Un article du groupe thématique Enseignement supérieur et recherche
Sous-financement chronique de la recherche, bureaucratie excessive, appels à projets chronophages, dévalorisation de la parole des scientifiques, la France insoumise partage nombre de constats exprimés par Emmanuel Macron le 7 décembre 2023 sur l’état de la recherche en France.
Mais les solutions envisagées par Emmanuel Macron, visant à développer la compétition - « laisser les avantages aux meilleurs » - et à sanctionner plus durement après des évaluations - « tirer les conséquences », ne répondent en rien aux enjeux exposés. Ces propositions fondées sur des a priori montrent une méconnaissance manifeste du fonctionnement de la production de connaissances et du débat scientifique en France. Le nouveau et énième Conseil présidentiel de la science en est un autre exemple par sa composition nécessairement très réduite et son opacité de fonctionnement. Il semble servir d’écran de fumée à l’absence de toute attention réelle portée à la prise en compte des connaissances scientifiques dans les prises de décisions politiques.
Pour la France insoumise, les solutions sont bien plus simples, radicales et efficaces que celles proposées par le président de la République : suppression de l’Agence nationale de la recherche (ANR) et du Haut conseil d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES) et augmentation des financements récurrents des laboratoires afin que les chercheurs et chercheuses puissent se consacrer pleinement à leurs recherches et non perdre leur temps à solliciter des financements ou remplir des tableaux d’évaluation manifestement inutiles.
Nul besoin de remettre en cause les statuts des chercheur·seuses et enseignant·es-chercheur·seuses, qui ne sont pas des « éléments de complexité » mais bien des éléments de stabilité et de sérénité, nécessaires pour développer les recherches. Plutôt que de déstabiliser et fragmenter l’existant via des statuts dérogatoires et précaires comme les « chaires junior » ou CDI de mission, ce sont des postes de titulaires qu’il faut créer en nombre pour répondre aux besoins de recherche et d’enseignement et donner des perspectives aux jeunes.
Nul besoin d’un mille-feuille bureaucratique subdivisé en agences de programmes, agences de moyens et opérateurs de recherche, qui remet en cause l’indépendance de la recherche, déniant aux chercheurs et chercheuses la légitimité de choisir les orientations scientifiques les plus pertinentes. Il faut revenir à un service public de la recherche dans lequel les programmes, les moyens et les personnels sont en étroite coordination au sein des instituts de recherche et des universités.
Nul besoin d’inventer des « nouveaux modèles de gouvernance » dans les universités pour accroître leur autonomie. Au nom de cette soi-disant autonomie, la gestion de la masse salariale a été transférée aux universités par la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), les conduisant à gérer la pénurie de moyens en décidant elles-mêmes les postes à geler pour boucler leur budget insuffisant. La situation devient particulièrement critique quand le gouvernement n’assume même pas les augmentations des dépenses qu’il leur impose, par exemple, l’augmentation du point d’indice qu’il ne compense pas dans la dotation aux universités. Il faut abroger la loi LRU et reconstruire démocratiquement un service public de l’enseignement supérieur.
Plutôt que de suivre et d’accentuer les orientations délétères de ces quinze dernières années, il faut tirer les leçons des échecs actuels et bifurquer nettement vers un autre modèle. Toutes les propositions de la France insoumise sur la recherche sont prêtes à être mises en œuvre et détaillées dans la proposition de loi relative à l’enseignement supérieur et la recherche : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b0791_proposition-loi