Changement climatique : agir de front pour l’adaptation et l’atténuation

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Un article du groupe thématique Planification écologique de la France insoumise

La crise écologique est devenue un enjeu politique majeur en France et dans de nombreux pays. Une grande partie de la population comprend la gravité des risques que pose la catastrophe écologique pour le futur de tous, et cette préoccupation crée une demande forte de réponse politique. C’est pourquoi la question climatique est appelé à être un des ciments les plus déterminants de la nouvelle majorité culturelle humaniste à construire pour 2022.

Le bouleversement climatique est une bataille écologique majeure. Dans la crise écologique, le changement climatique n’est pas le seul enjeu, il y a aussi la perte de la biodiversité, la question de l’eau, les pollutions diverses y compris chimiques ou radioactives, la dégradation de la qualité des sols. Mais le changement climatique occupe une place majeure et centrale, au point que le mouvement écologiste s’identifie parfois avec le mouvement pour le climat. Il y a deux explications : d’une part, s’il n’est pas maîtrisé, le changement climatique a le potentiel de détruire l’essentiel de la vie sur terre, et d’anéantir la civilisation humaine. Ainsi, toute victoire écologique ou sociale sera anéantie si l’on ne se soucie pas du changement climatique. Seconde raison : les racines du changement climatique sont liées en profondeur à d’autres aspects de la crise écologique (surexploitation de ressources, industrialisation à outrance, non-respect de limites et équilibre naturels), et donc, lutter contre le changement climatique devient un symbole d’autres enjeux écologiques.

Il y a deux manières d’agir face au changement climatique et la catastrophe écologique : il faut distinguer, d’une part l’atténuation du changement climatique, qui consiste à en limiter l’ampleur et donc à baisser drastiquement et rapidement les émissions de gaz à effet de serre, et d’autre part l’adaptation aux effets du changement climatique, qui consiste à répondre aux changements en cours (pénuries d’eau, événements extrêmes, canicules, migrations, etc.) et préparer les réponses aux chocs encore plus forts à venir. L’atténuation est une politique du moyen et long terme, tandis que l’adaptation est une nécessité immédiate. En effet, le système climatique ayant une forte inertie, le climat continuera de se réchauffer pendant quelques décennies même si l’on baisse drastiquement les émissions. On estime que 1,5 degrés de hausse des températures est d‘ores et déjà pratiquement inévitable dans les prochaines décennies. Travailler à l’adaptation, y compris dans l’Avenir en commun, est donc un enjeu crucial puisque les difficultés et catastrophes à venir sur les 10 à 20 prochaines années sont essentiellement déterminées par les émissions ayant déjà eu lieu. 

Cependant, il est nécessaire de ne pas perdre de vue l’enjeu de l’atténuation, pour plusieurs raisons :

  • Nous devons absolument éviter un futur catastrophique ou invivable. Selon que l’on mène une politique d’atténuation drastique, ou pas, le monde de 2040, 2060 ou 2100, pourrait permettre une adaptation de nos sociétés, ou bien devenir catastrophique voire invivable pour la grande majorité de l’humanité. Les effets du changement climatique ne sont pas linéaires en fonction de l’augmentation de la température, c’est-à-dire qu’un réchauffement de 2°C n’est pas juste 2 fois pire qu’un réchauffement de 1°C, mais bien davantage. Aujourd’hui, la température moyenne de la planète est de 1,15 degrés supérieurs à celle de 1750 et les effets sont déjà terribles. Avec un réchauffement de 1,5 à 2 degrés, ce qui demande déjà un effort très grand, on aurait des destructions très difficiles à gérer. Avec un réchauffement supérieur à 3°C, les scientifiques commencent à parler de risque catastrophique, et au-delà de 4 C°, de risque « existentiel », signifiant que l’essentiel de la vie sur terre et de la civilisation humaine seraient anéanties. Il est très important de mesurer que les choix faits aujourd’hui peuvent signer l’arrêt de mort de nos propres enfants, voire de nous-mêmes.
  • Le mouvement pour le climat appelle de manière unanime à des politiques d’atténuation dans la ligne de l’Accord de Paris. La revendication principale des ONG sur le climat est de limiter le réchauffement climatique à 1.5°C (même si certains considèrent d’ores et déjà cela impossible), préféré à 2°C à cause des différences d’impacts déjà terribles qui auraient lieu entre ces deux niveaux. Pour cela, il est nécessaire de planifier une baisse des émissions de gaz à effet de serre.
  • Parler d’atténuation est un langage de lutte, d’espoir, de liberté. Ce discours est à rebours de ceux qui expliquent que l’on trouvera toujours des solutions techniques pour faire face aux conséquences du changement climatique. Ces derniers justifient alors le fait de toujours remettre à demain les décisions indispensables. C’est aussi un langage de lutte face aux catastrophistes qui par leur discours justifient de ne rien faire puisque le réchauffement climatique est inévitable.

Le réchauffement climatique est en marche, mais il nous appartient encore très largement d’en freiner la progression, et d’en limiter les conséquences. Certes, c’est un défi phénoménal, au vu de l’omniprésence des énergies fossiles dans l’économie globale, du confort matériel à court terme qu’elles apportent, des difficultés, de l’immaturité et des grandes incertitudes liées aux énergies renouvelables, sans oublier la cécité, l’avarice, la corruption et le cynisme des élites.

Mais c’est justement par ce choix de faire face au défi du changement climatique, que l’on pourra faire émerger un sursaut collectif nécessaire à la bifurcation écologique pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. C’est aussi un sursaut collectif, car l’un ne peut aller sans l’autre, qui permettra de profondément transformer les rapports sociaux, de mettre la solidarité et la coopération au-dessus de la compétition, de supplanter la mondialisation par la relocalisation et de redonner à chaque citoyen·ne une dignité.

Un discours politique qui se réduit à l’adaptation risque de ne pas pouvoir entraîner le mouvement pour le climat, et la jeunesse qui refuse qu’on leur laisse un monde dévasté. Il nous faut donc transmettre le message que chaque dixième de degré supplémentaire évité est une grande victoire pour l’humanité, et mérite qu’on se batte pour cela. Seul un discours écologiste radical et déterminé pourra catalyser le mouvement écologiste en synergie avec le mouvement social, ses aspirations démocratiques et la jeunesse. Faisons de la bifurcation écologique le grand chantier national dès 2022 !

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