Pour Bernard-Henri Lévy, Jean-Luc Mélenchon brandirait « le spectre de la guerre », afin de « jouer sur les peurs » (twitter, 11 avril). Celui-ci est certes un expert en géopolitique : il célébrait fin 2001 « l’efficacité militaro-politique insoupçonnée » des USA en Afghanistan, et leur « victoire éclair », avant 8 années de bourbier. Il a ensuite applaudi les interventions en Irak ou en Libye, des succès éclatants…
Aujourd’hui, Bernard-Henri Lévy ne voit pas où sont les guerres qui menacent. Il est vrai que les dépenses militaires mondiales sont simplement à leur sommet historique. Il est vrai que depuis les années 2010, ce ne sont jamais que sept pays qui sont déchirés par la guerre civile, avec des interventions étrangères et des ingérences en sous-main de la part de pays qui s’affrontent indirectement : Syrie, Irak et Yemen au Moyen-Orient, Soudan et Libye en Afrique, Afghanistan en Asie centrale, Ukraine en Europe de l’Est. L’Europe de la Défense est en train de se constituer, afin d’organiser une union militaire qui nous entraînerait dans n’importe quel conflit en Europe de l’Est. Le Kosovo et la Transnistrie ne sont pas reconnues uniformément en Europe, et les revendications territoriales s’y multiplient. Donald Trump envoie sa flotte en péninsule de Corée, face au régime dictatorial implacable de la Corée du Nord. Or, nous sommes liés aux Etats-Unis par l’OTAN, qui nous impose une solidarité automatique en matière de défense : s’ils se sentent attaqués, nous sommes considérés comme attaqués au même titre.
Au milieu de ce chaos, à la France de tenir son rôle comme force de paix. Il ne s’agit pas de jouer sur les peurs, monsieur Lévy, mais d’observer le monde et ses dangers avec lucidité.