Édito de Matthias Tavel, candidat aux élections européennes, publié le 11 mars 2019 dans l’Heure du Peuple.
Vendredi 15 et samedi 16 mars, les grèves scolaires des jeunes pour le climat et les autres générations diront la même chose : « fin du mois difficiles et fin du monde, mêmes responsables, même combat ! ». La question n’est plus celle du changement climatique mais celle de l’urgence climatique tant chaque année d’inaction oblige à une transformation de plus en plus radicale en un temps de plus en plus limité.
« Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé ». Ainsi parlait Hugo Chavez en 2009 ! Dix ans après, Emmanuel Macron n’a rien d’autre à proposer dans sa tribune sur l’Europe qu’une « banque européenne du climat ». Un esprit facétieux y verrait enfin un espoir puisque le mot « banque » semble seul de nature à susciter un sursaut en Europe. C’est pour sauver les banques – et leurs actionnaires – que les dirigeants se sont assis sur les règles européennes lors de la crise de 2009. C’est pour racheter des titres aux banques que la BCE a mobilisé plusieurs milliers de milliards d’euros. Mais pour le climat ? Que fait l’UE ? Rien. Ou plutôt tout ce qu’il ne faut pas faire à commencer par une multitude d’accords de libre-échange. Les eurocrates poussent au grand déménagement du monde plutôt qu’à la relocalisation des productions près des consommations. Surréaliste et terrifiant !
Tout aussi surréaliste est le soutien de Yannick Jadot à « la libre entreprise et l’économie de marché ». Les militants écologistes sincères ne cessent pourtant de clamer que « dans le capitalisme vert, le problème n’est pas la couleur » mais le capitalisme. Jadot espère jouer le couplet d’un Macron vert. Mais dans le macronisme, le problème n’est pas la couleur non plus ! Et pour cause, il n’en existe qu’une : le recul des services publics, la politique de l’offre, le libre jeu du marché, le dumping sont autant de politiques climaticides en France comme en Europe.
C’est qu’entre les traités européens et l’écologie, il faut choisir. En refusant d’affronter les premiers, Jadot s’empêche d’agir pour la seconde. On peut sauter comme un cabri pour dire que « l’Europe est l’échelle pertinente pour agir pour le climat ». C’est oublier combien de changements sont possibles dans nos communes où se décident des cantines 100% bios ou le développement des transports en commun. C’est ignorer le rôle central de l’Etat pour décider la sortie du nucléaire et passer à 100% d’énergies renouvelables. C’est surtout s’aveugler devant le bilan écologique désastreux de l’UE, de son absurde marché carbone, de ses politiques d’austérité qui empêchent de financer la transition écologique. Si l’Europe est une échelle pertinente pour agir, l’UE est un ensemble politique pertinent pour agir dans le mauvais sens ! L’UE a frelaté l’idéal de coopération européenne. L’urgence climatique impose une rupture urgente avec les dogmes libéraux. Tout autre chemin nous rapproche encore plus du désastre civilisationnel.