Un article du groupe thématique Enseignement supérieur et recherche de la France insoumise
Depuis plusieurs années, les frais d’inscription des écoles d’ingénieurs publiques s’envolent. Les écoles du Groupe INSA (Centre Val-de-Loire, Lyon, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Valenciennes) comptent élever les frais d’inscriptions de 601 à 2 500 €. Cette hausse ne pouvant être décidée que par arrêté ministériel, Frédérique Vidal est nécessairement au courant voire en est à l’origine. Elle perpétue et aggrave cette politique de tri par l’argent des étudiant·es, provoquant toujours plus de dégâts.
Des hausses depuis des années
Initialement, les frais d’inscription pour les écoles d’ingénieurs publiques étaient d’environ 600 €. La première hausse des frais d’inscription a eu lieu en 2014 lorsque les écoles de l’Institut Mines‑Télécom les ont portés à 3 500 € pour les étudiant·es extracommunautaires et 1 850 € pour les autres. Par la suite les frais ont été augmentés respectivement jusqu’à 4150 et 2650€. Ensuite en 2017 Centrale‑Supélec a élevé ses frais à 3 500 €. En 2018 ce sont les autres Écoles Centrales (Lille, Lyon, Marseille, Nantes) qui ont accru leurs frais d’inscriptions à 2 500 €.
L’année 2019 a été marquée par l’application du plan « Bienvenue en France » et une hausse généralisée des frais d’inscription pour les étudiant·es extracommunautaires. Les écoles et universités appliquent désormais des frais d’inscriptions de 2 770 € pour les deux premières années de cursus d’ingénieur ou de 3 770 € pour les trois dernières. Du fait de la crise sanitaire, 2020 a été marqué par une accalmie sur le front des frais d’inscription.
Ces frais d’inscription élevés s’ajoutent aux frais d’inscriptions aux concours d’entrée des écoles, parfois significatifs (par exemple 120 € pour SupOptique et chacune des 5 écoles Centrales, alors que les épreuves sont communes). Même si des dispositions sont prises en faveur des élèves boursiers, tous ces frais dressent une barrière financière pour de nombreux·ses étudiant·es. Ces dernier·es peuvent se trouver dans l’obligation de contracter des emprunts pour pouvoir étudier. Par ailleurs ces hausses dégradent la qualité des enseignements. En effet, par l’introduction d’une logique marchande, les étudiant·es pourraient considérer que les diplômes leurs sont dus puisqu’ils les auraient de fait achetés.
2021, Vidal repart au front
Il y a un mois, le Conseil d’administration du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) a voté une demande de hausse des frais d’inscription qui devaient passer de 601 € à 2 500 €. Face à la contestation des étudiant·es et d’une partie des personnels, l’école a retiré cette demande. De même les écoles INSA, qui diplôment 10 % des ingénieurs chaque année, ont annoncé qu’elles demanderaient une augmentation de 601€ à 2500€.
Si les écoles donnent l’impression d’être à l’initiative de ces hausses, celles-ci correspondent en réalité à une politique menée par le ministère mais qu’il n’assume pas. En effet les frais d’inscription sont fixés par arrêté ministériel, donc par Frédérique Vidal. Par ailleurs, sous ce quinquennat ont été instaurés les dialogues de gestion entre le ministère et les établissements. Par conséquent le ministère a été prévenu avant, voire a pu pousser à ces hausses. Cependant, au-delà du débat quant à la responsabilité directe de ces hausses, il y a la question du financement des établissements de l’enseignement supérieurs.
En effet, avec la loi LRU de 2007, de nombreuses charges ont été transférées aux établissements, notamment les salaires des personnels. Dans le même temps, les dotations de l’État n’ont pas suivi l’augmentation prévisible et mécanique de ces dépenses. De plus, les établissements sont aussi confrontés à des investissements de long terme, comme la construction ou la rénovation de bâtiments, qui ne sont plus pris en charge par l’État. Tout cela pousse les établissements à augmenter les « ressources propres » dont les frais d’inscriptions.
Si ces hausses ne concernent pour l’instant que les écoles d’ingénieur, elles pourraient s’appliquer aux universités notamment avec les cursus hors diplômes nationaux. En effet, les universités se retrouvent dans la même situation que les écoles et devront recourir aux mêmes méthodes.
Pour la gratuité de l’enseignement supérieur
La France insoumise refuse ses hausses de frais d’inscription qui transforment les enseignements en marchandises, dressent des barrières financières inacceptables pour les étudiant·es et les font entrer dans la vie professionnelles avec des dettes.
Elle réaffirme la nécessité que l’ensemble des cursus de l’enseignement supérieur soient gratuits et que l’État investisse à la hauteur des besoins.
Elle apporte son soutien aux étudiant·es et personnels qui luttent contre cette hausse.