Article rédigé par le groupe thématique « Jeunesse » de La France insoumise. Vous aussi, rejoignez un groupe thématique.
Depuis le 17 mars dernier, nous sommes toutes et tous confiné·es. Mais face au confinement nous ne sommes pas toutes et tous égaux·les, car il induit des situations plus dangereuses pour les plus précaires.
Pour les étudiant·es, le confinement est souvent synonyme d’urgence sociale et alimentaire.
On estime aujourd’hui que 40 % des étudiant·es logé·es en chambre CROUS y sont confiné·es. Si la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a annoncé que les loyers seraient suspendus pour les étudiant·es étant rentré·es dans leur famille, aucune disposition n’a été prise pour les étudiant·es contraint·es de rester dans leurs chambres CROUS.
Quant à la promiscuité et parfois à l’insalubrité se rajoute l’urgence alimentaire.
Ce sont donc environ 70 000 étudiant·es qui vivent confiné·es depuis un mois dans des espaces allants de 9 à 15m². À la promiscuité s’ajoutent souvent les difficultés financières. En effet, le confinement empêche nombre d’étudiant·es d’exercer un emploi et ampute largement leurs revenus. Lorsque l’on sait que 46 % des étudiant·es sont salarié·es, et que le logement représente en moyenne 69 % de leur budget mensuel, on comprend mieux l’extrême précarité que cela entraîne.
Les témoignages d’étudiant·es affluent sur les réseaux sociaux, qui rapportent leurs difficultés quotidiennes et, parfois, leur incapacité à se nourrir dans ce contexte. Cette difficulté alimentaire n’est malheureusement pas une nouveauté. Avant la crise sanitaire, 1 étudiant·e sur 4 sautait déjà plusieurs repas par semaine. Cette situation, déjà critique, est accentuée par l’absence de revenu et la fermeture de la plupart des restaurants universitaires.
L’alimentation est loin d’être le seul problème. L’insalubrité des résidences universitaires ne s’est pas évanouie pendant le confinement. Des étudiant·es se retrouvent donc confiné·es depuis un mois avec des punaises de lit et des cafards, dans des conditions sanitaires très problématiques.
Parmi les étudiant·es précaires qui vivent leur confinement dans les cités universitaires, on compte un nombre important d’étudiant·es étranger·es. Ces étudiant·es sont confronté·es à un isolement particulièrement important. Cette situation d’isolement est un danger en lui-même.
Enfin, à ces situations matérielles catastrophiques s’ajoute l’arrivée des examens, dont le ministère a laissé le soin à chaque université de choisir les modalités. Dans plusieurs universités, les partiels en ligne semblent avoir été choisis par les conseils universitaires.
Des examens en ligne soumis à des conditions de temps et à des horaires semblent complètement irréalistes aux vues des inégalités face à la « continuité pédagogique », qu’elles soient liées à la fracture numérique ou aux conditions de vie en confinement.
Il est urgent d’agir pour ne pas laisser des dizaines de milliers d’étudiant·es dans la détresse.
Comme dans de nombreux autres domaines, le gouvernement aurait pourtant pu anticiper cette situation. La précarité étudiante n’est pas une chose nouvelle et la France a connu une importante mobilisation, pas plus tard qu’il y a quelques mois, pour alerter sur ce sujet.
À l’automne dernier, des milliers de jeunes descendaient ainsi dans les rues à la suite de l’immolation, devant le CROUS de Lyon d’un syndicaliste étudiant. « La précarité tue, la solidarité fait vivre » raisonnait alors dans les rues.
On rappelait alors que 1 étudiant·e sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, que 1 étudiant·e sur 3 renonce à des soins pour raisons financières et que 3 étudiant·es sur 4 sont exclu·es du système d’aides sociales.
Face à cette situation, le gouvernement avait préféré n’ouvrir qu’une ligne téléphonique payante pour répondre à la détresse psychologique des étudiant·es sans traiter le problème en profondeur.
Aujourd’hui face au confinement, la situation ne fait que se détériorer.
Si les logements CROUS concentrent un nombre important d’urgences sanitaires et sociales, l’ensemble des étudiant·es est concerné. Les capacités limitées du CROUS contraignent beaucoup d’étudiant·es à se loger dans le privé, et à débourser des loyers trop élevés. Sans source de revenus, eux aussi se retrouvent dans l’incapacité de payer.
Il faut que le gouvernement agisse vite face à cette situation :
- Nous demandons la suspension de l’ensemble des loyers des étudiant·es, à la fois pour le logement CROUS mais également pour les logements privés ;
- Nous réitérons notre proposition de la mise en place d’une allocation d’autonomie, dont la nécessité s’avère criante dans une telle crise ;
- Nous rappelons au gouvernement qu’il s’était engagé à construire des résidences universitaires qui ne se construisent pas au rythme annoncé ;
- Nous demandons au gouvernement la mise en place, avec le CROUS et les organisations syndicales étudiantes, d’un dispositif d’aide alimentaire pour les étudiant·es précaires ;
- Le CROUS doit prendre en charge le relogement dans des conditions dignes et salubres des étudiant·es pour qui ce n’est pas le cas ;
- La ministre de l’Enseignement supérieur doit urgemment recevoir les syndicats étudiants et s’assurer que les examens ne soient pas des facteurs d’inégalités supplémentaires.
Pendant ces jours de confinement, les groupes thématiques de la France insoumise ont décidé d’apporter leur contribution à travers des réflexions sur la situation actuelle. Chaque jour, un ou plusieurs articles d’analyses seront produits par un des groupes thématiques. Retrouvez ces productions sur la page de l’espace programme.