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La malbouffe, une intoxication politique

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Le 21 février dernier, la proposition de loi du député Loïc Prud’homme visant à protéger la population des dangers de la malbouffe était discutée à l’Assemblée nationale.
Ce jour-là, cela faisait une semaine depuis le passage devant la commission des affaires sociales où cette proposition de loi avait été balayée par les député·e·s de la majorité, sans même une discussion…

Une loi en version « light »

Le jour de la séance : les amendements de suppression se sont succédé, faisant oublier au passage que les constats et les propositions faites recueillaient leur approbation quelques semaines auparavant lors de la remise du rapport de la commission d’enquête sur la nourriture industrielle que présidait justement Loïc Prud’homme.

Mais sans doute les « huiles » du gouvernement s’étaient intéressées au menu de cette proposition de loi : retour donc à la cuisine politicienne.

Si au final cette loi « Malbouffe » a été votée (il faudra qu’elle vive ou survive à une navette parlementaire improbable avec le Sénat), c’est en version allégée. Il ne reste qu’une maigre avancée sur le Nutriscore (imposé dans les publicités alimentaires), arrachée contre l’avis du gouvernement. Du « light » donc, avec les additifs qui vont avec, bien entendu !

Les problèmes nutritionnels abandonnés pour du blé

Pour les additifs donc, pourtant identifiés comme le problème majeur des aliments ultra-transformés, les parlementaires se sont réfugié·e·s derrière le droit européen de la libre circulation des marchandises. Ce même droit qui indique que le consommateur ne doit pas être trompé par leur usage, et reste muet sur les effets cocktails. L’EFSA, agence de sécurité sanitaire européenne, est impuissante face aux 338 additifs autorisés. Alors plutôt que d’affronter les lobbyistes, la position de la majorité fut de surtout ne pas engager de contentieux avec la Commission européenne ni mettre de frein au business de la chimie comestible. La proposition de réduire la liste aux 48 additifs autorisés sous label AB est passée à la moulinette et rejetée aussitôt.

Pour les taux de sels, sucre et acides gras saturés, mêmes renoncements, alors que tous les organismes publics de santé et de recherche (HCSP, ANSES, INRA) prônent cette réduction pour atteindre enfin les recommandations de l’OMS. Nous avons les données disponibles pour connaître le poids relatif de chaque filière à ces apports excessifs, nous connaissons les teneurs mini et maxi déjà existantes pour chacune (et ainsi viser entre les deux, rien de techniquement impossible de fait). Tout est là pour proposer une trajectoire progressive et des valeurs cibles de court terme, soit 5 ans maximum.

Mais là encore, la recette est différente : pas de contraintes sur les filières agro alimentaires… et le refrain imbuvable sur les engagements volontaires des industriels dont tout le monde sait qu’ils sont inefficaces.

L’éducation compte pour du beurre

Enfin si l’éducation des plus jeunes citoyen·ne·s est bien un levier important, là encore tout est fait pour ne rien changer, ne contraindre personne ni n’imposer aucun cadre commun. La proposition posée sur la table, certes ambitieuse par le volume horaire (1h de la maternelle au collège), avait vocation à être discutée. Au lieu de cela un amendement de la majorité est voté, il ne change rien au caractère volontaire de l’éducation à l’alimentation via les activités périscolaires.

Finalement les élu·e·s de la majorité sont celles et ceux que décrivait le sociologue Jacques Ellul : des technicien·ne·s qui vident la politique de toute velléité de prendre des décisions politiques.
On continue donc à nous faire bouffer n’importe quoi, pour enrichir n’importe qui. Une intoxication massive par une association de malfaiteurs.

Là aussi vite un RIC, un Régime d’Insurrection Culinaire !

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