Ce jeudi 7 mars, le Président de la République a invité les représentants des principales formations politiques pour échanger sur la situation internationale. Inquiète de la multiplication des déclarations « va-t’en guerre », la France insoumise participera à cette rencontre pour porter la parole du camp de la paix en Ukraine, comme dans d’autres conflits dans le monde. La France doit être dans le camp des solutions, pas dans celui des problèmes.
🇺🇦 Ukraine
La France insoumise a condamné dès les premières heures l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui constitue une violation flagrante du droit international. Nous avons soutenu à ce titre les initiatives internationales de soutien au peuple ukrainien. Nous avons accepté la cession d’urgence d’équipements et d’armements pour empêcher le succès de l’invasion. Nous insistons pour qu’elle ne mette pas en danger nos propres capacités de défense, qu’elle n’entraîne pas un risque d’escalade par leur emploi contre le territoire de la Russie et que le Parlement soit saisi et amené à décider de la politique à suivre.
Mais le risque d’une escalade avec une puissance nucléaire surdotée rend illusoire toute solution militaire au présent conflit. L’entêtement dans cette voie sans issue ne nous promet que plus de morts (ukrainiens, comme russes) et est porteur de dangers incommensurables. Elle menace d’une escalade vers une guerre généralisée ou de possibles catastrophes environnementales régionales, comme ont pu le faire craindre la destruction du barrage de Kakhovka et les affrontements autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia.
La recherche d’une solution diplomatique au conflit est le seul chemin réaliste. Nous regrettons que la France ait renoncé à jouer tout rôle de médiation entre les deux parties au conflit. À tout le moins, la France devrait appuyer les initiatives de médiation qui ont déjà pu être entreprises par la Turquie, l’Inde, la Chine, les chefs d’État africains ou le Vatican. Une première étape pourrait passer par l’envoi d’une force de maintien de la paix des Nations Unies à proximité des centrales nucléaires ukrainiennes. Nous l’avions proposé dans le cadre de la récente campagne présidentielle. Le Parlement ukrainien l’a formellement demandé en mars 2022. Elle pourrait conduire ensuite à des négociations de paix permettant de discuter de la mise en place de garanties de sécurité mutuelles. De cela pourrait venir l’organisation d’une conférence sur les frontières, placée sous l’égide de l’ONU, et mise en œuvre dans le cadre de l’OSCE ou tout organisme ad hoc adapté aux transformations de l’ordre international.
Nous mettons en garde contre de fausses solutions dangereuses :
- Une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN serait néfaste. Elle aggraverait les risques d’escalade et empêcherait toute chance d’un règlement pacifique du conflit en ramenant à l’une de ses causes.
- Une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, en l’absence de toute harmonisation fiscale, sociale et écologique préalable, aurait des conséquences extrêmement préjudiciables pour l’ensemble de nos secteurs économiques, à commencer par notre agriculture, et sur le bon fonctionnement de l’Union européenne.
- Enfin, la reconstruction de l’Ukraine ne doit pas être entreprise dans le cadre de prêts conditionnés à la mise en œuvre de politiques néolibérales, mais par des actions de solidarité concrètes, à commencer par l’annulation de la dette extérieure ukrainienne.
Pour toutes ces raisons, nous exprimons notre vive opposition aux déclarations du président de la République sur la possibilité de l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine. Cette déclaration aggrave les dangers. Cette déclaration aggrave les dangers. Elle créerait une situation de cobelligérance absurde. Elle a affaibli la parole de la France, eu égard au refus catégorique exprimé par les pays auxquels nous sommes alliés.
🇵🇸 Proche-Orient
Après plus de 30 000 morts et la reconnaissance de l’existence d’un risque de génocide par la Cour internationale de justice, le Gouvernement français a enfin décidé de condamner les opérations militaires israéliennes et d’appeler à un cessez-le-feu. Malheureusement, le soutien inconditionnel affiché initialement au gouvernement israélien, les changements de position erratiques en fonction des interlocuteurs, la proposition étrange de former immédiatement une coalition sur le modèle de celle contre Daech, le double-standard dans les condamnations, ont lourdement altéré la parole de la France.
Désormais, il est plus que temps de passer des paroles aux actes. Nous demandons l’adoption de sanctions par l’Union européenne contre les personnes et entités coupables de violation du droit international, la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, et la mise en place d’un embargo sur les livraisons d’armes à l’armée israélienne. Ces mesures sont les meilleures préventions et dissuasions contre la poursuite des massacres et du siège en cours. La situation appelle également à un geste symbolique extrêmement fort : la France doit reconnaître l’État de Palestine, et agir pour une reconnaissance par l’ensemble de l’Union européenne. Elle doit poursuivre son action de financements de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont le rôle est décisif.
Enfin, la France doit activement soutenir les tractations visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza, la libération des otages encore détenus par le Hamas, ainsi que la libération des prisonniers politiques palestiniens. Ce cessez-le-feu ne saurait être temporaire ; il doit être le préalable indispensable à la réouverture d’un processus de paix au Proche-Orient. À ce titre, nous rappelons qu’il n’existe pas d’autre base à un règlement définitif et pacifique de ce conflit que celle des résolutions de l’ONU et du droit international. Cela passe par l’arrêt définitif de la colonisation et le retrait des forces d’occupation israéliennes de l’ensemble des territoires occupés.
Par ailleurs, la situation à Gaza et le plan annoncé par le gouvernement Netanyahu font courir le risque d’une extension du conflit, tout particulièrement au Liban. La France ne peut se désintéresser du sort du Liban, pays ami, où sont présents des forces armées française dans le cadre des Nations unies. Les signaux provenant de l’État d’Israël indiquant qu’une opération militaire israélienne pourrait être entreprise dans la région d’ici la fin du printemps sont très préoccupants. La France doit entreprendre une action diplomatique concertée avec d’autres États visant à empêcher une telle action. Nous nous inquiétons à ce titre des informations indiquant que les efforts diplomatiques de la France au Liban seraient contrecarrés par les États-Unis et demandons des éclaircissements au président de la République. Nous n’acceptons pas l’annulation de la conférence de soutien à l’armée libanaise, initialement prévue le 27 février dernier. Nous demandons que la France aide l’armée libanaise à pouvoir accomplir ses tâches pour garantir la pérennité de sa frontière sud.
🇦🇲 Arménie
Nous nous alarmons des velléités exprimées par l’Azerbaïdjan d’entreprendre une action militaire contre le territoire arménien afin d’obtenir la création du « corridor de Zanguezour ». Toute agression militaire, ainsi que toute pression exercée par l’Azerbaïdjan à l’encontre de l’Arménie, doit faire l’objet d’une condamnation ferme et intransigeante de la France et de l’Union européenne. De même que doit être condamnée l’entreprise en cours d’effacement complet de la présence arménienne au Haut-Karabakh.
C’est pourquoi nous demandons la suspension immédiate du protocole d’accord sur un partenariat stratégique dans le domaine de l’énergie entre l’Union européenne et l’Azerbaïdjan tant que les autorités azerbaïdjanaises ne renonceront pas à leurs menaces contre l’intégrité territoriale de l’Arménie, et ne garantiront pas le droit au retour en toute sécurité aux Arméniens qui le souhaitent, ainsi que leurs droits et libertés.
🇨🇩 République démocratique du Congo
Nous condamnons avec la plus grande fermeté les exactions commises par le M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Elles réactivent une guerre dans une région où continuent de régner l’insécurité depuis les deux conflits terribles qui ont fait des millions de morts entre 1996 et 2003, et où on compte 7 millions de déplacés à ce jour. Nous rappelons que le M23 bénéficie, selon l’ONU et l’ensemble des observateurs, du soutien actif de la République du Rwanda, qui veut ainsi perturber la vie démocratique de la RDC et remettre en cause sa souveraineté et son intégrité territoriale. A ce titre, la France et l’Union européenne doivent notamment rompre immédiatement toute collaboration militaire avec la République du Rwanda.