Le rejet par le Conseil d’Etat du référé contre l’interdiction du port de l’abaya et du qamis à l’école, alimente une vision liberticide et autoritaire d’une pseudo laïcité qui s’installe dans notre pays.
Nous le réaffirmons avec force : la décision du ministre de l’Education nationale Gabriel Attal d’interdire l’accès des établissements scolaires aux élèves portant ces tenues est à la fois anti-laïque, sexiste et raciste.
Anti-laïque car le ministre bafoue la loi de 1905 qui établit de concert la liberté de conscience, de culte et la séparation des Églises et de l’Etat. De ce fait, de la même manière que les religions ne s’immiscent pas dans les affaires de l’Etat, ce dernier ne s’occupe pas de ce qui concerne les religions. Il ne saurait décider ce qui est religieux ou non. L’application de la laïcité à l’école conformément à l’esprit de 1905 ne peut assigner arbitrairement des élèves ou des signes à un comportement prosélyte.
Sexiste car cette mesure vise très majoritairement des jeunes filles, dont le libre arbitre est nié et dont les corps font publiquement l’objet de commentaires déplacés ou désobligeants.
Raciste car elle vise ces adolescent·es en raison de leur appartenance réelle ou supposée à la religion musulmane et introduit un contrôle au faciès à l’entrée des établissements. À ce titre, les propos du président de la République, Emmanuel Macron, faisant un amalgame ignominieux entre le port de ces vêtements et l’assassinat du professeur Samuel Paty par un terroriste islamiste sont particulièrement graves et choquants.
Tout cela participe d’une stratégie de division de la population : en stigmatisant une partie, pour en mobiliser une autre autour de thématiques identitaires réactionnaires et affaiblir ainsi les capacités de mobilisation collective contre les méfaits et mauvais coups à venir du gouvernement.
Car, en même temps qu’il pointe du doigt les élèves qui portent une certaine robe longue, le gouvernement macroniste abandonne à la rue 2 000 enfants sans hébergement, ferme 1 900 classes et laisse 3 100 postes d’enseignant·es vacants.
Faire République ce n’est pas interdire à des adolescent·es de choisir leurs tenues. C’est répondre aux urgences sociales, démocratiques et écologiques par des politiques de partage des richesses, la refonte des institutions vermoulues de la 5ème République au moyen d’un nouveau processus constituant, et l’engagement d’une bifurcation qui permette d’adapter notre société au changement climatique.
Nous appelons le grand nombre à refuser la division et la stigmatisation. Samedi 23 septembre, à l’appel de plus d’une centaine d’organisations associatives, syndicales et politiques, manifestons notre unité pour défendre nos droits et libertés fondamentales, réclamer la justice sociale et obtenir la fin des violences policières !