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Emmanuel Macron a tort. La dissuasion nucléaire ne se partage pas.

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Lors de son déplacement en Suède, le président de la République a eu des mots extrêmement catégoriques au sujet du partage de la dissuasion nucléaire française. En affirmant que « la France a la responsabilité de mettre sa capacité de dissuasion nucléaire à la disposition de l’Europe », il engage une rupture très nette avec la doctrine de dissuasion française. Cette rupture avait certes déjà été évoquée par quelques éléments du discours prononcé à l’école de guerre en février 2020. Mais ici en présence de chefs d’Etat à l’étranger, il s’agit d’une forme d’engagement de notre pays. Ainsi, une personne seule peut engager la France à prendre en charge la défense des intérêts vitaux de 27 Etats par le recours à l’arme atomique ? 

Qui déciderait ? Le président français seul ? Sur quels critères ? Les différends d’autres pays pourraient entraîner l’entrée en guerre nucléaire des Français ? 

La dissuasion nucléaire n’est ni une rodomontade, ni une monnaie d’échange, ni un élément parmi d’autres dans les situations d’escalade guerrière.

Actuellement, elle est un engagement d’anéantissement contre quiconque viserait les intérêts vitaux de notre pays. Elle est donc absolument et directement liée à la souveraineté d’un pays c’est-à-dire de son peuple et de ses seuls intérêts. Elle ne se partage donc pas.

Cette doctrine repose sur la nature de l’arme nucléaire. Etendue à la défense de 27 pays, la déclaration du président français est un acte de dissémination nucléaire non conforme aux engagements de la France sur ce sujet. Déjà interpellée par le recours aux armes depuis l’espace, désormais en voie de militarisation complète, la dissuasion serait tout simplement vidée de sens par un champ d’application impossible à assumer. 

Ainsi, le président de la République commet-il une faute grave en prétendant pouvoir mettre la dissuasion nucléaire française à la disposition de l’Europe. Promettant plus qu’il ne saurait tenir, il émousse la crédibilité de la dissuasion elle-même. En suggérant qu’il pourrait y avoir à l’avenir un « parapluie nucléaire » français pour étayer sa stratégie de renforcement de l’alliance militaire entre membres de l’UE, il rompt avec la doctrine bien établie. Cela placerait la France dans une position aussi ambiguë que dangereuse. En effet soit l’offre de « parapluie nucléaire » n’est pas sincère et finira par être perçue comme telle et nuira ; soit elle s’inscrit dans une logique d’escalade et contredit la nature même de l’arme atomique, fondée sur la disproportion assumée de ses effets.

La France insoumise refuse solennellement ce choix. Elle appelle le président de la République à rectifier au plus vite ses propos afin de rétablir la doctrine de dissuasion nucléaire française dans son intégrité.

Bastien Lachaud, député de la Seine-Saint-Denis

Aurélien Saintoul, député des Hauts-de-Seine

Responsables Défense de la France insoumise

Erratum

La première citation à l’origine du communiqué ci-dessus est inexacte. Elle a été diffusée par erreur par le site Contexte qui s’en explique ici.

Il n’en reste pas moins que le président de la République a tenu des propos dont la teneur n’est absolument pas conforme à la doctrine de dissuasion nucléaire « traditionnelle » de la France. C’est d’ailleurs très exactement ce que montre le résumé fait par les journalistes.

En réalité,  Emmanuel Macron s’était déjà aventuré en février 2020 sur un terrain glissant en évoquant la dimension européenne des intérêts vitaux de la France.

Il poursuit le glissement doctrinal en articulant intérêts français et responsabilité à l’égard des pays européens. C’est bien une rupture complète. 

Dans la doctrine francaise, disposer de l’arme atomique  n’ouvre pas de responsabilité à l’égard des autres États, sinon de n’en jamais faire usage en premier.

En outre, il va de soi que des mots prononcés à Paris, à l’École militaire devant un parterre d’officiers en 2020, ne sauraient avoir la même portée que des propos tenus en Suède en 2024.

Enfin, on peut noter qu’en prétendant que le président n’a pas dit ce qu’il a dit, les amis d’Emmanuel Macron reconnaissent que ce changement de doctrine que nous avons souligné est bien un grave problème.

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