Vendredi 23 septembre, je participai à Berlin, en Allemagne, à un débat sur l’avenir de l’Union européenne à l’initiative de mon ami et camarade Oskar Lafontaine et de son parti die Linke. Oskar et moi, ainsi que d’autres intervenants, défendront dans ce débat la nécessité d’avoir un « plan B » dans notre stratégie européenne. Car le « plan B » continue son chemin.
Ce n’était pas seulement un slogan lancé en l’air il y a un an. Depuis, nous avons beaucoup travaillé. Deux sommets du plan B se sont tenus l’un à Paris l’autre à Madrid début 2016. Un troisième « sommet du plan B » est prévu les 19 et 20 novembre prochains à Copenhague au Danemark. J’y participerai évidemment. Nous sommes bien dans la feuille de route annoncée dans mon discours de Paris. Après Paros et Madrid, Berlin. Nos amis Danois sont arrivés à point nommé pour ouvrir une suite au processus. Je pense qu’ils vont donner une impulsion pour qu’un nouveau rendez-vous soit annoncé à leur suite. J’espère, une rencontre en Italie au début de 2017.
Il y a un an, à la Fête de L’Humanité, nous avons lancé l’idée d’un « plan B en Europe ». L’idée venait d’Éric Coquerel, le coordinateur du Parti de gauche. C’était juste après le mémorandum d’austérité imposé à la Grèce et accepté par le gouvernement d’Alexis Tsipras. Il nous fallait rebondir, dire que nous ne céderions jamais si nous devions nous retrouver dans pareille situation. C’était l’affirmation de notre insoumission irréductible à l’ordolibéralisme allemand et à l’autoritarisme des traités européens. Ce jalon posé, nos réunions sont des réunions de travail pour mettre au point la méthode du « plan B ».
J’ai déjà dit qu’il ne pouvait y avoir un seul « plan B » pour toute l’Europe. Le principe même du « Plan B » repose sur l’idée de ce que nous ferions, dans nos gouvernements nationaux, si nous devons affronter l’Union européenne. Le « plan B » dépend donc par définition du pays dans lequel il est mis en œuvre, de sa puissance, de sa capacité d’indépendance et d’entraînement des autres pays. J’ai dit clairement, pour ce qui concerne la France, que notre projet était la sortie des traités européens. Et que, pour cela, nous avions un plan A, une sortie collective, et que notre plan B était une sortie individuelle des traités européens. C’est cette stratégie que je porte dans la campagne présidentielle de 2017 et que j’ai résumé en un slogan « l’Union européenne, on la change ou on la quitte » après le vote du peuple britannique pour le Brexit.
Chacun réfléchit donc en fonction de son pays. Mais cela ne nous empêche pas de réfléchir ensemble, bien au contraire. Depuis, l’appel pour un « plan B », nous avons bien travaillé. Le premier « sommet du plan B » qui s’est tenu à Paris les 23 et 24 janvier 2016 a été d’un extraordinaire niveau technique et politique. Un rebond a eu lieu à Madrid dans les semaines qui ont suivi. La discussion et les discussions se sont poursuivies. La réunion de Berlin du 23 septembre prochain ne se résumera pas aux seuls partisans d’un « plan B ». Mais n’y voyez aucun recul sur l’idée de notre part. Ce sera une occasion de débattre avec d’autres forces politiques européennes qui critiquent l’Union européenne sans aller jusqu’à proposer une stratégie aussi cohérente et complète que nous pour l’affronter et sortir des traités européens. Ce sera l’occasion d’essayer de convaincre certains de nos camarades. J’y interviendrai en conclusion avec mon camarade Oskar Lafontaine et d’autres dirigeants européens de premier plan. Nous lancerons aussi à notre manière le compte-à-rebours de la dernière année du mandat de Mme Merkel avant les élections allemandes de septembre 2017.
Le sommet de Copenhague, en novembre, sera lui le troisième sommet du « plan B ». Les Danois s’y investissent depuis plusieurs semaines. Ce sommet est organisé par l’Alliance Rouge-Verte danoise et le Parti de Gauche Suédois. Nous serons accueillis par plusieurs députés danois et nous aurons donc l’honneur de tenir nos débats au parlement national danois. Le lieu sera un symbole puisque ni le Danemark ni la Suède n’ont l’euro comme monnaie. Preuve que le « plan B » intéresse très largement.
La liste des participants est déjà impressionnante. On y retrouve évidemment ceux de Paris comme les anciens ministres des Finances italien Stefano Fassina et allemand Oskar Lafontaine, les députés européens Miguel Urbano Crespo de Podemos (Espagne), Nikolaos Chountis d’Unité populaire (Grèce) et Fabio De Masi de die Linke (Allemagne), l’économiste grec Costas Lapavitsas et combien d’autres.
Mais ce sommet marque un élargissement de la démarche du « Plan B ». S’ajouteront aux participants des sommets de Paris et Madrid plusieurs personnalités de l’Europe du nord et de l’est. Seront ainsi présents plusieurs dirigeants de partis ou mouvements ou députés nationaux danois, suédois, norvégien, polonais et même islandais ! Mais aussi Luka Mesec, jeune député national slovène qui n’avait pu être là au sommet de Paris de janvier, alors qu’il avait prévu de participer à la session initiale de novembre, annulée à cause des attaques du 13 novembre à Paris.
Ce n’est pas tout ! Deux éminents représentants du Bloco de Esquerda du Portugal seront aussi présents. Il s’agit de Marisa Matias, députée européenne et candidate du parti à la dernière élection présidentielle où elle a fini troisième avec plus de 10% des voix et de Francisco Louçã, économiste et ancien coordinateur du parti. Ils n’avaient pas pu être présents à Paris au sommet de janvier puisque l’élection présidentielle portugaise tombait le jour même de notre « sommet du Plan B ». Ce pays étant dans la ligne de mire de la Commission européenne depuis plusieurs mois, leur présence sera un signe politique fort. Celui d’un internationalisme concret fondé sur la défense intransigeante de la souveraineté populaire face aux traités européens.
Je voudrais faire sentir aux personnes qui me lisent combien ces rendez-vous sont importants. Ils marquent une résistance collective. Sans ce travail, il n’y aurait tout simplement rien de collectif, d’ouvert, de constructeur. Les initiatives qui existent ici ou là dissiperaient leur énergie sans pôle d’accumulation des efforts, si je puis dire. Les sommets du « plan B », par leur méthode comme par leur contenu et leur orientation de fond écologiste et anticapitaliste, peuvent devenir le lieu de référence de la recomposition du courant progressiste en Europe à l’heure où nous sommes totalement enfoncés dans la plupart des pays et où aucune structure politique ne relève le défi d’un nouvel internationalisme actif.