Communiqué du groupe parlementaire La France insoumise.
Sous couvert d’hommage aux policiers tués récemment dans l’exercice de leurs fonctions, une marche revendicative est organisée ce 19 mai 2021 devant l’Assemblée nationale.
Le groupe parlementaire de la France insoumise s’est toujours associé aux hommages républicains rendus à celles et ceux qui ont payé de leur vie leur engagement pour le pays. Nous refusons de participer à l’instrumentalisation politique de celles et ceux qui, fonctionnaires de la police nationale ou militaires de la gendarmerie nationale, sont morts lâchement assassinés par des criminels. Nous avions également demandé une commission d’enquête sur les moyens de prévenir les suicides dans la police sans recevoir de soutien dans cette lutte ni des députés macronistes ni des organisations policières. Pourtant l’an dernier, quatre fois plus de policiers sont morts de suicide qu’en opération.
La mobilisation policière du 19 mai n’est nullement une marche d’hommage aux policiers assassinés, c’est une manifestation pour un cahier de revendications corporatives comme le montrent les tracts des organisations policières. Nous, les député·es de la France insoumise, ne participerons pas parce que nous ne partageons pas les revendications sur la base desquelles les organisations policières appellent à manifester.
En effet, cette manifestation réclame le durcissement des peines contre ceux qui s’en prennent aux policiers. Pourtant, le code pénal actuel prévoit déjà que le meurtre d’un fonctionnaire de police peut être puni de la réclusion criminelle à perpétuité. Quoi de plus ? En bas de l’échelle des délits, l’outrage à l’égard d’un agent dépositaire de l’autorité publique s’accompagne d’une peine pouvant aller jusqu’à 1 an de prison et 15000€ d’amende. Pire, les organisations policières réclament la suppression de tous les dispositifs qui concourent à la prévention de la récidive. Tout cela ressemble à une opération d’intimidation de la Justice.
Le Code pénal n’a pas pour but d’empêcher les infractions, mais de les réprimer. Et elles le sont durement. Nous ne cotiserons pas à l’ambiance générale de surenchère sécuritaire. Le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux ont déjà annoncé une série de mesures dans la continuité de la loi sécurité globale contre laquelle nous nous sommes vivement opposée, ainsi que des milliers de manifestants dans le pays.
Le duo Gérald Darmanin et Marine Le Pen donne le sens de cette manifestation en décidant de s’y rendre. Il est de plus intolérable qu’un ministre d’État participe à une manifestation de pression sur l’Assemblée nationale au mépris de la séparation des pouvoirs. Raison de plus pour nous de ne pas y aller.
Nous voulons réformer la police nationale de la cave au grenier et ne cesserons pas de faire des propositions en ce sens : police de proximité pour recréer les liens police population, suppression de l’IGPN et création d’un organe de contrôle indépendant, dissolution des BAC et renforcement de la police judiciaire pour démanteler les réseaux, paiement des heures supplémentaires dues, limitation des contrôles d’identité et mise en place d’un récépissé, plan de rénovation des commissariats, création de nouvelles écoles de police et passage de la formation à deux ans, valorisation des agents administratifs et scientifiques, mise en œuvre de la désescalade dans la gestion du maintien de l’ordre, etc. Rien de tout cela n’est à l’ordre du jour de cette manifestation. Nous n’irons donc pas puisque nous sommes pour une véritable police nationale républicaine de proximité au service de l’intérêt général et du peuple français.