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Logement : les mots que je veux ajouter

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Je veux dire ici mon étonnement que la question du logement soit totalement absente de la campagne présidentielle. Je comprends parfaitement la protestation de la Confédération nationale des locataires face à l’absence de ce thème dans les deux débats télévisés entre candidats. C’est d’autant plus surprenant que le débat de BFMTV avait lieu 4 jours après la fin de la trêve hivernale des expulsions de locataires. Et au lendemain d’un appel de la Fondation Abbé Pierre pour mettre en débat l’objectif « Zéro SDF ». Pour ma part, je reprends totalement cet objectif « Zéro SDF ». Il figure dans mon programme L’Avenir en commun. Et je suis heureux de voir les convergences entre les solutions avancées par la Fondation Abbé Pierre et le livret thématique de la France insoumise sur le logement.

L’appel de la Fondation Abbé Pierre pour « Zéro SDF » est un événement. Il s’agit évidemment d’attirer l’attention des médias sur les 2 000 personnes qui meurent chaque année d’abandon dans la rue. Mais plus largement sur les 143 000 personnes sans domicile fixe dans notre pays, c’est-à-dire vivant dans la rue, dans des bidonvilles, à l’hôtel ou dans des centres d’hébergement d’urgence ! Leur nombre a doublé depuis 2001 ! Et sur ces 143 000 SDF, 30 000 sont des mineurs ! Je veux aussi rappeler qu’un appel téléphonique sur deux au numéro d’urgence pour les personnes sans abri, le 115, n’obtient pas de réponse.

L’appel de la Fondation Abbé Pierre est paru trois jours après la fin de la trêve hivernale. Cette trêve interdit les expulsions de locataires par leurs propriétaires entre le 1er novembre et le 31 mars. En 2014, 130 000 décisions de justice ont prononcé l’expulsion d’un locataire pour impayé de loyer. Et 14 400 expulsions ont été pratiquées avec le concours des forces de police. Ce chiffre est en hausse de 24% par rapport à l’année précédente. Mais souvent les locataires partent d’eux-mêmes, sans attendre l’intervention de la force publique pour les mettre hors de chez eux. Commence alors pour tous ces gens une errance terrible, faite d’hébergement chez des proches ou dans des hôtels pour ceux qui le peuvent et qui finit souvent dans la rue.

Mais la Fondation ne se contente pas de protester ni de déclamer un objectif généreux. Elle propose dans le même temps des solutions et un calendrier pour y parvenir. Son directeur des études Manuel Domergue insiste bien sur le fait que sa proposition n’est « ni démagogique, ni irréalisable car d’autres pays y parviennent, par exemple la Finlande » dont il dit s’inspirer. La Fondation réclame en particulier une loi de programmation pluriannuelle pour atteindre l’objectif. Le moment venu, si c’est nous qui gouvernons, on pourra donc certainement compter sur son expertise dans la mise en œuvre concrète de ces solutions. Elle propose d’atteindre le « Zéro SDF » en dix ans dans les métropoles, cinq ans dans les villes petites et moyennes. Notre programme réclame qu’on fixe cet objectif à cinq ans.

Nos propositions et celles de la Fondation Abbé Pierre sont très proches. Elles couvrent les différents aspects du problème posé. Le premier aspect c’est évidemment de stopper d’abord la machine à fabriquer de nouveaux SDF. Pour cela, nous interdirons les expulsions locatives sans solution de relogement. Notez d’ailleurs qu’il coûte moins cher d’aider un ménage à rester chez lui que de subventionner ensuite sa prise en charge à l’hôtel ! Et dans l’immédiat, la loi permettant la réquisition de logements et bâtiments vacants devrait être appliquée avec vigueur pour trouver ces solutions de relogement.

Evidemment, cela suppose de baisser les loyers dans les métropoles et de garantir leur paiement aux propriétaires si le locataire ne peut faire face. C’est là notre idée d’une garantie universelle des loyers, propositions communes à la Fondation et à la France insoumise. Une mesure proche avait été introduite dans la loi ALUR de Mme Duflot avant d’être abandonnée. La Confédération nationale du Logement défend une idée similaire sous le nom de « Sécurité sociale du Logement » qui résume bien l’état d’esprit et les principes en jeu. Cette garantie fonctionnerait sur le modèle des assurances ou de la Sécurité sociale : une petite cotisation serait prélevée sur les loyers perçus ou les transactions immobilières, elle alimenterait une caisse nationale de solidarité, puis on puiserait dans cette caisse pour stabiliser le paiement du loyer le temps que le locataire reprenne pied financièrement ou qu’on lui trouve un autre logement stable.

Mais cela ne suffit pas. Il y a besoin de construire davantage de logements sociaux, accessibles en particulier aux plus précarisés. La Fondation Abbé Pierre dit qu’il faut en construire 150 000 par an, nous proposons 200 000. Mais la Fondation insiste surtout sur la priorité à accorder aux familles en grande difficulté dans l’attribution des logements sociaux, alors que nous incluons aussi d’autres types de ménages, ce qui explique que nous voulions en construire davantage. L’effort principal doit porter sur ces logements stables et pérennes, et pas seulement sur les hébergements d’urgence. Ces derniers sont évidemment indispensables, tout comme d’ailleurs les centres d’hébergement pour les migrants qu’on ne peut pas laisser dans la jungle de Calais ou ce genre de situation. Mais la logique de l’hébergement d’urgence est totalement insuffisante pour régler le problème dans la durée.

C’est un plan d’ensemble, cohérent, prenant en compte la personne sur le long terme qui est nécessaire. La Fondation Abbé Pierre le dit clairement : il n’y a pas besoin de « nouveau diagnostic, ni un grand débat national de plus. Les outils existent : les moyens et la volonté politique doivent suivre ». Nous l’avons.

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