année de mettre en œuvre au niveau national. Ainsi le point 5 : « les relations de travail qui conduisent à des conditions de travail précaires doivent être évitées » alors que la commission se félicitait en 2017 de la mise en œuvre de la loi El Khomri en France, et applaudit les ordonnances Macron ! De même, alors que le point 19 affirme qu’« un accès au logement social ou à une aide à un logement de qualité doit être fourni aux personnes dans le besoin », le respect des règles budgétaires européennes conduit le gouvernement à couper en 2018 près de 2 milliards d’euros au logement social !

Pire, au milieu des hypocrisies, on trouve de véritables attaques contre nos droits. Ainsi, le texte garantit « la flexibilité nécessaire aux employeurs pour s’adapter rapidement aux changements du contexte économique ». Par un incroyable renversement, au nom de nos droits, les dirigeants européens autorisent les employeurs à licencier plus facilement, augmenter le temps de travail ou réduire les salaires sous prétexte de « changements du contexte économique ». De plus, par deux fois, le texte accrédite la folie macronienne des chômeurs « multi-récidivistes du refus » qui « partent en vacances aux Bahamas » en affirmant que les indemnités auraient « un effet dissuasif pour un retour rapide à l’emploi » : en réalité, ils espèrent que la baisse des allocations chômage contraigne les chômeurs à prendre des emplois mal payés, à temps partiel, en intérim ou en durée déterminée.

Jean-Claude Juncker a affirmé son intention d’intégrer cette déclaration au « semestre européen » - c’est le nom de la procédure de surveillance des politiques nationales par la commission. Malheureusement, vu le contenu du texte, cette « Europe sociale » ressemble drôlement à une macronite généralisée sur tout le continent européen !

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