Dimanche dernier, trois blocs politiques clairement délimités ont émergé des urnes. L’un autour des libéraux, l’autre avec l’extrême droite, le troisième avec l’Union populaire. Mais seuls deux d’entre eux sont présents au second tour. Le choix n’est pas libre puisqu’il oppose deux dangers, même s’ils sont de nature différente. Ainsi, Marine Le Pen ajoute au projet de maltraitance sociale qu’elle partage avec Emmanuel Macron un ferment dangereux d’exclusion ethnique et religieuse. En toute hypothèse, compte tenu des positions prises par les deux protagonistes, le second tour bloque surtout les ruptures indispensables, vitales, pour répondre à la crise écologique, sociale et démocratique.
Dans le contexte présent et compte tenu des délimitations tranchées entre les trois groupes, ce deuxième tour élira donc une présidence par contrainte et par défaut. Aucune des tensions politiques du pays ne sera résolue. Il est probable qu’elles soient au contraire aggravées. Dans ces conditions, nous voulons stabiliser et enraciner davantage encore le pôle populaire pour le rendre disponible et majoritaire aussitôt que possible, notamment pour les prochaines élections législatives. C’est un objectif impraticable sans cohérence programmatique, unité d’action et respect mutuel.
Dans ce but, l’Union populaire est notre stratégie : rassembler sur des propositions plutôt que sur des logos de parti. Mais elle est aussi d’ores et déjà un cadre avec son parlement. Il affiche un rassemblement cohérent, ouvert à la société et ses combats. Porté par des personnalités associatives et syndicales, il l’est aussi par plusieurs partis et organisations, notamment le mouvement « La France Insoumise » qui l’a proposé et réuni. Son horizon est une société d’entraide fondée sur l’harmonie entre les êtres humains entre eux et avec la nature.
Dans cet objectif, nous continuons notre travail de construction d’une majorité. Nous sommes prêts à partager cet effort avec vous, sans volonté hégémonique ni exigence de ralliement.
Si nous avions accédé au second tour, nous nous étions engagés à proposer à tous ceux qui le voudraient de se joindre à nous pour constituer une nouvelle majorité présidentielle. Nous maintenons cette proposition dans le but concret de construire une nouvelle majorité gouvernementale, c’est à dire une majorité politique à l’Assemblée nationale.
En toute hypothèse, du fait des électeurs, ce cadre approfondira celui de l’union populaire. Sa base doit être un programme commun partagé. Il serait établi à partir de celui qui a recueilli le plus de votes à l’élection présidentielle : « L’avenir en commun », chacun conservant son propre programme par ailleurs. Mais dans l’action législative, il servira de référence pour les votes à formuler.
Cette nouvelle étape sera évidemment une coalition de partis et mouvement mais aussi de personnalités et figures associatives et syndicales. Ils se réuniront dans un nouveau parlement, à l’image du parlement de l’Union populaire, reconstitué en vue de cette élection. Evidemment, chacun restera libre de son expression, de son organisation et de ses choix. Mais tous s’engageront à former un intergroupe à l’Assemblée nationale pour soutenir le gouvernement de notre majorité ou pour s’opposer sans faille ni compromis au pouvoir qui serait là.
En toute hypothèse, cette proposition est faite aussi bien aux partis et regroupements qu’aux personnalités et groupements qui en sont membres et qui pourraient vouloir s’y associer. Tous ceux qui veulent construire une alternative politique majoritaire y trouveraient un cadre ouvert et la possibilité d’une action commune efficace.
Pour ce faire, nous vous proposons de nous rencontrer pour discuter :
- du bilan de l’élection présidentielle
- de la constitution d’un nouveau Parlement, à l’image du Parlement de l’Union populaire
- de l’attribution du label commun pour des candidatures aux élections législatives. La base de répartition pourrait être celle établie par les électeurs au premier tour de l’élection présidentielle, dans l’application du principe proportionnel commun à nos programmes respectifs.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous adressons nos salutations fraternelles.
Adrien Quatennens, coordinateur de la France insoumise
Mathilde Panot, présidente du groupe de la France insoumise à l’Assemblée Nationale
Aurélie Trouvé, présidente du Parlement de l’Union Populaire
Manuel Bompard, président de la délégation de la France insoumise au Parlement européen