Un article rédigé avec le groupe thématique Outre-Mer de la France insoumise
« Vous imaginez, pas d’eau pour se laver le matin ni le soir, pour faire le repas, laver la vaisselle ni le linge, pas d’eau pour tirer la chasse des toilettes ? Et tout ça en pleine période du Covid où on nous dit de nous laver les mains tout le temps ? Comment on fait ? ». C’est Armande, habitante de Vauclin en Martinique et mère de trois enfants, qui témoigne. Depuis 2009, la Martinique doit régulièrement faire face à des coupures d’eau. Mais en 2020, en raison de canalisations défectueuses et d’une grande sécheresse, les coupures d’eau ont été très nombreuses, laissant la population dans l’angoisse.
Dans le cadre de la Consultation populaire, les insoumises et insoumis de la Martinique ont mené des auditions auprès des habitant·es du département sur ce sujet. Au total, « 20 000 habitants n’ont pas eu d’eau pendant plus de 3 semaines, en pleine crise Covid » explique Yvon Pacquit, président de la régie communautaire Odyssi, qui assure la distribution d’eau potable pour quatre communes du centre de l’île.
Des prix élevés, des investissements absents
Pourtant, les habitant·es ont continué à payer des factures d’eau très élevées. « Il faut voir les factures ! Des sommes énormes pour des gens qui n’ont pas d’eau à leur robinet depuis 3 mois, 6 mois ou plus ! » s’indigne un membre du collectif de défense des usagers de l’eau. « Nous payons depuis toujours l’entretien des canalisations dans nos factures et les réparations ou changements n’ont jamais été fait. Nous sommes en droit de nous demander où est passé l’argent ? » Le militant de ce collectif, qui a souhaité rester anonyme, pointe aussi du doigt le problème de contamination de l’eau : « dans certains quartiers, l’eau qui coule n’est pas transparente, loin de là. »
Pour Yvon Pacquit, la Martinique doit bénéficier urgemment d’un plan massif pour renouveler et entretenir les réseaux de distribution d’eau qui ont plus de 70 ans pour certains ! Le président de la régie communautaire dénonce aussi l’attitude du groupe privé Suez chargé de l’exploitation et de l’entretien sur trente communes de la Martinique. Le groupe n’effectue pas les investissements nécessaires tout en maintenant des prix au robinet très élevés afin de s’assurer un chiffre d’affaire conséquent.