« Tenir encore quatre à six semaines ». C’est l’information qu’a glissée le Président Emmanuel Macron lors d’un échange avec des étudiants d’un centre de formation en Seine-Saint-Denis, lundi 1er mars. Une confidence faite à un jeune qui lui demandait alors de repousser le couvre-feu à 19 heures, « parce que c’est dur ». Mais cette annonce du Président de la République, justifiée depuis par l’Elysée qui explique que la stratégie de vaccination aura été assez amorcée dans les prochaines semaines pour se permettre quelques libertés supplémentaires, contredit quelque peu ce que déclarait le Directeur général de la santé Jérôme Salomon la veille même dans le Journal du dimanche, qui tablait sur avril… ou mai. Preuve que les autorités politiques françaises naviguent à vue, sans aucune stratégie sanitaire digne de ce nom, et alternent entre la carotte (des annonces pouvant susciter l’espoir de la population, qui laissent entrevoir une lumière au bout du tunnel) et le bâton (de nouvelles restrictions, comme des confinements locaux territorialisés, le week-end seulement).
Dès lors, comment faire confiance aux autorités politiques de ce pays, au Président et à son gouvernement, alors que nous sommes dans le flou depuis des mois entiers ? Comment ne pas se lasser d’un Premier Ministre, Jean Castex, qui, quand il intervient lors de conférences de presse télévisées, nous livre toujours la même logorrhée vide de sens ? Comment ne pas être outré par l’aveuglement de certains ministres – au hasard, Frédérique Vidal – et députés de la majorité, qui préfèrent polémiquer sur une prétendue gangrène islamo-gauchiste à l’université et refusent, y compris de manière temporaire, le RSA pour les jeunes ? Ce gouvernement, qui perd peu à peu toute humanité et qui devient au fil du temps le marchepied de l’extrême-droite, n’a donc plus aucune limite.
La stratégie sanitaire du gouvernement est donc empreinte d’incompétence et d’autoritarisme : le refus idéologique, par exemple, de la macronie néolibérale à faire tomber dans le domaine public les formules des vaccins produits par les laboratoires privés. Ce choix permettrait de produire plus rapidement les doses nécessaires pour en finir avec les mesures restrictives dont les Françaises et les Français font les frais depuis un an maintenant. Un autoritarisme, également, qui n’est que la conséquence même de cette incompétence. Depuis une année entière, nous alternons entre confinements (nationaux ou territorialisés), couvre-feux (à 18h ou à 20h), rideaux abaissés… et mesures qui sont loin d’être claires pour la population. On pourrait se réjouir, désormais, d’une volonté de territorialisation des mesures sanitaires, si ce n’était pas pour briser encore plus les quelques menus plaisirs dont peuvent profiter les Françaises et les Français. Goûter aux douces températures de ce début du mois de mars, se promener et sortir un peu de son logement, déconnecter de la semaine de travail… À Dunkerque et à Nice au contraire, depuis une semaine, les habitant·es subissent un confinement territorial le week-end. On entrevoit facilement derrière la volonté des autorités d’envoyer les travailleurs produire les richesses la semaine, pour faire tourner la machine économique, et de les enfermer le week-end en les empêchant de décompresser. Pourtant, le groupe de la France insoumise propose des solutions alternatives au confinement : la société par roulement. Il s’agit d’organiser les activités professionnelles, sociales, éducatives et culturelles, sur un système de rotation, avec des décalages temporels.
Les stratégies présidentielles et gouvernementales sont également marquées par une certaine insensibilité. Emmanuel Macron, Jean Castex et les membres du gouvernement n’accordent que peu d’importance à la situation des étudiants et apprentis, et semblent méconnaitre la réalité des files humaines gigantesques devant les centres d’aide alimentaire pour étudiants. Le repas à un 1€, annoncé en grande pompe par le Président de la République fin janvier, demeure presque un luxe pour des milliers d’entre eux. Les étudiant·es ne demandent pas la charité, juste d’être soutenu·es et considéré·es, et qu’on leur donne quelques perspectives de reprise des cours en présence à l’université. Des lieux d’enseignements supérieurs que la majorité des jeunes n’ont pas fréquentés depuis des mois. Cette posture idéologique de la majorité présidentielle, privilégie l’endettement des étudiant·es sur plusieurs années au détriment du soutien des pouvoirs publics à leur encontre. Comment ne pas être outré lorsqu’on entend certains députés de la majorité dire qu’il ne faut pas faire croire à l’illusion de « l’argent magique », alors même que le gouvernement n’a pas eu la main tremblante lorsque les grandes entreprises frappaient à la porte de Bercy pour demander des aides et compensations financières ? Contrairement à ce que dit la ministre déléguée auprès d’Elisabeth Borne, Brigitte Klinkert, il ne s’agit pas « d’enfermer les jeunes dans des minimas », mais de leur donner les clés pour une émancipation pleine et entière dans leur vie professionnelle future. Un tremplin financier vital pour celles et ceux qui font la queue pour l’aide alimentaire. De manière plus générale, il faut rappeler un chiffre : plus de 2.1 millions de personnes bénéficient de l’aide alimentaire en France. La moitié depuis moins d’un an. Et l’on s’approche, dangereusement, vers le seuil de 10 millions de personnes en situation de pauvreté (8.5 millions l’an dernier).
Une précarité grandissante qui s’illustre notamment dans le secteur de la culture, quasiment mis sous cloche depuis un an. Vous souvenez-vous de l’époque où Jean Castex et sa ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, nous faisaient espérer une réouverture des lieux culturels le 15 décembre 2020, puis le 7 janvier 2021 ? Depuis octobre, aucun calendrier et aucune stratégie digne de ce nom n’a été présenté par le gouvernement. Une totale absence de perspective pour des activités qui constituent une échappatoire, des lieux de connaissance et de plaisir, un terrain d’émancipation et d’interactions sociales. Ce triple choc – économique, social et psychologique – laissera sûrement des traces dans les mois et années à venir. Une catastrophe économique d’abord, puisque la culture a perdu en 2020 de manière générale un tiers de son activité et de son chiffre d’affaires. Pour le spectacle vivant, la tendance est de -70%. La culture, qui pèse 2.5% du PIB français, est le deuxième secteur le plus touché après l’aéronautique. A ce choc économique s’ajoute un drame social. Bien qu’un budget de 5 milliards d’euros ait été accordé au secteur culturel en 2020, toutes et tous n’ont pas pu bénéficier d’un soutien de l’Etat à la hauteur, leur permettant de vivre dignement. En ce qui concerne les artistes-auteurs, plus de la moitié ne seraient pas éligibles aux critères pour prétendre à une aide d’urgence, à savoir, avoir subi une perte de chiffre d’affaires de plus de 50% par rapport à début 2019, ou bien l’annulation d’un événement accueillant du public. A terme, 1.3 millions d’emplois sont menacés par l’impact de la crise sanitaire.
Alors que chez plusieurs de nos voisins européens les lieux culturels ont rouvert depuis le mois de décembre avec des protocoles sanitaires en adéquation avec la protection des populations, en France, quelques annonces ont été faites par Roselyne Bachelot, afin d’espérer une reprise des activités culturelles dans un avenir très incertain. L’été prochain, les festivals pourront exister de nouveau, avec une jauge maximale de 5000 spectateurs, assis. Déçus par ces annonces qui s’éloignent de l’ADN des festivals, de multiples organisateurs ont préféré jeter l’éponge. Il y a quelques jours, on a également appris l’organisation de deux concerts tests à Paris et Marseille, essentiellement à des fins scientifiques. Pourquoi pas ? Mais tout cela ne répond pas aux inquiétudes et velléités du secteur culturel, qui a récemment encore tiré la sonnette d’alarme dans une tribune publiée dans Le Parisien, en appelant à « rebrancher la culture ». Il est nécessaire d’avoir un vrai calendrier de réouverture, afin de redonner un peu d’espoir et relancer un secteur quasi à l’arrêt depuis un an. Toujours est-il que ces mesures feront des dégâts, et participeront malgré elles à la numérisation, la standardisation et la gafamisation croissante de la culture, objet de mon ouvrage paru l’an dernier, Res publica, res cultura (éditions Bruno Leprince). Le risque est grand que les Françaises et les Français s’habituent à écouter des concerts sur internet, à regarder leurs films préférés sur des plateformes de streaming… et délaissent par conséquent les salles de spectacles, de cinéma, les théâtres, les musées. Un comble, pour un secteur basé sur le partage, les rencontres, les émotions. Cette réalité, les élu·es et membres du mouvement de la France Insoumise participent à la faire connaître, notamment à travers la campagne vidéo sur les réseaux sociaux, #JesuisTdArt (je suis travailleur.euse de l’art), qui consiste à relayer des témoignages d’artistes en lutte, mais aussi à démonter les préjugés les concernant.
Cette campagne vidéo n’est qu’un des multiples exemples de la mobilisation permanente de la France Insoumise dans la société. La course à la prochaine élection présidentielle est désormais lancée. Elle pourrait constituer un espoir pour des millions de gens qui, soit ne votent plus, soit sont lassés du ‘’consensus centriste’’ (expression empruntée à la politologue Chantal Mouffe) pour lequel voter à ‘’gauche’’ ou à ‘’droite’’ revient au même. La crise sanitaire que nous vivons depuis un an, n’a pas tardé à devenir une crise économique, sociale, psychologique et humaine. Elle nous rappelle le caractère essentiel des interactions sociales, d’une société à taille humaine, d’un État au service des citoyen·es et non sous la coupe des classes dominantes et des firmes multinationales. Le programme de l’Avenir en Commun, porté par Jean-Luc Mélenchon en 2017, est plus que jamais d’actualité. Il est la solution pour répondre aux multiples crises que traversent notre société. Notre mouvement s’est mis en ordre de bataille pour les prochaines échéances, notamment avec un grand week-end de diffusion du premier des cahiers de l’Avenir en commun, mi-février. Le deuxième, consacré à la planification écologique, est sorti en kiosque le 11 mars. Parallèlement, la France Insoumise a lancé le 7 février dernier le premier d’une série de quatre forums/émissions en ligne, avec pour thème ‘’Démocratie et Libertés : vite, la VIème République !’’. Enfin, le 17 février, a été lancé le comparateur des programmes pour 2022, à retrouver ici. Les élu·es du groupe parlementaire sont, quant à eux, toujours mobilisé·es à l’Assemblée Nationale pour porter votre voix.
Le temps est long, la lutte continue. Nous attendons 2022 avec impatience, afin de brandir le programme l’Avenir en Commun à l’Elysée et à l’Assemblée. Il s’agit de rejeter, coûte que coûte, le duo Macron-Le Pen. D’ici là, ne baissons pas la garde face à l’autoritarisme et l’incompétence de la macronie. Nous demeurons l’une des dernières vigies citoyennes et démocratiques !